Rétro spot 3/3 – Comment j’ai rencontré Adrien Montowski
Pendant que tout le monde reste chez soi, j’ai décidé de vous livrer des écrits que je n’ai jamais publiés. Bien gardés au chaud, ils relatent mes premières impressions et motivations dans le monde de l’humour. Le troisième et dernier épisode revient sur ma rencontre inattendue avec Adrien Montowski… En réalité, celui-ci est inédit, mais cela faisait longtemps qu’il me trottait dans la tête. Bonne lecture !
Nous sommes le 25 février 2017, et je m’apprête à traverser la petite couronne pour voir Éric Judor. L’événement se passe à Saint-Denis, au cinéma L’écran.
Pour moi, cela me semble absurde. L’événement est gratuit, sans inscription, dans une ville moins attractive que la capitale. Éric Judor propose une masterclass devant des fans ravis de le voir. Il est une légende, le respect de l’assemblée est palpable. L’émeute potentielle, qui accueille généralement Kev Adams, laisse place à un public averti.
Ce rassemblement d’initiés crée un lien particulier entre chacun d’entre nous. Nous ne nous connaissons pas, mais nous partageons la même passion. Nous sommes une équipe soudée face à notre leader, Monsieur Judor.
Adrien Montowski était dans la salle…
Je ne le sais pas encore, mais je suis sur le point de rencontrer un comique. Adrien Montowski est là, il porte un badge du Beach Comedy Club, son plateau. Dans la salle, je ne sais pas où il est. Comme d’habitude, je me suis nichée au premier rang, volant la vedette à deux fans d’Éric Judor de la première heure. Je leur vole leur place, parce que ma jeunesse m’a privée de ces moments.
Je me souviens aussi d’une longue session de questions-réponses, immortalisée dans la vidéo ci-dessus. Quelques extraits, aussi, et des fidèles qui écoutent religieusement. Étrangement, mes souvenirs sont flous, car mon monologue intérieur s’apprête à débuter.
…mais je l’ai remarqué dans le métro
Dans le métro, les comédiens de stand-up ont longtemps remarqué des trucs. Or, en ce samedi soir, c’est moi qui remarque les choses. Je ne sais pas pourquoi ça me fascine autant de croiser des humoristes dans le métro. Je vous l’ai déjà raconté pour Lenny et Antek. Il m’arrive aussi, de temps en temps, de croiser Pierre Thevenoux sur ma ligne.
Mais par rapport à ce soir de février, cela n’a rien à voir. En effet, je commets l’affront de ne pas savoir qui est Adrien Montowski. Je connais juste son plateau, que je reconnais grâce à ce fameux badge. Je me dis : « non seulement, ce type m’a l’air important, mais en plus, il a bon goût ! ».
Qui es-tu, comique mystère ?
Mon cerveau accélère son remue-méninges. Où va-t-il ? Rentre-t-il chez lui ? J’ai vraiment un problème avec le traçage des êtres humains. À aucun moment je me dis que je vais aller lui parler, bien sûr. Parler, c’est pour les faibles. Inventer la vie de l’autre, c’est bien plus captivant. Quant à s’inventer une vie avec sa cible visuelle ? Mon imagination a les pleins pouvoirs : elle s’amuse à dégainer les 49.3 à la chaîne.
Contrairement au côté psychotique des lignes précédentes, je reste raisonnable à cet instant. Cependant, mon instinct est formel : je vais revoir cet homme. Il a l’air formidable : ça se voit à sa manière de regarder droit devant lui, à son badge et à nos calendriers momentanément communs.
Malheureusement, le trajet d’Adrien et le mien finissent par se séparer. Sans un mot, le lien s’était créé par un seul canal : la comédie. Peut-être revenait-il de New York ? Allait-il rejoindre Léopold ou Jean-Patrick ? Ces questions, je ne pouvais pas encore me les poser. Je ne suis même pas sûre qu’à ce stade, je connaissais Jean-Patrick. Mais j’avais une certitude : ces gens-là, je voulais tous les connaître.
Par la suite, j’ai revu Adrien au 33 Comedy, puis au Beach et dans de nombreux autres lieux. Je l’ai vu proposer ses premiers showcases, inviter Cyril Hives à ouvrir son premier spectacle d’une heure. Je ne savais pas que j’allais créer mon site, puis parler de son premier spectacle, le convier à une interview… et l’histoire continue de s’écrire !
Cette rencontre quasi-hypnotique n’était donc pas un hasard, finalement…
Crédits photo
© Marcela Barrios / Hans Lucas