Passion de l’humour : comment faire perdurer le plaisir

Juliette Follin 02/12/2018

Je me définis souvent comme une passionnée de l’humour. Mes interlocuteurs me disent, d’ailleurs, qu’ils ne savent pas comment je fais pour assister à tant de shows. Aujourd’hui, je me le demande. Je ne pense pas devenir aigrie face à ce milieu. Au contraire, c’est l’occasion idéale de dessiner avec vous l’après de cette lune de miel. L’humour et moi, on est comme un vieux couple. Ainsi, on doit trouver des stratagèmes pour raviver la flamme. Découvrez pourquoi la passion de l’humour évolue avec le temps !

Passion de l’humour : que faire quand cela devient un sport extrême

Ces derniers mois, j’ai vu mon rapport à l’humour évoluer. Aujourd’hui, lorsque je vois une personne s’extasier à la publication d’un plateau ou d’un spectacle particulier, capable de faire des kilomètres pour y assister, je ne suis plus dans l’ambiance. Avant, je faisais des allers-retours en province pour une soirée d’humour. J’accumulais avec un plaisir total des plateaux tantôt miteux, tantôt huppés. Je pouvais voir cinquante fois le même passage, jusqu’à connaître les blagues de tout le monde.

Je critiquais alors l’entre-soi. J’étais là à trouver le public ingrat de ne pas apprécier toute la grandeur qu’on lui proposait. Je voulais découvrir tout le monde, même si je savais que j’allais passer de mauvaises soirées. Au moins, j’allais savoir pourquoi tel ou tel humoriste ne valait pas le coup. J’étais prête à sacrifier du temps pour cela. En grande quantité, qui plus est.

Les effets bénéfiques de la passion de l’humour

L’humour a toujours été un guide dans ma vie. Il était là quand je n’avais personne à qui parler. Je regardais les DVD d’Eric et Ramzy, y trouvant de l’espoir pour surmonter les problèmes. L’humour thérapeutique va de soi pour moi, et ce depuis toujours. Depuis deux ans, j’ai complètement sombré dans cet univers. En m’engouffrant dans ces caves, j’étais là à oublier mes soucis et à me reconstruire. Je me souviens avec un peu de honte de la manière gauche avec laquelle j’abordais les gens de ce milieu.

Si seulement j’avais eu ce conseil de Roman Frayssinet avant. Vous savez, celui où il explique qu’il ne faut jamais mettre quelqu’un sur un piédestal ou en-dessous de vous.

Se noyer dans les podcasts humour

Récemment, l’un de mes collègues m’a donné un avis intéressant : et si traîner avec tous ces humoristes, tout le temps, devenait toxique ? Je précise qu’il ne m’a pas prise à parti pour m’humilier, la discussion était très constructive. Dans le même temps, j’ai rencontré Théo Guyon. Ce tout jeune humoriste se pose déjà mille questions sur comment faire de l’humour. Il écoute tous les podcasts (il en a même un !). Également, il connaît tout l’univers du stand-up. C’est un passionné hard-core de l’humour, et dans le bon sens du terme. Comme moi, il peut citer des passages de podcasts, car comme moi, il les a tous entendus.

Je les aime, ces podcasts. Dès qu’il y en a un de disponible, je l’intègre au SoundCloud du spot du rire. C’est toujours hyper cérébral, un peu névrotique. Parfois, j’aspire à un peu plus de légèreté, un désir de déconnexion.

Passion de l’humour : reconnecter avec le rire

Je vous ai déjà parlé de Koober. Depuis septembre, mes nouveaux collègues me font hurler de rire. Je pleure de rire quand j’en vois un traire une vache avec une Nintendo Switch lors de la pause déjeuner. Je prends un malin plaisir à faire le pitre pour mon voisin de bureau. C’est encore plus jouissif quand tout cela contamine l’open-space.

Et puis, quand je reviens voir du stand-up, les rires sont plus rares. C’est comme si les plateaux avaient perdu cette légèreté à faire de l’humour. Heureusement, il reste des lieux où j’arrive à rire. J’étais à l’Etage Marrant – Dimanche Marrant étendu au week-end, Ndlr. Il n’y avait que des cadors. On n’avait pas forcément Fary ou des mecs 100% produits. Pour moi, c’était plutôt agréable parce que Charles Nouveau et Jean-Philippe de Tinguy étaient à nouveau réunis. Ces deux-là ont un caractère spécial pour moi, comme tout le monde sait.

Rire au bon endroit, au bon moment

Discours typique de l’entre-soi, mais je m’en fous. C’est là où cette passion de l’humour est née, c’est normal que ça me ressource. Je n’ai plus de gêne à le dire et je me moque bien de ce qu’on peut en penser. Avant, c’était différent. Le moindre commentaire me faisait vriller. Trop de passion, sans doute.

Il y avait aussi Pierre Thevenoux, l’humoriste le plus connu… dans mon open-space. La chance à un ami en commun du gars qui trait des vaches avec de la technologie. Si vous êtes perdus, c’est l’époque qui veut ça. J’ai aussi vu Wary Nichen. Ce gars-là, c’est drôle, parce que je ne le trouvais vraiment pas drôle au début. C’est notamment grâce au podcast de Louis Dubourg que j’ai un peu plus découvert le personnage. La connexion désormais opérée, je comprends beaucoup mieux son statut et je ris de bon cœur.

Jason Brokerss, aussi, m’a demandé du temps pour connecter. Ce soir-là, le signal était bon. C’est drôle, quelques heures plus tard, le petit écran permettait à Laurent Ruquier de le confondre avec Fary et de lui faire de la pub.

