Il nous faut un Charles Leclerc en humour !

Juliette Follin 02/06/2019

Le 31 mars dernier, Ă  la nuit tombĂ©e, Charles Leclerc devenait une lĂ©gende des circuits. Ce pilote de course a vu sa popularitĂ© grimper en flĂšche et les mĂ©dias s’élancer dans de belles envolĂ©es lyriques. Les chevaux Ă©taient lĂąchĂ©s, ironie du sort quand on connait la dramaturgie de cette soirĂ©e.

Depuis longtemps, je voulais commettre cette entorse au rĂšglement et mĂȘler mes deux passions. Avant, j’écrivais sur des pilotes en devenir. Le mĂ©canisme est Ă  peu prĂšs identique pour un humoriste Ă©mergent. Des observateurs repĂšrent d’abord le talent. Ensuite, un mĂ©lange de chance, de talent et d’autres paramĂštres le propulsent en haut de l’affiche.

Mais au fait, comment on atteint le haut de l’affiche ? Si vous cherchez Ă  imiter le dĂ©but de parcours de Paul Mirabel, cet article est pour vous ! #RoadToOlympia

Nouvelle génération

Voici ce qu’il se passe gĂ©nĂ©ralement : les annĂ©es passent, aprĂšs un grand succĂšs (Michael Schumacher ou Jean-Marie Bigard), puis le public retient les noms du passĂ© avant de passer Ă  autre chose. Pour en arriver lĂ , il faut quelqu’un de spĂ©cial.

En course automobile, Charles Leclerc incarne cela pour plein de raisons. DĂ©jĂ , il bouscule l’ordre Ă©tabli : il Ă©tait inconcevable de voir un jeune pilote intĂ©grer l’équipe la plus mythique du monde il y a quelques annĂ©es de cela. C’est un peu ce qu’il s’est produit avec la gĂ©nĂ©ration du Jamel Comedy Club. Premier gros sĂ©isme qui allait proposer autre chose que Muriel Robin ou Pierre Palmade (ou Desproges) comme rĂ©fĂ©rence au grand public.

Ensuite, c’est un destin hors du commun, une force de caractĂšre rare. C’est le genre de type que tout le monde aime. Les mĂ©dias anglo-saxons ont mĂȘme vu un type, Matthew Gallagher, l’ériger en hĂ©ros total. Durant le confinement, avec ce mĂȘme YouTubeur, il a prouvĂ© ses talents de joueur d’e-sport d’élite, charismatique et surtout
 drĂŽle !

En parlant de mĂ©dias, je me suis remise Ă  acheter de la presse papier Ă  chaque fois qu’il obtenait un bon rĂ©sultat. J’ai mĂȘme versĂ© une larme quand il a failli gagner et que le destin en a dĂ©cidĂ© autrement. Une seule, mais diable qu’elle Ă©tait douloureuse.

Et en humour ?

Le point commun de tous les humoristes que j’aime dans la durĂ©e, c’est leur personnalitĂ©. Elle est toujours singuliĂšre, gĂ©nĂ©reuse, incroyablement attachante. Elle peut se matĂ©rialiser diffĂ©remment, pas besoin d’ĂȘtre extrĂȘmement introverti ou extraverti. Tout ce qu’il faut, c’est venir avec sa vulnĂ©rabilitĂ© et une histoire particuliĂšre pour prendre le micro.

Des personnalitĂ©s. Qui donnent envie d’écrire noir sur blanc qu’on tient lĂ  « la nouvelle sensation de l’humour ». Les attachĂ©s de presse et photographes faisant bien leur travail, on lit cela parfois un peu trop. Mais c’est aussi cela, rencontrer un talent et s’enflammer un peu. On ne sait pas de quoi demain sera fait, mais aujourd’hui, celui-ci a vraiment fait la diffĂ©rence, et il Ă©tait de bon ton d’en parler.

Qui pour incarner le Charles Leclerc de l’humour ?

Blanche Gardin ou Monsieur Fraize rentrent sans nul doute dans cette catĂ©gorie de mastodontes. Ils touchent juste et la presse l’a bien compris. Je les vois un peu plus que des Fary ou Kyan Khojandi. Ceux-lĂ , ce sont davantage des gourous, des sortes de bons clients qu’on aime entendre en podcast
 mais qu’on a peut-ĂȘtre un peu trop entendu.

Ne vous y mĂ©prenez pas : j’aime bien. Mais au bout du quinziĂšme podcast oĂč Kyan Khojandi nous livre des conseils de vie, dans une pĂ©riode oĂč le dĂ©veloppement personnel est en plein boom, cela s’essouffle. Et d’ailleurs, Kyan n’est pas dupe : il le dit lui-mĂȘme dans le podcast Les gens qui doutent.

Pour Fary, c’est encore plus manifeste. DerriĂšre l’humour, l’idĂ©ologie n’est pas bien loin et on aime ou on n’aime pas. Preuve par l’exemple : ce que dit France Culture sur son spectacle Hexagone.

En rĂ©alitĂ©, il y a l’embarras du choix : Haroun, Roman Frayssinet, Shirley Souagnon, Gaspard Proust, Baptiste Lecaplain, etc. Il faut dire que les chiffres ne sont pas les mĂȘmes : une vingtaine d’hommes du cĂŽtĂ© du sport, plus d’une centaine de prĂ©tendants chez les saltimbanques.

Il n’y aura jamais un humoriste qui fait l’unanimitĂ©, et tant mieux. Je laisse le mot de la fin Ă  Thomas Wiesel (voir la fin de la vidĂ©o ci-dessous !).

Crédits photo

© Ferrari

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