Caustic Comedy Night au Barbès Comedy Club
Le 6 janvier, le Barbès Comedy Club a accueilli la première Caustic Comedy Night. Retour sur cette édition inaugurale de l’un des plateaux les plus célèbres de Suisse.
Cet article est le premier d’une série qui retrace la soirée du 6 janvier au Barbès Comedy Club. Dit comme ça, ça sonne fait divers, mais c’est plus une bonne sitcom avec personnages récurrents. Retrouvez le second volet ici.
Caustic Comedy Night : Charles Nouveau joue les intermédiaires
Il était temps de vivre cette soirée qu’on n’attendait pas. On n’osait pas en rêver, puisque d’habitude, la France humoristique a plus l’habitude de sucer le Québec et de singer les Belges.
Mais d’un côté, Marina Rollman a habitué les auditeurs de France Inter à l’humour suisse, bien plus léger qu’une fondue.
Arrêtons-nous un instant sur les sempiternelles comparaisons culturelles de voisinage. Revenons au deuxième événement qui nous a offert cette percée suisse à Paris : la programmation de Thomas Wiesel pendant un mois au Point Virgule !
Thomas Wiesel, en matière de popularité, c’est le n°1 ex-æquo du rire suisse-romand avec Nathanaël Rochat. Ce classement n’est pas scientifique, un peu chronologique… et tous s’accordent à dire là-bas qu’il bénéficie d’un public large. Et c’est sur cette base que le Caustic Comedy Club a pu s’exporter.
Retour au Barbès Comedy Club
Entrer au Barbès Comedy Club avait une saveur particulière ce soir-là. Déjà, je n’allais nulle part depuis bien longtemps. À cette abstinence comique depuis le 15 décembre s’ajoutait une interruption des Bras Cassés sur Couleur3. Il s’agit de l’un des programmes où les humoristes suisses romands ont voix au chapitre, et la dernière remontait au 12 décembre.
Et comme d’autres qui ont passé Noël avec des générations plus avancées, nos compagnons de fin d’année ne comprenaient rien à la diction rapide des humoristes du Jamel Comedy Club. Mais le virtuel, ça ne nous branche pas trop.
En entrant, donc, je tombe sur Clément K, venu escorter Bruno Peki, qu’il héberge par la même occasion. Ce soir-là, Clément K a joué le rôle un ami très généreux pour lui comme pour moi, d’ailleurs, mais nous y reviendrons plus tard.
À l’heure du récit, Clément discute avec des Suisses, des vrais. J’entame un marathon de citations de personnalités suisses pour dire que j’ai trop mangé d’audiovisuel suisse en 2019. Cet enthousiasme suspect me met vraiment à l’aise, paradoxalement. Euphorique, je plane déjà alors que le spectacle n’a pas commencé.
Le spectacle n’a pas encore commencé, mais l’instant est déjà décisif
Je vois au loin Fabien, l’un de mes rédacteurs, et Jean Paul, comique en formation. Je glisse au régisseur Tanguy de les placer à proximité. On se retrouve à côté de Julie, une ancienne habituée du One More Joke qui vient en repérage pour inviter ses potes au Barbès Comedy Club. Je lui vends le lieu, elle me répond qu’elle sait tout ça car elle s’est renseignée.
Je l’aime déjà.
Face au boîtier qui permet de commander, elle me dit que ce serait drôle de l’utiliser pour interagir avec le comique. Le bouton “Cancel” signifierait que la blague ne passe pas, le bouton “Call” permettrait de faciliter l’interaction et le bouton “Pay”, disons, un pourboire pour le comique en cours ? Je sais, il y aurait des effets pervers. Mais juste pour toutes les fois où ça nous a irrité de mettre de l’argent dans un chapeau, en sachant qu’il y avait un comique qu’on n’aimait pas qui aurait la même part que les autres… Ok, c’est vache. Ça restera un fantasme. Merci Julie d’avoir stimulé mon imagination et dépassé ma créativité !
Les temps forts de la Caustic Comedy Night
Passons au spectacle en lui-même. Charles Nouveau assure une chauffe avec du très sûr. Comme d’habitude, il est impeccable dans son rôle. Thibaud Agoston débute la soirée avec un passage que je qualifierais de carton. Lui aussi fait du sûr, et je retrouve tout ce que j’avais aimé chez lui, avec un an d’expérience en plus.
