Après avoir vu Les gens meurent, peut-on mourir tranquille ?
À l’été 2021, le Théâtre Boulimie à Lausanne accueillait la pièce Les gens meurent. Après le succès de la série Bon ben voilà, la même bande d’humoristes suisses ravit à nouveau le public. Exit les sketches qui rappellent l’humour pointu des Nuls : la pièce est une réussite à la fois théâtrale, comique et dramatique. Retour sur la dernière avec Valérie Paccaud, Julien Doquin de Saint Preux, Yacine Nemra, Blaise Bersinger et Yann Marguet.
Nb. En 2022, la pièce s’exporte en tournée, avec un coup d’envoi à Lausanne. Vous pouvez réserver vos places dès maintenant.
Les gens meurent : une pièce sur la mort, sans la lourdeur du deuil
Voir une pièce de théâtre sur la mort ne me tente pas, d’ordinaire. Comme beaucoup, j’imagine, j’ai fait confiance au club des 5. Pour tout vous dire, il existe deux scènes comiques suisses. Les artistes les plus en vue sont des génies de l’écriture et des encyclopédies comiques. Leur métier, ils savent le faire, et bien, en plus. Leur éthique de travail et leur capacité à mener de nombreux projets drôles de front sont bluffantes.
Plutôt que de parler de deuil, Les gens meurent est une sorte de sas entre la vie et la mort. Dès qu’une personne meurt, elle se retrouve dans cette pièce et doit passer le cap. Cinq parcours de vie distincts cohabitent le temps d’une heure et demie qu’on ne voit pas passer. L’intrigue, soignée, regorge de surprises que je ne vous dévoilerai pas, car elles valent le détour…
Yacine Nemra et Julien Doquin de Saint Preux se révèlent… mais pas seulement
Retrouver cette bande iconique a été un réel plaisir, d’autant plus qu’ils osaient le contre-emploi ou la prise de risque. Yacine Nemra, plutôt à l’aise dans l’improvisation, assurait quasiment le leadership de la pièce. Son enthousiasme sur scène se révélait très rafraîchissant et faisait oublier le côté lugubre de la mort.
Autre révélation : Julien Doquin de Saint Preux. Chroniqueur dans les Bras Cassés comme Blaise et Yacine, il se révèle dans un jeu d’acteur à couper le souffle. Il alterne avec une aisance remarquable entre la pitrerie pipi-caca et l’émotion brute. Je suis certaine qu’il a fait couler beaucoup de larmes d’émotion tant sa partition était juste.
Blaise Bersinger démontre sa capacité à interpréter des personnages touchants, non sans dénoncer leurs travers. Ainsi, son personnage de vieillard misogyne ancré dans une autre époque est peint avec beaucoup de tendresse. Il s’offre même des passages absurdes, que les fidèles de ses gags téléphoniques apprécieront à coup sûr.
Valérie Paccaud joue le rôle d’une femme ambitieuse et manie la colère avec beaucoup de grâce. Son aversion pour les enfants dans la pièce a naturellement parlé à la mienne… Mais la réduire à cela, c’est passer à côté de l’évolution de son personnage. On y devine une générosité enfouie et une sacrée envie de se marrer.
Enfin, Yann Marguet est un peu à part. Il est sans doute le plus dans le déni dans sa manière de contourner la mort. Pour vous donner quelques billes sans tout vous dévoiler, c’est le genre de type qui aime bien les projets d’immortalité de la Silicon Valley… Si vous voyez cette pièce, vous adorerez la mise en scène de son trépas. Elle joue sur des longueurs jouissives qui vous tiendront en haleine.
Une belle réunion d’univers où chacun contribue au succès de la pièce Les gens meurent
À mon sens, la troupe de la pièce Les gens meurent est décidément capable faire rire avec tous les sujets, tous les formats… et de laisser libre cours à l’univers de chacun. Certes, on se tend à chaque reconstitution de ces 5 morts qui ont toutes leur part d’improbable. Et c’est dans l’improbable que la légèreté de la pièce ressort le plus. Le dosage est très fin entre les moments d’humour léger et d’instants poignants.
Autre part essentielle du succès de la pièce : la mise en scène de Tiphanie Bovay-Klameth. De l’aveu même des acteurs, elle a grandement contribué à ce niveau de qualité. On parle bien trop peu de ces regards extérieurs qui font vivre les pièces, mêmes celles sur la mort. Alors quand les acclamations sont unanimes, on savoure encore plus leur apport. J’ai également une pensée pour l’ambiance sonore très soignée et toujours inspirée de Charlotte Fernandez.
Les gens meurent était une réussite attendue, mais il fallait trouver les bons filons pour offrir ce beau résultat au public. L’équivalent de la France en football, mais qui ne manque pas sa cible. Je sais, cette analogie fera souffrir nombre de supporters français. Mais à y regarder de plus près, elle décrit bien la situation. La pression de délivrer le même niveau de qualité quand tout le monde vous attend… Mais aussi quand vous êtes la locomotive d’une scène locale restreinte et en quête de repères comiques… Rien n’était acquis et il était quasiment obligatoire de triompher.
Moralité : avant le trépas, profitons un maximum des réussites artistiques comme Les gens meurent. Il est bien trop commun de prendre pour acquis cette qualité, alors qu’à chaque fois, les artistes se démènent pour faire naître de nouveaux projets toujours aussi comiques. Jusqu’au prochain volet ? Avant cela, fort de ces 3 premières semaines fructueuses, la troupe prépare une tournée. Voilà qui devrait continuer à ravir le public !
Crédits photos
- Affiche © Nathan Hausermann
- Photos de scène © Opus One
Bonjour,
Je suis alllé voir le spectacle, mais cela m’ a laissé perplexe étant donné que braucoup de gens rieaient à se fendre le coeur quand l’humour était en dessous de la ceinture. Quand à votre critique sur la subtilité de la pièce me laisse coi, je trouve que c’est in tissu de grossièretés sans gêne, si cela est la culture d’aijourd’hui, je trouve que cela vol très bas.
Bonjour, je regrette que vous n’ayez pas apprécié l’humour injecté dans cette pièce. Il faut de tout pour faire un monde, et croyez-moi ça m’arrive aussi de voir tout le monde hilare et rester de marbre. En ce qui me concerne je maintiens complètement le fond de ma critique, une question de style d’humour peut-être ? 🙂