La découverte du mois – Avril 2021 – Anne Cahen
Faut-il se risquer à juger une personne sur quelques passages seulement ? Tout dépend de la tendance qui se dégage : ses pairs la soutiennent-elle, reçoit-elle de belles opportunités ? Dans le cas d’Anne Cahen, les réponses sont affirmatives. Assurer la première partie du retour du stand-up avec Joseph Roussin et Fred Cham aux côtés de Julie-Albertine (vous l’avez tous adorée dans Soixante 2…) n’était pas une mince affaire.
Si le grand public ne connaît pas encore Julie-Albertine, l’humoriste évolue dans le milieu du stand-up depuis plusieurs années. Elle a su plaire à des pointures de la scène underground parisienne, des Ghislain Blique, Adrien Montowski… dont le talent commence tout juste à être reconnu.
Alors il devait y avoir de la pression ce soir-là pour Anne Cahen, dans le bar Charlie et sa bière à 2 balles. C’était pourtant l’un de mes meilleurs souvenirs de plateaux, surtout quand on sait que nous devions composer avec les masques. L’esprit stand-up était là, il veillait sur les talents de la soirée…
Anne Cahen ou comment réussir ses débuts en stand-up
Comme de nombreux autres humoristes, Anne Cahen débute sur scène avec des sujets déjà abordés par ses pairs. C’est une entrée en matière classique, mais casse-gueule quand on a vu tant d’autres blagues sur les mêmes sujets.
Or Anne Cahen se distingue car elle sait reprendre des concepts hyper simples (comme les prénoms ou les mecs relous sur Instagram). Avec eux, elle trouve des angles originaux et parvient même à créer quelques effets de surprise. À un stade aussi précoce d’expérience scénique, les indicateurs sont donc au vert.
Sa recette du succès réside sans doute dans sa capacité à étirer un sujet. Comme je l’ai dit, elle part de choses extrêmement basiques, qui parlent à tout le monde, et elle génère de nombreuses idées qui l’aident à structurer ses blagues. On se dit : « c’est bien construit, c’est bien écrit, ça fait plaisir ! ». Que demande le peuple ?
Autre force : il se dégage une sensation hyper agréable quand on la voit prendre place sur scène. Sans pouvoir me l’expliquer, je sens que j’ai envie de rire. Je ne suis pas en train de me méfier ou de douter de la pertinence de l’humoriste sur scène. Comme si elle avait évacué tout syndrome de l’imposteur, et qu’elle occupait la scène avec un mélange d’assurance et de vulnérabilité qui suscite la curiosité. On voit bien entendu qu’il reste des réflexes techniques à peaufiner, mais l’ensemble me donne envie de connaître la suite et de l’accueillir avec beaucoup d’enthousiasme.
Une évolution artistique à suivre de près
J’ai presque envie de l’inciter à intégrer des machines à générer des blagues comme le Laugh Steady Crew parce que je sais que peu importe le sujet, elle finira par trouver des angles qui vont faire mouche. En résumé, la base artistique est là, le potentiel ne demande qu’à être creusé… et je vais suivre ça de très près, promis !