Masterclass de storytelling : Genius régale !
Le streamer Genius a un don pour raconter les histoires, incarner des personnages et rebondir sur des anecdotes avec un beau sens comique. Aujourd’hui, je voulais revenir sur sa manière de raconter les histoires, véritable masterclass de storytelling. Si cela peut vous inspirer, c’est tant mieux ! Analyse.
Pourquoi Genius, streamer et animateur, excelle en storytelling et en comédie
Au hasard d’une recommandation YouTube, j’ai découvert un colosse du monde du jeu vidéo : Genius. Bien sûr, j’avais déjà entendu parler de lui : pour moi, c’était « le gars de Game One », la chaîne qui me faisait fantasmer quand j’étais ado.
Pourquoi je vous en parle, me direz-vous ? Eh bien, Genius a des tas de qualités comiques que je ne soupçonnais pas. Je regardais tranquillement cette rediffusion de l’émission « La discorde » consacrée aux pires anecdotes. Je ne m’attendais pas à passer un si bon moment.
Tout d’abord, comme les interventions des chroniqueurs ne sont pas rédigées en amont, la spontanéité est de son côté. Ces gens-là passent des heures à jouer devant leur caméra et à divertir autour de tous les sujets. Ils développent donc quelques réflexes en matière de repartie.
Comme l’explique Jiraya dans une autre vidéo (le gars au bonnet pour ceux qui n’y connaissent rien en streaming), Genius a un côté sniper, à la Laurent Baffie. On retrouve en effet cette attitude féline à rebondir instantanément dans la discussion, pour sortir la blague ou l’anecdote qui fait mouche.
L’anecdote de la Corée : commentaire de texte (et de jeu)
En parlant d’anecdotes, les commentaires de la vidéo sont unanimes : l’anecdote de Genius en Corée (dès 1:41:15) est un petit bijou. On retrouve là un zeste de Pierre Thevenoux avec les ingrédients « alcool » et « bagarre », mais pas seulement. Pourtant, tout commençait mal. Ses collègues survendent l’anecdote, ce qu’il ne faut jamais faire comme vous le savez. Apparemment, Genius est lui aussi au courant, car il contre-attaque directement. Calmez-vous, les groupies : laissez-moi faire le job.
Après ce moment d’agitation, il pose calmement la situation. Le silence, que l’on entend (sic !) souvent de manière magique dans les salles de spectacle, s’installe et vient porter la parole de Genius. Le rythme s’étant calmé, il est temps de commencer à créer de la drôlerie. L’amorce : un moment d’autodérision autour de l’année 2009, habile car il rappelle qu’aujourd’hui, il gère son affaire comme un chef. Il ne s’apitoie pas sur son sort et conserve ainsi son aura.
Genius ou la maîtrise du rythme comique
Ensuite, il enchaîne avec une fausse interaction pour savoir si son auditoire partage sa peur de l’avion. Fausse, car il pose sa question au milieu de la phrase, et l’on comprend que ce n’est pas le moment de l’interrompre. L’audience se sent incluse et, pour autant, reste bien tranquille.
Dès qu’il apporte une nouvelle information, il assène deux-trois vannes qui démontrent à quel point l’anecdote va être marrante. L’ensemble va crescendo, tandis que le public, tenu en haleine, se réjouit d’avance de se marrer comme il se doit.
Quand il est interrompu, Genius n’hésite pas à mimer et à ajouter quelques blagues. Lorsqu’il apporte une information supplémentaire, il la répète juste assez pour qu’on la retienne sans devenir lourdingue. Il y a du mime, du clown, qui apportent un truc en plus à l’histoire racontée : le tout est parfaitement dosé, équilibré.
Des rires et un copilote
Genius peut aussi compter sur sa complicité avec Jiraya, qui rebondit sur l’anecdote tout le long. Le ping-pong entre eux s’apparente à une session d’écriture, où chacun parvient à repousser les compétences comiques de l’autre. Au bout de 3 minutes, l’animateur est en larmes. Et ce n’est que le début ! Cela signifie que Genius doit tenir en haleine sur la durée après avoir très rapidement créé une atmosphère comique destructrice pour les zygomatiques.
Autre bel atout : comme Genius raconte souvent cette anecdote, il parvient à apporter des éléments supplémentaires. De fait, des gens comme Jiraya qui la connaissent déjà rient doublement. Ils riaient déjà pour les blagues qu’ils connaissaient, et la surprise de découvrir quelque chose de nouveau est encore plus jouissive. Pour voir certains spectacles et sketches plusieurs fois, je peux vous assurer que l’effet comique est décuplé, la surprise de la nouveauté comptant davantage encore que la qualité de la blague.
Pour conserver l’intensité comique après avoir fait pleurer de rire, Genius n’a plus qu’à répéter l’opération. Il enchaîne les mimes, les nouvelles informations, les métaphores et comparaisons inspirées (Verdun…).
Genius amuse la galerie dans un environnement particulier… mais il en tire profit !
Il faut préciser que mimer une bagarre alcoolisée assis sur un plateau, c’est quand même technique (et ça crée de l’hilarité, car la manière de le faire est absurde car on ne se bat pas assis).
Il faut aussi dire que l’enchaînement des péripéties « dans la vraie vie » aide grandement à construire l’intrigue. Les circonstances vont dans le sens de Genius, mais sans une vraie faculté à faire rire, à jouer et à raconter les histoires, il ne tirerait pas grands rires de cette anecdote.
L’histoire ne dit pas si Genius peut faire rire sur scène dans des conditions réelles. Cela étant, on constate une recrudescence dans les vidéos d’anecdotes sur YouTube, qui mêlent parfois vidéastes et comiques. En juillet dernier, McFly et Carlito avaient en effet invité, entre autres, Paul Mirabel et Shirley Souagnon. Preuve que ce mélange des genres fait des émules…
Crédits photos
© LeStream Replay – captures d’écran YouTube