Pause hivernale 2021-2022
À l’heure où nous nous préparons à refermer le chapitre de l’année 2021 et à lever le pied, l’envie de regarder dans le rétro se fait sentir. Théâtres ouverts puis fermés, perte de contact avec les scènes ouvertes, émergence du live streaming, reprise des festivals, sorties de bouquins et reports en cascade ont rythmé cette année.
J’en retiens l’envie de me recentrer sur les propositions artistiques qui me donnaient le plus envie. Prioriser l’essentiel, mettre de côté l’accessoire : j’ai consommé du spectacle vivant en mode survie, de peur d’être à nouveau privée de ce que j’aimais.
Dans une année forcément difficile, les rendez-vous récurrents m’ont permis de tenir. Si je ne devais en retenir qu’un, c’est bien « le point du lundi matin » de l’humoriste Harold Barbé. Il racontait chaque lundi ses péripéties, m’apportant ainsi une motivation bienvenue pour surmonter l’enfer de l’open-space que j’ai retrouvé depuis quelques mois.
J’ai tenu bon malgré cette reprise de travail à plein temps. Je mentirais si je vous disais que je ne savais pas comment. En réalité, ce qui nous pousse, c’est toujours ce savant mélange entre les personnes pour qui nous faisons les choses et l’envie de survivre, de meubler le temps pour oublier les contraintes, le tumulte de nos vies.
Le spot du rire est à la fois une bouffée d’air frais et une charge de travail très conséquente. Chaque année, je me demande où je trouve la force de découvrir de nouveaux artistes, d’assister à de nouveaux festivals où je subirai un malaise vagal (vraie histoire), de me rendre régulièrement en plateau, d’alourdir ma liste de lecture de podcasts, etc.
Et dans le même temps, le simple fait de ne pas prévoir de spectacle sur une semaine donne l’impression d’un immense gâchis. À l’inverse, justement, les bons moments de l’année étaient nombreux. La découverte de l’humoriste Émilie Hamm, l’éclosion de William Pilet… La révélation de 2021 à mes yeux, et je ne suis pas la seule. Mais aussi la mue du spectacle de Marion Mezadorian, passé dans une autre dimension et très bientôt au Lucernaire ! Pour les néophytes, cette petite salle hautement qualitative est une consécration, surtout sur le segment seul-en-scène.
Je guette de très près l’ascension de ceux passés par la Petite Loge cette année, fraîchement diplômés ou en passe de l’être. La Petite Loge, c’est le cocon où le premier palier de remplissage cache une montagne d’énergie à déployer pour passer à la vitesse supérieure. Et la combativité dont tous ceux qui doivent remplir des 100 places font preuve… Ça me bluffe toujours autant. C’est aussi pour ça qu’en allant à Ruelle-sur-Touvre, je suis revenue avec le goût amer de n’avoir vu ni Guillaume Guisset, ni Avril sacrés.
D’après mon calendrier, j’ai repris le chemin des salles de spectacles le 29 mai pour voir Pierre Thevenoux au Point Virgule. J’ai achevé ce périple le 11 décembre pour le showcase d’un super-héros du rire : Humourman. Comme je l’ai dit plus haut, j’ai priorisé en fonction de ce que je voulais vraiment voir, renouant avec une expérience de spectacle authentique. Août m’a fait troquer mon style de vie ermite pour deux rendez-vous : des vacances à Lausanne pour voir le Ch’nit Comedy Club préparer sa naissance… Et Tournon-sur-Rhône, où j’ai découvert qu’il m’était impossible de m’endormir quand j’allais me pieuter à 2 heures du matin.
Et puis j’ai repris le boulot, jonglant de nouveau avec deux vies. Bis repetita, comme en 2019 avant que Léo Domboy ne croise mon chemin et pense qu’une personne aussi introvertie et ermite que moi pouvait tenir un rythme pailleté. C’est à ce moment-là que j’ai su que gagner ma vie dans l’humour ne pouvait pas avoir lieu. Quand on est trop passionné par quelque chose, on est incapable de faire des concessions et on se perd, on oublie de déconnecter. En tout cas, c’est ce que j’ai ressenti et je remercie le destin de m’avoir refusé une insertion professionnelle dans ce secteur. Peut-être que lorsque certaines choses seront plus stables et que je gagnerai en maturité, cela évoluera… Mais actuellement, rien ne sert de courir.
La fin d’année a donc été l’occasion de retourner à la Petite Loge ou au Métropole. J’ai profité de la venue de Blaise Bersinger à Paris, au Fridge, pour me sentir pleinement dans mon élément. Bien sûr, certains gros dossiers sont sortis, comme l’analyse de la représentativité des femmes en humour et la sélection artistique en festival ou encore le streaming. Ces articles me semblent essentiels pour prendre le pouls du secteur, comprendre ses tenants et aboutissants. Mais à mes yeux, ce n’est pas ça, l’essence de l’humour.
Je vais sûrement achever l’année comme je l’ai commencée : en écoutant Couleur 3 et en profitant du Nouvel An tranquillement, à l’abri de l’ivresse qui émane des années de crise. L’agitation va laisser place à cette période de repos, que j’espère aussi salvatrice pour vous que pour moi ! Et je sais déjà que je vais me surprendre à remplir de nouveau mon agenda avec enthousiasme. Alors que tout cela me semble surréaliste à l’instant T.
D’ici là, portez-vous bien, rendez-vous en 2022 et à très vite !