Humour instantané – Retour comique et volte-face

Juliette Follin 23/07/2020

La semaine dernière, malgré le retour indéniable du monde comique, je vous confiais mes doutes concernant mon retour dans les salles. Bonne nouvelle : cette semaine, les choses avancent dans le bon sens !

Maintenant, on commence à cerner la mentalité des spectateurs qui reviennent au théâtre. Ma mésaventure au sein de l’un de ceux-ci n’est plus que de l’histoire ancienne. Les gens semblent avoir compris que pour une reprise des spectacles, il fallait respecter l’hypocondrie de son prochain. Ou bien sa volonté de coller sa joue à celle d’une autre personne (tant que ce n’est pas moi).

La clé n’est pas de savoir si les gens ont peur ou non d’un virus, c’est de comprendre leur besoin de clarté. Sur ce coup-là, les théâtres sont les premiers à hésiter. Cette vidéo explique très simplement la situation.

Mieux consommer le spectacle vivant

J’ai réalisé qu’il y avait parfois du « gâchis » de temps quand j’allais voir des humoristes.

Deux problèmes existent.

D’abord, les plateaux d’humour sont conçus pour vous faire découvrir des humoristes aux univers variés. Pour plaire à tout le monde, il faut déplaire aux uns et aux autres. Votre voisin adorera quelqu’un qui vous ennuiera. C’est le jeu, et on l’accepte car l’humoriste suivant peut être une perle.

Ensuite, les spectacles-loterie exigent une part de risque de la part du spectateur. Dans ces représentations, soit vous ne connaissez pas l’humoriste, soit vous ignorez s’il est bon sur une heure ou s’il attise suffisamment votre curiosité pour cacher son inexpérience. Soit autre chose. En tout cas, l’offre est supérieure à la demande et la qualité est inégale. Il faut ainsi faire des paris. Accepter de se tromper aujourd’hui, c’est se priver d’une soirée tranquille chez soi à pouvoir zapper.

Avant, c’était le charme de la comédie. Aujourd’hui, les arbitrages du public sont plus resserrés que jamais. Je vous confiais qu’il me fallait 2 humoristes que j’aime bien pour me déplacer en plateau d’humour, ou un super-humoriste. Comprenez : un humoriste qui pourrait me faire traverser le périph’ de bout en bout en métro, même pour deux minutes de blagues.

Aujourd’hui, je crains qu’il faille multiplier ces chiffres par deux. Mon exigence prend des proportions très importantes. Que faire, alors ?

Comique, séduis-moi si tu peux ?

Comme le dirait un certain Johnny H. s’il était là, qu’on me donne l’envie d’avoir envie ! Oui, j’ose écrire ça. Mais pensez-y : les blagues, je les connais à 70 %. Je comprends que les nouveautés sont complexes à pondre pour un comique. En effet, on traverse tous le même moment désagréable. Si les nouveautés ne sont pas la panacée, alors il faut penser aux petites attentions. À ce qui vous fera oublier votre quotidien, comme si tout allait bien.

Ça peut être un spectacle qui commence à l’heure et qui dure le temps prévu. Une description précise de ce qui attend le public. En cela, le 30-30 de Joseph Roussin et Fred Cham était génial (même s’il commençait en retard, paradoxalement). C’était mal parti : entrée libre, aucune possibilité de réserver. Mais le jour J, le bar a tout fait pour faciliter la vie des gens motivés. Réservation obligatoire en message privé, réactivité sans faille, respect des consignes et ambiance plus que conviviale. La soirée reste à ce jour mon meilleur retour à la comédie.

Et pourtant, Dieu sait que j’ai décidé de me faire plaisir. Du Laugh Steady Crew par-ci, du Nadim et Adrien Montowski au Point Virgule par-là, et en dessert, un bon spectacle de Ghislain Blique à la Petite Loge.

La reprise comique en résumé

Le public sera compréhensif et bienveillant lors de son retour au théâtre. Cependant, comme il fera cet effort de soutien, il aura besoin de quelque chose de spécial en retour de la part des comiques. À vous de définir ce qu’il est en mesure d’attendre. Car plus que jamais, le public est roi.

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