Les voies parallèles : on a lu le roman d’Alexis Le Rossignol
Les voies parallèles est le premier roman d’Alexis Le Rossignol. L’humoriste et chroniqueur chez France Inter s’est laissé convaincre pour se lancer dans l’écriture, et bien lui en a pris ! En janvier 2021, Plon lui offre une place au sein de sa rentrée littéraire. Que vaut ce premier roman ?
Les voies parallèles, un roman oscillant entre drames et légèretés
Tout d’abord, on découvre un récit simple, plein de retenue, qui décrit au plus près le destin d’un adolescent aux rêves de grandeur (pas si grands que ça). L’une des forces des Voies parallèles est de relater les événements sans trop de commentaire de l’auteur. Ne cherchez pas l’hilarité, vous aurez à la place la justesse et une douce mélancolie.
Le personnage central du récit, parlons-en. Antonin est un antihéros plus ordinaire que pathétique, qui trimballe son envie de vivre à bout de bras, ceux qui dirigent sa mobylette. Premiers émois à l’écart des groupes les plus populaires, quête de liberté entravée par les contraintes familiales… Il est facile de s’identifier à lui.
Retour dans les années 2000
Ce roman est aussi un voyage temporel dans la décennie 2000, dont la vacuité musicale fait écho à l’insignifiance du quotidien des personnages. En fil rouge de ce récit, on retrouve donc ces drames de l’ordinaire… mais aussi la légèreté de la jeunesse et des destins qui semblent gravés dans le marbre. Sans oublier une véritable course-poursuite pour se conformer à un idéal de masculinité. Je me suis fait la réflexion, à la lecture, que grandir en tant que mec n’était pas un long fleuve tranquille.
Il est aussi question d’une frontière pas si lointaine entre deux classes sociales. Cette frontière tient finalement plus à l’absence d’authenticité dans les relations qu’à une véritable scission, une impossibilité d’interagir. D’où vient-elle ? Le livre ouvre cette réflexion. Par ailleurs, les destins des personnages sont-ils si déliés que cela ? Le lecteur pourra ainsi imaginer les scénarios qui auraient pu se dérouler si chacun avait osé ici ou là.
Un roman plus profond qu’il n’y paraît, miroir d’une jeunesse universelle
Sans prétention, cette histoire est donc plus profonde qu’il n’y paraît. Alexis Le Rossignol parvient à ne pas tomber dans le pathos dans ce roman social. Qu’un chroniqueur de France Inter choisisse ce genre n’a rien d’étonnant ; malgré tout, la lecture vaut la peine qu’on s’y attarde.
En lisant cette histoire, j’ai repensé à l’errance d’un Holden Caulfield. À d’autres moments, c’est plus proche d’une histoire d’ados plus ou moins aisés à la 15/A (si vous avez la référence, cœur sur vous). J’ai donc surtout repensé à des histoires qui m’ont marquée tout au long de mon parcours de vie. Cela risque de vous arriver aussi…
Les voies parallèles reste un premier roman, bien sûr. Mais vous avez là un vrai roman, d’une personne qui n’a pas volé sa place dans le monde des rentrées littéraires… Une chose semble certaine : la plume d’Alexis s’affûtera avec le temps pour proposer d’autres histoires, d’autres univers… et gagner en originalité. Il l’a fait en humour depuis son prix SACD en 2017, il pourra le faire en littérature si ça le chante !