Stand-up à Nantes – Journal de bord live
Cette semaine, Le spot du rire vit en immersion dans le stand-up à Nantes pour comprendre ce qui fait le charme des plateaux d’humour là-bas. Est-ce une consommation d’alcool excessive ou la présence d’humoristes ultra-talentueux ? Nous menons l’enquête et vous livrons nos premiers retours dès que possible… Revenez autant que vous le voulez, on a plein de choses qui vont s’ajouter !
Lundi de merde : tout pour le test !
Dimanche Marrant, Bunker Comedy Club, vous connaissez ? À Nantes, il y a un événement comme ça, auquel on ajoute les tests des Premières fois de Yacine Belhousse ou du Laugh Steady Crew. Pour saupoudrer le tout, on ajoute un ingrédient secret que Paris n’a jamais réussi à importer…
Lundi de merde, c’est quoi ? En gros, prenez un petit bar, des habitués bienveillants et une bande de comiques ultra-soudée. Chaque semaine, le public vient suivre les aventures de Kevin Robin et son frein (je suis dégoûtée de rentrer juste pour ça). Maxime Stockner fait une chauffe ultra-conviviale. Les gens l’aiment lui. Genre, pour ce qu’il est.
Il y a aussi Yohan Bertetto, Jihef (je me suis présentée comme J. F. pour me le mettre dans la poche, alors que c’est à lui de me convaincre, allez comprendre). William n’a pas joué mais son côté « humoriste de légende » le précède. Idem pour Antoine Peyron, que nous allons bientôt rencontrer…
Pendant les passages, les autres humoristes interviennent parfois. Le public interrompt aussi, mais reste courtois. Un public discipliné, qui respecte les réservations écrites sur des post-ils en forme de cœur. Oui, c’est vraiment bienveillant jusqu’au bout.
Fashion stand-up
Il y a la tenue de léopard de Maxime Stockner aussi, une humoriste qui m’intrigue déjà beaucoup trop, K-ryne Gomis… Elle arrive avant le show avec une confiance en elle qui détonne. Ça me met en alerte complet. Déstabilisée par un passage en dents de scie, elle dévoile tout d’un coup une fragilité qui me rend complètement marteau de joie de la découvrir.
Parce que oui, une prestation qui n’a pas l’air géniale recèle d’informations clés sur le talent de quelqu’un. Jihef, ça vaut pour toi aussi. Tu es très bon délire, mec. Et on a aussi assisté à la première scène de Clément, un gars qui cache bien son stress et qui a évité le bide, de loin même. Très belle première, continue mec.
Sinon, l’incroyable Antoine Sentenac vient de faire vacciner son chat et raconte ça le soir-même. C’est vraiment une soirée où on est ensemble avec les humoristes. J’ai rarement vu ça, voire jamais. Peut-être que c’est l’effet lune de miel qui parle, mais pour le moment, c’est amusant, Nantes. En plus, les consommations ne sont pas trop chères et l’ambiance des bars est bien plus conviviale qu’à Paris (difficile de faire pire).
Mardi : le football gagne la partie
Ce mardi, deux scènes devaient occuper ma soirée. D’abord, La p’tite scène à l’Atomic’s Café qui donne la part belle aux nouveaux talents. En effet, à Nantes, il y a suffisamment d’humoristes pour distinguer des niveaux.
Le lieu est incroyable, avec beaucoup de cachet. Le MC, Malo, a l’air aussi alternatif qu’un Nadim, un Bobbin ou un Humourman. Ensuite, Jihef devait organiser sa première soirée avec ses invités dans un lieu tout aussi sympa, Ô Temps des Copains.
Or hier, il y avait Benfica-Lyon. À Paris, les jours de match riment souvent avec annulation. Nantes traverse le même genre de désagrément… Par conséquent, on a pu retourner à la base plus tôt et faire comme tout le monde : suivre le match.
On remercie par ailleurs Antoine Peyron pour la balade en voiture. Il a l’air sacrément au taquet, celui-là aussi. Mais on ne l’a pas encore vu jouer, ce qui serait tarder !