Suivent peut-être dans le désordre, le souvenir est déjà flou, Bruno Peki, Cinzia Cattaneo, Kévin Eyer, Nadim… Oui, comme notre Nadim, mais pas du tout dans le genre psychopathe. Si tout le monde marche, Nadim retourne la salle et lance pleinement les applaudissements spontanés.
Quand le croustillant rompt la neutralité suisse
Kévin Eyer se frotte à un public en quête de bienveillance. Une blague assez bien exécutée, mais qui évoque le poids de sa compagne, lui vaut un « fils de p*te » soufflé dans le public. Malheureusement pour cette personne, elle l’a chuchoté dans un moment de silence. Grillée, Céleste (le prénom n’a pas été changé) a instinctivement placé les mains devant sa bouche. Un geste d’excuse ultra-mignon qui rappelle pourtant que la blague et sa réaction étaient les bienvenues.
Parce qu’une fausse polémique ne vient jamais seule, Fanny Ruwet a pu s’incruster dans la programmation. L’humoriste belge faisait sa première au Barbès Comedy Club ce soir-là et elle a saisi l’occasion pour prendre le micro. Un passage toujours aussi soigné, comme à la TV, qui fait encore oublier sa jeune expérience. Mais nous y reviendrons avec la critique de son spectacle…
Marina Rollman en test : merci la vie
Quand j’ai vu Fanny monter sur scène, j’ai pris un peu peur. Où diable se trouvait Marina Rollman ? En plus, Charles Nouveau nous resservait un deuxième passage, qui me rappelait d’où venait cette chanson des diplodocus que je fredonnais seule, chez moi, pendant la grève. Le souvenir m’est enfin revenu, après des mois d’interrogation. Bienvenue dans ma vie.
Du rab de Charles Nouveau, on en prend volontiers, mais ça commençait à devenir long pour mon organisme. Alors quand Marina montait sur scène, à 50 cm de moi, et que ma vessie réclamait que tout cela cesse, la perspective de blagues de test me faisait tenir… et craindre le pire.
Pour autant, Marina m’a arraché les rires les plus naturels de la soirée. Ce lâcher-prise a soudainement calmé mon impatience… et même suscité mon intérêt jusqu’à la dernière seconde ! Merci à elle d’avoir osé faire du test alors qu’elle a vu tous ses copains délivrer leur sûr.
Caustic Comedy Night : fin de la démonstration de force
Ils sont rares, ces plateaux qui affichent complet pendant la grève. Ou pour lesquels personne ne bide ou ne performe moyennement… Et la Caustic Comedy Night du 6 janvier a réussi à rentrer dans cette rareté.
S’il n’y avait pas eu la grève, j’aurais aussi goûté à la soirée du 7 janvier. Vous imaginez ? Alexandre Kominek et Charles Nouveau en maîtres de cérémonie, avec Thomas Wiesel dans le line-up ! Ça a de la gueule… La Suisse n’est peut-être pas la nation la plus belliqueuse, mais elle nous offre des démonstrations de force qui feraient fantasmer tout syndicat.
Construire le stand-up francophone, c’est donc en cours des deux (trois, merci Fanny !) côtés de la frontière. 2020 commence décidément très bien, et ce n’est pas un hasard si cela débute au Barbès Comedy Club. Merci énormément à Shirley Souagnon, sans qui tout ça n’aurait pas été possible. La francophonie va se porter plutôt que s’affronter, et c’est dans l’ordre des choses…
Épilogue pour Bruno Peki
Évidemment, je n’ai pas pu résister face à Bruno Peki pour le féliciter pour ses chroniques dans les Bras Cassés. Je ne peux pas en dire plus, mais nous préparons quelque chose de top secret en coulisses… Bruno, tu as reçu ce 7 janvier le paquet secret contenant les informations classées secret défense. Je compte sur toi. Yacine Nemra a commencé l’année sur des chapeaux de roues, il faudra être à la hauteur… et tu le seras. Bon courage pour ta mission !