Mauvaise langue – Quand la Suisse produit les meilleurs talk-shows
Comédie et talk-shows font bon ménage. On idolâtre volontiers David Letterman, Jimmy Fallon ou encore Stephen Colbert et John Oliver. Au spot du rire, on a cependant une préférence pour une création suisse : Mauvaise langue ! Depuis février, ce rendez-vous est devenu un incontournable. Je peux arrêter toute autre activité pour le regarder religieusement. Voici pourquoi.
France et talk shows : travail en cours
En France, Canal+ propose quelques concepts intéressants. Kevin Razy adapte très bien le concept de Last week tonight avec John Oliver. Dans Rendez-vous avec Kévin Razy, quelque chose me gêne néanmoins. Plus récemment, un autre Thomas s’est lancé dans un programme hybride : Thomas Ngijol et Selon Thomas. Au début, j’étais un peu gênée par les thèmes que je trouvais attendus. Oui, je suis devenue difficile, mais j’ai donné une deuxième chance et elle était salvatrice : je m’étais trompée, il m’a bien fermé le clapet. Bravo.
Les acteurs du monde comique le savent : Gad Elmaleh a tenté un remake du SNL américain, raillé. Le Hanounight show n’a pas rencontré le succès escompté. Depuis quelques mois, Eric Judor et Bun Hay Mean parlent d’un projet de talk show. Ce talk show tant fantasmé a refait surface dans l’actualité, avec l’implication possible de Ramzy. Mais avec la troisième saison de Platane prévue pour 2019, on peut penser que tout cela prenne un peu de temps à s’installer. En tout cas, l’ambiance retrouvailles tourne à plein régime. On pourrait aussi vous parler du retour du Burger Quiz, mais ce serait voler la vedette à ceux dont on veut vous parler depuis le début !
Mauvaise langue : une tribune à la hauteur de la nouvelle génération suisse
Alors, qu’est-ce qui fonctionne en Suisse ? Comment se fait-il que même si leur politique locale m’est méconnue, je parviens à apprécier leur création ? La réponse : un casting aussi gratiné que sur un Ocean’s Eleven. Appréciez ces noms : Charles Nouveau, Thomas Wiesel, Marina Rollman, Alexandre Kominek, Nathanaël Rochat, Yoann Provenzano… Nombre d’entre eux participent à Mauvaise langue et se côtoient depuis longtemps.
Pour résumer : la scène stand-up suisse est hype. On se l’arrache, ils sont tous excellents. Drôles, ils ont chacun leur univers propre. Bercés au stand-up américain, ces humoristes allient bien l’ensemble de leurs expériences pour proposer des créations exquises sur scène et à l’écran.
De Carac Attack à Mauvaise langue : une leçon de comédie
Leur rampe de lancement, c’est la chaîne hilarante Carac Attack. Voici par exemple ma vidéo préférée sur les commentateurs sportifs. La précision des imitations est millimétrée. Charles Nouveau commente même pour de vrai sur la RTS, et ce grâce à cette compétence d’imitation journalistique. On en profite pour vous rappeler son spectacle 100% foot le 15 mai au Théâtre de Dix Heures. Après quelques mois de rodage au Paname, ne manquez pas ce showcase. On vous rappelle qu’il est conçu pour les fans de football et ceux qui ne le sont pas.
Dans cette vidéo, vous avez sûrement reconnu Blaise Bersinger. La bizarrerie est sa normalité, une étrangeté maîtrisée pour notre plus grand plaisir. Plutôt que vous le décrire, on préfère vous donner un exemple supplémentaire. Dans cette vidéo, Blaise incarne un ingénieur du son et tout est sublime.
Dans Mauvaise langue, Blaise est le numéro 2. Ce véritable trublion vient interrompre le flow méticuleux du maître de cérémonie, Thomas Wiesel. Ses commentaires toujours à côté de la plaque ont un effet comique implacable. Thomas Wiesel en perd parfois même le fil. Le tout apporte de véritables pépites télévisuelles toutes les semaines.
En France, vous avez sûrement vu Thomas Wiesel dans Quotidien. Je trouvais que cette émission lui allait mal. Elle lui donnait une étiquette un peu lisse où l’on ne voyait pas sa singularité. Thomas Wiesel ose beaucoup de choses, quitte à se retrouver dans quelques polémiques. Mais ce gars est réglo : il s’excuse quand il va trop loin et ne cède jamais à la censure. Forcément, on aime. Entre parenthèses, cela passe parce qu’il a de l’esprit et une vraie plume.
Mauvaise langue : la recette d’un succès
Poser des têtes d’affiches sur un programme, c’est un début. Prendre un concept qui marche (le talk-show) peut aussi amorcer quelque chose. Mais la qualité véritable est ailleurs. J’ai eu l’émission Mauvaise langue sous les yeux. J’ai regardé les vidéos sans me faire prier. La magie opère, et je répète l’opération. Cela devient une habitude. L’idée que les humoristes suisses sont vraiment bons s’ancre dans ma tête. Le processus d’addiction est désormais bien installé. Bravo, chapeau les gars !
Pour voir si l’alchimie opère pour vous aussi, c’est possible : la RTS, qui diffuse le talk-show, lui dédie une playlist YouTube. Installez-vous confortablement, et lancez le processus !
L’équipe de Mauvaise langue sur scène
Le Gala de Mauvaise langue réunira tout ce beau monde au Théâtre de Beaulieu (Lausanne) le 9 juin à 20 heures. Je ne sais pas vous, mais j’ai bien envie d’une virée helvétique le mois prochain…
Crédits photo
© Radio Télévision Suisse – Mauvaise langue / Capture d’écran vidéo