On s’en moquait complètement, de ce match… Sauf qu’il y avait un live Twitch des Commentaires Connards ! Si vous avez manqué le stream (dommage !), voici le best-of… D’ailleurs, vous verrez, on y participe en quelque sorte…
Une journée pour rien ? Pas du tout ! Suivre Maxime Stockner arpenter Nantes, c’est le voir saluer des gérants de bar partout, parrainer les futurs talents du rire et prendre un rôle de leader ! Franchement, les Tocards savent faire vachement de trucs. Le mieux, c’est quand il raconte la genèse de la scène nantaise, très riche en histoire. Il nous a asséné plusieurs dizaines de noms à la suite, ça vaudrait peut-être le coup d’en faire un musée !
Mercredi au West Side Comedy Club
Le West Side Comedy Club, c’est de l’humour dans un cadre presque cinématographique. Le lieu ressemble à Pirates des Caraïbes ou un truc du genre (là, c’est le moment où Arezki Chougar aurait bien mieux expliqué !). Les humoristes jouent à fond cette carte avec des jingles de qualité pour annoncer la soirée, comme ça peut se faire au Comedy Store ou… au cinéma !
Le public est habituellement exigeant, mais ce mercredi soir, on me confie très rapidement que les rires sont plus faciles à obtenir que d’habitude. Jérémy Ippet, alias le mec importé de Paris cette semaine, est de nouveau présent et cartonne.
C’est aussi le soir où je découvre William Pilet, dont la notoriété locale se vérifie immédiatement. Antoine Sentenac le remplace au pied levé car il doit assurer la première partie de Nilson au Théâtre 100 Noms, à deux pas du West Side. Sa chauffe est réussie, malgré un vrai stress dû à cette première. Antoine Peyron apporte une assistance en tant que sniper, un Laurent Baffie des plateaux d’humour. Ses interventions sont percutantes, il semble adorer l’exercice. William Pilet reviendra en cours de soirée pour co-animer et assurer son passage.
L’instant Cyril Lignac : ingrédients d’un raté, mais recette réussie
La soirée aurait pu mal tourner : grève des transports inopinée, Tocards à Paris pour un casting, catering improvisé, ardoise du line-up qui se brise sur scène… Au passage, je n’avais jamais entendu le mot « catering » à Paris dans des plateaux, mais peut-être que je ne traîne pas dans les plus chics ? On le saura quand l’organisation du comedy club de Fary acceptera ma demande d’invitation pour la première (ça n’a pas l’air gagné #ghosting).
Ici, on ne se la raconte pas, on fait des vannes. On ne théorise pas sur ce que doit faire le voisin, on fait des vannes. L’ambiance est saine et tout le monde se charrie avec bienveillance.
De fait, au terme de la soirée, le roast est de qualité. Vous savez quelle est mon exigence à ce sujet après la semaine dernière au Laugh Steady Crew, d’ailleurs ! Petite instru qui claque, Maxime Stockner en PLS face à son sens du rythme, bafouillages intempestifs vite remplacés par une vraie envie de produire un show de qualité.
Team chemise à carreaux : un membre du stand-up à Nantes postule
En bref, une belle soirée dans un beau lieu avec des gens drôles. Que demander de plus ? Peut-être parler d’Antoine Peyron. Oui, mec, je sais que tu as peur de moi — comme tous les humoristes émergents, quoi.
Ta chemise à carreaux, qui rappelle Rémi Boyes ou Omar DBB, t’immunisait sans doute. Ton rythme lent et désabusé rappelait lui aussi quelqu’un d’éminent à la capitale, l’ambassadeur Ghislain Blique. Tu étais à l’image de la soirée : agréable à écouter, avec des blagues qui emportaient l’adhésion et d’autres qui mourraient sur le champ de bataille.
