Il nous faut un Charles Leclerc en humour !
Le 31 mars dernier, Ă la nuit tombĂ©e, Charles Leclerc devenait une lĂ©gende des circuits. Ce pilote de course a vu sa popularitĂ© grimper en flĂšche et les mĂ©dias sâĂ©lancer dans de belles envolĂ©es lyriques. Les chevaux Ă©taient lĂąchĂ©s, ironie du sort quand on connait la dramaturgie de cette soirĂ©e.
Depuis longtemps, je voulais commettre cette entorse au rĂšglement et mĂȘler mes deux passions. Avant, jâĂ©crivais sur des pilotes en devenir. Le mĂ©canisme est Ă peu prĂšs identique pour un humoriste Ă©mergent. Des observateurs repĂšrent dâabord le talent. Ensuite, un mĂ©lange de chance, de talent et dâautres paramĂštres le propulsent en haut de lâaffiche.
Mais au fait, comment on atteint le haut de lâaffiche ? Si vous cherchez Ă imiter le dĂ©but de parcours de Paul Mirabel, cet article est pour vous ! #RoadToOlympia
Nouvelle génération
Voici ce quâil se passe gĂ©nĂ©ralement : les annĂ©es passent, aprĂšs un grand succĂšs (Michael Schumacher ou Jean-Marie Bigard), puis le public retient les noms du passĂ© avant de passer Ă autre chose. Pour en arriver lĂ , il faut quelquâun de spĂ©cial.
En course automobile, Charles Leclerc incarne cela pour plein de raisons. DĂ©jĂ , il bouscule lâordre Ă©tabli : il Ă©tait inconcevable de voir un jeune pilote intĂ©grer lâĂ©quipe la plus mythique du monde il y a quelques annĂ©es de cela. Câest un peu ce quâil sâest produit avec la gĂ©nĂ©ration du Jamel Comedy Club. Premier gros sĂ©isme qui allait proposer autre chose que Muriel Robin ou Pierre Palmade (ou Desproges) comme rĂ©fĂ©rence au grand public.
Ensuite, câest un destin hors du commun, une force de caractĂšre rare. Câest le genre de type que tout le monde aime. Les mĂ©dias anglo-saxons ont mĂȘme vu un type, Matthew Gallagher, lâĂ©riger en hĂ©ros total. Durant le confinement, avec ce mĂȘme YouTubeur, il a prouvĂ© ses talents de joueur dâe-sport dâĂ©lite, charismatique et surtout⊠drĂŽle !
En parlant de mĂ©dias, je me suis remise Ă acheter de la presse papier Ă chaque fois quâil obtenait un bon rĂ©sultat. Jâai mĂȘme versĂ© une larme quand il a failli gagner et que le destin en a dĂ©cidĂ© autrement. Une seule, mais diable quâelle Ă©tait douloureuse.
Et en humour ?
Le point commun de tous les humoristes que jâaime dans la durĂ©e, câest leur personnalitĂ©. Elle est toujours singuliĂšre, gĂ©nĂ©reuse, incroyablement attachante. Elle peut se matĂ©rialiser diffĂ©remment, pas besoin dâĂȘtre extrĂȘmement introverti ou extraverti. Tout ce quâil faut, câest venir avec sa vulnĂ©rabilitĂ© et une histoire particuliĂšre pour prendre le micro.
Des personnalitĂ©s. Qui donnent envie dâĂ©crire noir sur blanc quâon tient là « la nouvelle sensation de lâhumour ». Les attachĂ©s de presse et photographes faisant bien leur travail, on lit cela parfois un peu trop. Mais câest aussi cela, rencontrer un talent et sâenflammer un peu. On ne sait pas de quoi demain sera fait, mais aujourdâhui, celui-ci a vraiment fait la diffĂ©rence, et il Ă©tait de bon ton dâen parler.
Qui pour incarner le Charles Leclerc de lâhumour ?
Blanche Gardin ou Monsieur Fraize rentrent sans nul doute dans cette catĂ©gorie de mastodontes. Ils touchent juste et la presse lâa bien compris. Je les vois un peu plus que des Fary ou Kyan Khojandi. Ceux-lĂ , ce sont davantage des gourous, des sortes de bons clients quâon aime entendre en podcast⊠mais quâon a peut-ĂȘtre un peu trop entendu.
Ne vous y mĂ©prenez pas : jâaime bien. Mais au bout du quinziĂšme podcast oĂč Kyan Khojandi nous livre des conseils de vie, dans une pĂ©riode oĂč le dĂ©veloppement personnel est en plein boom, cela sâessouffle. Et dâailleurs, Kyan nâest pas dupe : il le dit lui-mĂȘme dans le podcast Les gens qui doutent.
Pour Fary, câest encore plus manifeste. DerriĂšre lâhumour, lâidĂ©ologie nâest pas bien loin et on aime ou on nâaime pas. Preuve par lâexemple : ce que dit France Culture sur son spectacle Hexagone.
En rĂ©alitĂ©, il y a lâembarras du choix : Haroun, Roman Frayssinet, Shirley Souagnon, Gaspard Proust, Baptiste Lecaplain, etc. Il faut dire que les chiffres ne sont pas les mĂȘmes : une vingtaine dâhommes du cĂŽtĂ© du sport, plus dâune centaine de prĂ©tendants chez les saltimbanques.
Il nây aura jamais un humoriste qui fait lâunanimitĂ©, et tant mieux. Je laisse le mot de la fin Ă Thomas Wiesel (voir la fin de la vidĂ©o ci-dessous !).
Crédits photo
© Ferrari