Charlotte Creyx en spectacle : quelle expérience !
Je devais aller voir Charlotte Creyx en spectacle depuis très longtemps. Cette humoriste atypique me scotche à chaque fois. Rendez-vous pris le samedi 9 février au Théâtre de Dix Heures, à 17 heures.
Charlotte Creyx avec un X : vous n’êtes pas (tous) prêts
Pourquoi ai-je mis autant de temps à voir Charlotte Creyx ? Passée par La Petite Loge et Le Point Virgule, je lui ai promis de venir… mais les horaires ne collaient pas. J’avais malheureusement toujours autre chose à faire.
Quand j’ai vu qu’elle jouait le samedi après-midi, à un horaire où la concurrence est rude et mon sommeil préservé, je n’ai pas hésité bien longtemps.
Avant cela, j’avais vu de nombreux passages en plateaux : Dimanche Marrant, le Paname Art Café… Or c’est au Motel Comedy Club qu’elle m’a bluffée. Là, je savais qu’il ne fallait plus procrastiner en lisant des articles détaillant son parcours. Le phénomène prenait de l’ampleur. Et j’étais prête à le découvrir.
Un spectacle sans concession
Disons-le tout net : Charlotte Creyx n’est pas pour tout le monde. Elle ne cherche pas à rassembler et plaire sans substance. Son spectacle est un petit bijou, car elle va au bout des choses. La proposition artistique est osée, et elle ne reviendra pas vous chercher.
Cela ne veut pas dire qu’elle ne fera pas d’effort : dans le spectacle, vous pourrez aussi accéder à des thèmes assez familiers des théâtres. Quand elle parlera des relations hommes-femmes, soyez en alerte et reprenez le train du rire.
Alors, de quoi s’agit-il ? Un peu d’absurde, d’humour sur la noirceur du monde et une démonstration de charisme. Charlotte Creyx devient attachante lorsqu’elle joue avec son propre ridicule. Elle ne tombe jamais dans l’excès, même si elle joue régulièrement avec les limites.
Pendant le spectacle, je me suis dit que j’avais envie de le revoir juste pour son entrée. Heureusement, elle nous offre un rappel de cette chorégraphie qu’on a tous eu envie d’exécuter en public… sans jamais oser.
En vidéo : Charlotte Creyx tout aussi loufoque
Merci d’oser, Charlotte !
Combien de fois ai-je créé un malaise en société ? Cela se chiffre à plusieurs occurrences par jour. Dans un monde d’e-réputation et de masques sociaux, l’humour devient l’un des seuls échappatoires. Alors quand on joue le borderline à fond, c’est irrésistible.
Charlotte doit vraiment trouver son public, et il existe. Je l’ai entendu rire dans cette salle. Tout le monde n’avait pas forcément les clés, mais celles qui l’avaient (uniquement des filles) voulaient sortir le rire qui vient des tripes. Celui avec lequel Monsieur Fraize joue depuis des décennies.
Je l’avais, moi aussi, mais je n’osais pas le sortir pleinement. J’ai pleuré de rire à deux ou trois reprises, mais si le public était plus chaud, je l’aurais moins censuré.
La minute pédagogique : suis-je prêt(e) à aller voir Charlotte Creyx ?
Rassurez-vous : il est facile de rentrer dans l’univers de Charlotte Creyx. Il faut juste accepter de la laisser prendre le contrôle. Partir dans son univers, un peu comme pour Yacine Belhousse.
Je vous arrête tout de suite : si vous pensez que c’est encore un truc élitiste de théâtreux, vous vous mettez le doigt dans l’œil. Disons que si votre humour est terre-à-terre, que le second degré vous laisse pantois, vous pouvez jouer le rôle du spectateur aigri et passer un moment mitigé.
C’est d’ailleurs là que le spectacle vivant devient intéressant : le public joue un rôle clé dans l’explosion d’un artiste. Alors, suivez un cours express d’absurde auprès de nos talents maison (Jean-Philippe de Tinguy, Nadim…) et d’autres (Axel Cormont…). Là, vous aurez alors une chance de prendre du plaisir comme jamais dans un théâtre. Prêt à lâcher prise ?