Parce que si le public était bienveillant, il savait faire la différence entre les bonnes blagues et celles qui étaient un peu plus faciles. Tout le monde a donc pu travailler en bonne intelligence, de Jihef à Peyron. Basile a réalisé l’une des plus belles prestations de la soirée (on m’en avait dit le plus grand bien) et tout le monde a été bon. Allez, on enchaîne !
Jeudi à Nantes : shooting photo, Mario Kart et Stand-up Factory au Théâtre du Sphinx
Jeudi marquait la première journée intensive de la semaine. Dès 13 heures, je débarque chez Kévin et Maxime, l’antre des Tocards. Ils engloutissent des patates en un temps record, tandis que Clément met en place le décor de la séance photo. Aujourd’hui, une grande partie de la scène nantaise se donne rendez-vous au QG du rire pour refaire l’affiche du West Side Comedy Club.
Malgré un retard inévitable d’une heure et demie d’un des talents prometteurs du rire ici, l’ambiance est au beau fixe. Maxime continue de mener la bande avec bienveillance et fermeté, alternant entre moments de LOL et direction artistique. Comme d’habitude, William Pilet, Basile ou encore Antoine Peyron sont dans la déconne permanente. Deux passages face à l’objectif sont nécessaires pour quelques uns, et Maxime entame un défilé de mode avec ses chemises improbables. William Pilet est impressionné : tout va à Maxime, alors que lui ne se sent pas l’âme d’essayer… C’est aussi ça, le stand-up à Nantes.
Combler les blancs d’emploi du temps… et du public
Ensuite, certains s’en vont, d’autres restent en s’affrontant à Mario Kart ou en commentant les podcasts de l’After Foot sur RMC. L’après-midi, c’est un moment d’attente pour l’humoriste : soit il travaille, soit il décompresse.
Car la soirée approche : le jeudi à Nantes, c’est du stand-up dans un théâtre ! Le lieu, assez ancien, a du cachet. Le catering est parfait, et la bande est de retour. La discussion n’est pourtant pas légère : ça parle argent et répartition équitable des recettes. Ici, l’échange est courtois : la bande cherche à ce que tout le monde s’y retrouve et à créer un système homogène entre les plateaux. Gérer une série de plateaux, ça ne s’improvise pas : la bande nantaise n’a décidément rien à voir avec la tocardise…
Je profite de la soirée en commençant à jauger cette nouvelle scène. Toute la semaine, j’étais impressionnée car ils montent sur scène depuis plusieurs années. Parmi eux, il y a des humoristes très jeunes, toujours étudiants pour certains. Ce décalage entre jeunesse et expérience stand-up produit un cocktail intéressant : ça travaille dur, ça a envie de voir sa progression… Comme une impatience à voir les fruits de leurs efforts. Leur ambition est là, mais elle n’écrase jamais le voisin.
L’exigence est élevée : si je passe un bon moment stand-up à Nantes, ils ont l’impression de patiner. Les réactions du public ne sont pas à la hauteur de leurs attentes, comme si quelque chose ne passait pas. Est-ce la culture stand-up ? Je ne crois pas.
Les forces en présence
D’autant plus que les talents sont très variés. Antoine Sentenac, fort de trois ans de scène à seulement 23 ans, fonctionne très bien. Il lui manque encore une chose, qu’il applique parfois mais pas en permanence : moins expliquer les vannes. Le genre de truc qui pourrait l’aider à raccourcir son set d’une minute. Pour le reste, c’est parfait : les variations de rythme, le ton, la présence sur scène. On comprend pourquoi on y croyait.
Kévin Robin est fidèle à lui-même : ce qu’il raconte est à la fois original et drôle. Un angle qui fait du bien, amené avec candeur et espièglerie. On adore. Maxime Stockner nous offre le meilleur storytelling qu’on a entendu de lui. À Paris, on l’avait entendu parler de parapente (je ne sais plus, mais le truc en l’air) et là, c’était plus authentique et intéressant.
Jérémy Ippet termine son périple nantais avec un nouveau bon passage. Son imitation de Thomas Ngijol fait mouche : bien exécutée, elle conclut son passage stand-up soigné.
