Hold-up Comedy : Aymeric Carrez vainqueur 2020
Aymeric Carrez a remporté les prix du public et du jury du Hold-up Comedy à l’Européen. Sa prestation était impeccable ce soir-là, sa victoire a donc été nette.
Aymeric Carrez répond présent
Aymeric Carrez trimballe ses blagues de plateau en plateau, de tremplin en tremplin, depuis plusieurs années. L’humoriste ne lâche rien, est toujours dans le coin et finit par convaincre.
Ce n’est pas forcément un talent brut, mais s’il met tout bout à bout, il devient redoutable. Ses textes sont bien tournés, même s’il aborde des sujets classiques. Sa vraie force, c’est sa capacité à jouer différemment. Dans son monde, loin du réel, il parvient pourtant à emporter le public avec lui.
Comme je l’avais souligné dans la présentation du concours, je l’attendais au tournant. Il a répondu présent à l’Européen, lorsque cela comptait. Maintenant, j’attends plus de régularité de sa part. Ce n’est pas une exigence pour emmerder le monde, mais c’est sa chance pour se faire un nom.
Performer dans la durée : le plus gros défi des humoristes
L’humour, c’est un marathon. Les comiques s’entraînent chaque jour pour proposer le meilleur au public. À l’Européen, il y avait donc Aymeric Carrez le marathonien, quelques sprinters au talent brut… et d’autres artistes qui ont encore beaucoup de chemin à parcourir.
Il y a ceux qui soignent leur communication, mais qui doivent encore se trouver sur scène. Youri Garfinkiel donne l’impression d’être bon sur le papier, mais son passage était symptomatique d’un humour d’un autre temps. Étrangement, juste après qu’il vide une bouteille d’eau sur scène à l’aide de ses pieds (pas compris), le mot “Comedy” s’est effondré de la scène. Les fantômes de la comédie l’ont intimé de changer les choses, semble-t-il…
Il y a aussi ceux qui se remettent en question… à peu près tous les autres. Kevin Ozgoz est peut-être un peu trop jeune pour cela, mais sinon… Nicolas Fabié, Maxime Stockner et Brahms traversent une période charnière de leur parcours artistique.
Pour rappel, les artistes sont faillibles
Nicolas Fabié a ouvert la soirée, et on le sait, c’est difficile. Selon nos indiscrétions, le choix de son début de passage (le même qu’aux Best de l’humour) vient de ce que le Jamel Comedy Club lui demande de développer.
Quand j’ai su ça, j’ai compris. L’histoire se base sur les relations hommes/femmes. Simple, accessible, elle n’est pas forcément ce que je préfère voir chez lui. Heureusement, il a pu faire son doublage génial, qui m’avait énormément plu à la Plage du rire et dans son spectacle. À la manière d’Ambroise et Xavier, il doit trouver le truc qui emportera l’adhésion dans les tremplins de ce style… Et là, il les gagnera haut la main.
Maxime Stockner ne proposait pas son meilleur set. Les anecdotes étaient bien là, mais il craignait le bide avant de monter sur scène et finissait insatisfait de sa performance. Cela restait correct, mais pas assez fort. Rien d’inquiétant, c’est le métier qui rentre.
Brahms a été moins bon qu’à son habitude, lui aussi. Son passage sur la grossophobie ne fonctionnait pas, comme une bonne intention qui passe mal. Quelques blagues sur le métro (récurrentes dans les passages, cela reviendrait-il à la mode ?) finissaient de le classer dans le ventre mou des prestations. Remonté contre lui-même, il jurait de se rattraper à la prochaine occasion.
Quant à Kevin Ozgoz, il avait la fraîcheur de l’inexpérience avec lui… Mais cette inexpérience le reléguait également loin du vainqueur. Il avait toutefois envie d’en découdre et il deviendra meilleur avec plus d’expérience.
Verdict : Aymeric Carrez et les autres
En résumé, Aymeric Carrez a été le seul à proposer une prestation solide de bout en bout. Pour tout le monde, la soirée a été riche en enseignements. Le Hold-up Comedy est un concours qui aide les artistes à grandir. Parfois, cela passe par des prestations qui montrent le chemin à parcourir. Parce que quand tout semble simple, la chute arrive violemment.
Là, au contraire, chaque artiste part avec une liste de choses à améliorer. Cela leur permettra de ne plus jamais trembler face à des soirées à enjeu. J’ai hâte de voir les réactions scéniques des uns et des autres : elles conditionneront leur réussite future… pour les amener à être aussi fort que leur parrain d’un soir, Baptiste Lecaplain ? C’est tout le mal qu’on leur souhaite !
Crédits photo
Aymeric Carrez au Fieald © Kobayashi Photography