Alexandre Kominek enflamme le BO Saint Martin
Juste avant le premier confinement, j’ai pu voir le spectacle d’Alexandre Kominek au Théâtre BO Saint Martin. Mes derniers souvenirs heureux en spectacle vivant m’accompagnent au cœur de cette nouvelle épreuve solitaire… Je vous invite donc à les partager, histoire que nous traversions cette épreuve tous ensemble, avant de renouer avec le plaisir de rire… et plus si affinités.
Alexandre Kominek au BO Saint Martin : un plaisir coupable à consommer sans modération
J’ai toujours vu les heures d’Alexandre Kominek avec une dimension personnelle. Quand je l’ai découvert à la Petite Loge, j’avais proposé l’angle du rencard pour découvrir le « bâtard sensible » qui se produisait sur scène.
Au BO Saint Martin, il n’était plus question de « bâtard sensible », puisque le nom du spectacle avait disparu. En revanche, la démarche restait personnelle puisque je choisissais de voir ce spectacle le jour de mon anniversaire. On retrouvait cet angle de plaisir coupable, égoïste ou défendu, c’est selon.
Ces démarches ne sont pas anodines. Si nous voyageons dans l’histoire de la comédie, les artistes qui jouent sur l’angle de la séduction sont nombreux. Alors, comment innover quand on suit les traces d’un marronnier comique ? La seule carte à jouer, c’est celle de la sincérité. Parce que tout le monde séduit, que cela se termine avec perte et fracas ou succès et donzelles. Et cela, Alexandre Kominek l’a bien compris et le célèbre avec brio.
Kominek, la bête de scène
Certains la jouent martyrs romantiques, d’autres losers sentimentaux. Alexandre Kominek est plus une bête de scène : plus animal, plus graphique. En somme, c’est le pire cauchemar/homme providentiel de toutes les Madame de Tourvel de ce monde… En d’autres termes, celui qui réveille toutes celles qui se cachent derrière un puritanisme de façade.
Résultat : le rire est aussi animal que l’artiste sur scène. Oubliez la pudeur, Alexandre Kominek préfère la dévotion. Un jeu impeccable, des anecdotes plus folles les unes que les autres, et cette dérision teintée de sensibilité qui enrobe le tout.
Malheureusement, ce type d’œuvre culturelle laisse parfois certains critiques de marbre. Jugée pas assez sophistiquée ou recherchée, tombant dans de la vulgarité, parfois… Laissez-moi contredire ces bienpensants et autres coincés du rire. Au risque de les décevoir, il y a de la finesse dans cette débauche hilarante, du message sous-jacent derrière ces moments de vie à la gloire relative… Seuls ceux qui passent outre les préjugés peuvent en profiter, et je ne boude pas mon plaisir de faire partie de cette caste !
Je terminerai avec ce bonus : après le spectacle, Alexandre me confiait sa déception. Il venait de jouer en Suisse et sortait de plusieurs soirées très réussies. À Paris, dans la nuit de cette fin d’hiver, il semblait refroidi. Malgré une prestation que je trouvais bonne, les premiers effets de la crainte de la pandémie avaient raréfié les spectateurs dans la salle. Sa déception démontrait qu’il ne se reposait pas sur ses acquis et en voulait toujours plus. Le marqueur d’un futur grand du rire.