Mon rapport aux artistes a changé

Depuis septembre, j’ai assisté, comme tout le monde, l’explosion de nouveaux plateaux d’humour à Paris. Vous ne lirez pas une analyse sur ce changement, parce que j’ai essayé de l’écrire et mon texte a muté en une critique parfois virulente. En cause : le sentiment de harcèlement pour venir tel ou tel soir.

Je le comprends : chacun veut avoir sa part du gâteau et chacun est en droit d’être référencé ici. Or, avec tant de soirées, l’offre devient illisible et on ne sait plus où donner de la tête. J’ai bien du mal à différencier les plateaux qui émergent, surtout quand ils sont tenus par de parfaits inconnus. Même pour moi.

Le #MeToo d’applaudissements

Tout ceci ne sont que des péripéties. En revanche, sur scène, j’ai découvert des humoristes absolument inutiles. Avant, je pensais qu’il fallait des c*uilles pour monter sur scène et je respectais tout le monde. Cette période est révolue. En effet, certains artistes formatés de manière scolaire au style d’humour Jamel Comedy Club (intonation, rythme, thèmes, etc.) me donnent souvent envie de quitter la salle.

Ce sont ceux qui vous forcent à applaudir. La passion de l’humour, on repassera… La situation est simple :

  1. L’humoriste sort une blague qui ne fait rire personne.
  2. Il laisse un silence pour laisser aux gens le temps de rire.
  3. Le public reste silencieux.
  4. L’humoriste, devenu agressif, réclame qu’on applaudisse, arguant que c’est sa meilleure blague. Bien sûr, il répétera 3 fois l’opération en 7 minutes.
  5. Bonus spécial influenceur : s’il est programmé pour son nombre d’abonnés, l’antipathie atteint des sommets.

J’ai croisé l’un d’entre eux à l’Underground Comedy Club. Pour le coup, c’est un plateau assez historique. En sortant, je ne l’avais pas vu dans mon champ de vision, et le gars m’interpelle et me demande de sourire quand je passe devant lui. On atteint des sommets. Si vous voulez savoir de qui il s’agit, je suis navrée, je n’ai pas retenu son nom. Mais vous le reconnaîtrez, et puis d’ailleurs, il n’est pas tout seul.

Une note positive

Aujourd’hui, j’ai une vision plus objective de l’humour. Je ne prends plus forcément le parti des artistes, même si je garde un profond attachement pour les plus sincères d’entre eux. En réalité, j’aime toujours l’humour. Je l’aime quand il est sincère, qu’il ne répond pas à un patchwork de recettes qui ont marché. Parce que c’est l’art de cuisiner tous ces ingrédients qui distingue un bon humoriste d’un chef étoilé du rire.

Passion de l’humour : ce que j’aime chez les humoristes

Je préfère un jeune humoriste qui donne tout, même si cela n’a rien de parfait, à un gars qui a de l’assurance mais aucune idée. Quelqu’un m’a dit que j’étais trop complaisante avec certains humoristes (vous pouvez vous aussi donner votre avis !). En réalité, j’aime parler d’artistes comme Florent Mathey ou Salomé Partouche.

Ils ont certes peu d’expérience, mais ils sont allés au bout de leur création artistique. Le premier joue sur des imitations ridicules, mais il donne tout dans son jeu. La seconde, qui n’a pas ému l’un de mes contacts manager d’artistes, a été un coup de cœur immédiat. Je me souviens encore de ce Dimanche Marrant, lorsqu’elle jouait encore du stand-up. Adhésion immédiate, identification face à sa folie… Et son spectacle ! Elle a eu le courage de dévier d’un format qui plaît pour proposer un seul-en-scène poétique. Je crois l’avoir vu plusieurs fois, elle fait partie de ces gens qui m’attirent à plusieurs reprises dans leurs salles. Je les compte sur les doigts de mes mains.

A mon avis, il ne s’agit pas de complaisance, mais de la manière d’exprimer ma passion de l’humour – toujours un peu vivante. J’ai toujours du mal à me plier à l’exercice de la critique, parce qu’il suffit d’aller en plateau d’humour pour comprendre qui va vous faire rire. Au final, ce n’est pas à moi de vous dire qui n’est pas drôle, vous êtes assez lucide pour le découvrir.

Un mot sur la photo

Cette photo date du mois d’octobre. Je n’étais pas présente à la soirée, mais je suis passée en coup de vent. Je devais sûrement aller au One More. J’ai vérifié, c’était effectivement le premier late show de Tania Dutel. C’est mon nouveau mode de fonctionnement : j’alterne entre les invitations et les moments privilégiés avec la fine fleur de l’humour.

Je me dis parfois que j’ai envie d’être le Philippe Manœuvre de l’humour. Ensuite, j’ai lu son livre et ses confessions. En vrai, il tisait grave avec les artistes, ça va être dur d’en faire de même #modedeviesain #commePierreThevenoux. Cette envie d’être là, d’avancer ensemble et de partager avec eux des lendemains qui chantent… Elle est bien là, par contre !

Cette photo capture merveilleusement bien les bons côtés de l’humour. Jean-Patrick la joue lubrique, Laurent Sciamma s’enfile un peu de breuvage OKLM… Antek est, plus que jamais, heureux. Rey Mendes est aussi grand qu’il en a l’air. Et il y a même une tête que je ne connais pas, Cindy Mostacci. Le signe que je dois encore découvrir de nombreuses personnes et que ma mission continue 😉

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