Antoine Peyron confirme que son personnage nonchalant désabusé aime le trash. J’adore le voir réussir tout de même à transmettre une certaine sensibilité ou fragilité qui le rend attachant. Au moment où les artistes saluent, il fait un gag pour moi avec ses chaussures à 20 balles (il nous l’a dit 22 fois, mais je me suis éclipsée pour m’envoyer un morceau en plus de quiche).
Et que dire de la chauffe de Yohan Bertetto, dont la voix cassée rend son intervention encore plus drôle : on a mal pour lui. Il est sur le fil du rasoir, il s’accroche et malgré tout au rendez-vous après une absence mercredi. Mardi, il jouait à Saint-Nazaire, et sa voix était encore plus mal en point. Ça a tenu le coup, mais c’était difficile. Chapeau l’artiste !
Stand-up à Nantes : bilan d’étape
La soirée est la plus agréable de la semaine pour moi, car j’ai le temps de me poser et de regarder. Au lundi de merde, l’ambiance de test ne permet pas de jauger le niveau. Mardi, l’annulation a douché mes espoirs. Mercredi, le West Side Comedy Club était davantage une soirée d’ambiance où j’écoutais à la fois les ragots en coulisses et les sketches, donc le message ne passait pas si bien.
J’ai dû m’éclipser rapidement, d’épuisement face à ce rythme effréné du stand-up à Nantes. Je me demande comment ils font pour tenir la distance, car je suis de plus en plus épuisée. Pour me faire pardonner, j’offre Off the Mic aux nantais pour les remercier de leur hospitalité. Heureusement, j’ai le droit à un nouveau tour en voiture avec Jérémy Ippet. Il écoute les sets de Bill Burr et d’autres en roulant : pas de doute, c’est un humoriste ! Moi, quand je joue des pédales, j’écoute Sympa la vie, donc je comprends.
Vendredi à Nantes : public intraitable au Week-end Comédie
Le vendredi, je me réjouissais de retrouver un plateau qui ressemble beaucoup à un rendez-vous parisien. Une salle exigeante, un décor tamisé et des humoristes prêts à aller au casse-pipe.
On ne va pas se mentir, c’était un champ de bataille. Maxime Stockner venait de faire la première partie de Yohan Bertetto et annonçait la couleur : il sortait tout juste d’un bide. Pour chauffer une salle gelée, il a ramé… comme ses collègues.
Chacun s’est battu comme il pouvait face à un public multiculturel : États-Unis, Vendée, Nord-Pas-de-Calais… Certains interrompaient les comiques sans aucune gêne. Face à cet engouement absent, les humoristes vivaient un moment difficile.
Ce qui est frappant dans tout ça, c’est le lien hyper-fort entre eux. Ils se marraient lorsque la salle restait de marbre, il y avait un vrai esprit de camaraderie. Au fil de la semaine, je commençais à me dire que c’était vain de comparer Nantes et Paris, mais c’est beaucoup plus fraternel ici car il y a un seul clan d’humoristes stand-up à Nantes.
Je repars à Paris après avoir été merveilleusement accueillie ici. Et j’ai hâte que l’épisode inédit des Tocards où je les interviewe sorte… On vous livrera aussi une interview écrite de Kévin Robin et Maxime Stockner comme d’habitude !
Stand-up à Nantes : le bilan
Cette semaine était intense, voire inoubliable. J’ai hâte que ces humoristes puissent plus facilement faire la navette entre Paris et Nantes, et que les humoristes habitués des plateaux parisiens découvrent cette ambiance si spéciale.
On ne voit qu’une infime partie dans les 2 tocards font du stand-up. La réalité est plus professionnelle et mature que cela, d’autant plus que la bande est très jeune. L’héritage laissé par un Edgar-Yves ou un Alexis le Rossignol, qui ont débuté ici, est entre de bonnes mains. On leur souhaite de progresser encore, et vu leur attitude, on n’a aucun conseil à leur formuler. Longue vie au stand-up nantais !