Pasquinade : 5 raisons d’aimer la plateforme d’Haroun
Pasquinade, comme on vous l’expliquait dans cet article sur les spectacles d’Haroun, est l’adaptation française de l’expression « stand-up ». L’humoriste a d’abord publié sur le site web pasquinade.fr de nombreuses vidéos issues de ses spectacles.
Aujourd’hui, Pasquinade s’ouvre à d’autres humoristes. Le principe est simple : vous pouvez visionner les contenus d’artistes triés sur le volet et les rémunérer via un chapeau virtuel. Pour mieux comprendre l’attrait de la plateforme, voici 5 raisons pour lesquelles vous devez absolument en profiter.
1. Pasquinade, c’est l’indépendance
Avec le projet Pasquinade, Haroun a l’intention de renforcer la relation artiste/spectateur sans passer par les GAFA. Le public a accès à des contenus humoristiques qu’il peut encourager grâce à un chapeau numérique et recevoir en retour encore plus de pasquinades.
Haroun explique le principe de Pasquinade sur son site officiel
Netflix, OCS, Prime Video, francetv slash… Toutes ces plateformes ouvrent les portes au stand-up. En fonction de leur force de frappe, de leur processus de détection de talents et de leur ligne éditoriale, les contenus qui vont émerger ne seront pas forcément les meilleurs.
En plus, cette histoire d’algorithmes vous orientera sur ce que la machine pense bon pour vous. Je vous passe les détails sur tout ce qui tourne autour des données personnelles ou encore de la publicité en ligne… Cela peut rendre cynique, mais on va être plus fort que ça dans cet article ! Surtout que le site est hébergé en France et conforme au RGPD.
2. Un projet collectif
Pasquinade n’est pas le premier projet de VOD de stand-up, mais c’est certainement le plus prometteur. VerinoOnDemand, par exemple, regroupe les contenus de l’humoriste sans y inclure ses collègues. En Suisse romande, le site LeMardi.TV a proposé un spectacle en direct lors du déconfinement et devrait poursuivre la promotion de la culture locale.
Avec Pasquinade, Haroun passe à la vitesse supérieure. Parmi les humoristes déjà sur la plateforme, on retrouve Thomas Wiesel, Charles Nouveau, Wary Nichen, le collectif DAVA, etc. Grâce aux futurs événements prévus, le catalogue va s’enrichir et se diversifier. Si l’offre est encore assez restreinte, c’est parce que le projet est très récent (juillet 2020 pour cette nouvelle formule).
3. La liberté d’expression préservée
La liberté d’expression en humour est un sujet très commenté. Officiellement, tout le monde est pour, mais comme pour toute liberté, les menaces sont nombreuses. Autocensure, tribunal populaire, peur de la « blague qui dérape » dans des plateaux d’humour (lieux de travail !)…
Prenons l’exemple de Gaspard Proust. L’humoriste, que certains aiment bien comparer à Haroun, prend position pour ne pas filmer son Nouveau spectacle. Ainsi, il préserve ce rendez-vous privilégié des regards du public de la zappette…
Pasquinade veut également sanctuariser le rapport avec le public, mais en virtuel. On parlait plus haut des lignes éditoriales qui favorisent certaines idées au détriment d’autres. Si vous voulez de l’humour formaté ou prémaché, vous avez de quoi faire sur les plateformes de SVOD.
Or l’humour, ça ne se cloisonne pas, ça ne se simplifie pas dans des catégories et autres sélections internes ou obscures. La liberté ne passe pas par des conditions générales d’utilisation qui fleurent bon le puritanisme et autres réjouissances cauchemardesques. Et ça, Pasquinade l’a bien compris.
4. Pasquinade, ce n’est pas simplement virtuel
Pour produire des vidéos, il faut bien mobiliser un public dans le monde réel. Pasquinade organise donc des sessions en octobre à Poinçon Paris. L’entrée est payante, les prix variant entre 20 et 30 euros. La programmation réunit plusieurs niveaux : puristes de stand-up, jeunes pousses prometteurs et habitués des grandes salles.
Poinçon Paris accueillera de nouveau du stand-up, donc. À ma connaissance, seul le Laugh Steady Crew a organisé une ou deux soirées spéciales là-bas. Ce lieu se prête bien à l’humour : la salle est belle, vaste et atypique (si ça vous intéresse, l’histoire du lieu est joliment contée ici).
5. Bouton « Bonne vanne » et chapeau virtuel : récompensez la qualité des contenus !
Quand vous regardez une vidéo sur Pasquinade, vous pouvez soutenir ou participer au chapeau. À chaque rire, vous pouvez aussi cliquer sur le bouton « Bonne vanne » pour que l’artiste sache si son matos est drôle.
Certaines vidéos ont un prix très bas (par exemple la vidéo de DAVA à 2 euros pour près d’une heure de contenus). Cependant, si vous faites partie des fans hardcore de Sacha Béhar et Augustin Shackelpopoulos, vous pouvez payer un peu plus.
Ça peut sembler étrange, mais imaginez cette situation. Vous vous rendez dans un plateau d’humour classique. Vous devez écouter tout le monde (même ceux que vous n’aimez pas, et il y en a).
Au chapeau, vous allez rémunérer chaque artiste de manière égalitaire (la plupart du temps). Là, vous pouvez choisir. Ce qui fait qu’Haroun se doit de vous offrir une sélection de qualité : vous ne récompenserez que les meilleurs du rire. Et jamais ceux que vous n’aimez pas. Pas mal, hein ? Surtout que pour tester ses blagues dans les caves les plus obscures de Paris, Haroun a croisé tout le monde.
Pasquinade : qu’en pensez-vous ?
Je sais ce que vous pensez (ou pas, car vous êtes libre). Netflix, c’est tellement indolore de payer pour profiter de leur large catalogue. Les documentaires et productions originales sont béton.
Forcément, quand on se finance en creusant sa dette, ça régale ; regardez Balkany. Mais il viendra toujours un moment où on se dira : « mince, machin est vachement bon, c’est trop nul qu’il soit invisible ». Il suffit de regarder les commentaires YouTube pour s’apercevoir que les gens ne trouvent pas leur bonheur. Ils regardent ce que l’algorithme leur propose parce que c’est ultra-intuitif. Plus ils l’utilisent, plus ils se livrent. Et plus ça les rend accro.
Je ne sais pas ce que donnera Pasquinade. Le réflexe de financer chaque artiste vidéo par vidéo va s’installer, comme on peut le faire pour un streamer sur Twitch. Or Twitch, c’est Amazon, donc commission pour Jeff Bezos et 30% supplémentaires si vous payez sur mobile. Ça, vous ne le savez pas, vous êtes trop pressé de soutenir votre champion du streaming.
J’ai envie de soutenir Pasquinade, et j’espère que vous aussi. Je n’ai pas encore développé le réflexe de le faire régulièrement, mais ça viendra.