Solène Rossignol à l’assaut du rire thérapeutique
L’humoriste Solène Rossignol revient sur scène après quelques temps d’absence. Au Point Virgule et à la Petite Loge, elle a enchaîné quelques exceptionnelles ce printemps. Prochaine étape : un spectacle hebdomadaire cet été au Point Virgule, les mercredis à 19 heures.
Sur scène, Solène Rossignol parle du « courage qu’il faut pour ré-agencer sa vie »
L’ancienne pensionnaire du Beach Comedy Club, passée par le Festival d’Humour de Paris, a pendant un temps disparu des écrans radars. C’était avec un certain soulagement que je revoyais son nom trôner sur une affiche de spectacle. Le stand-up est affaire de vécu : un père parti et un divorce plus tard, cet art devient refuge.
Il a fallu ré-agencer sa vie, comme elle le décrit sur son pitch de spectacle… mais pas seulement. Ce passage à la comédie dramatique donne un nouveau souffle à sa proposition artistique. Comme Marina Rollman, qui parlait de dépression à la Petite Loge, Solène Rossignol fait rire sur des événements tristes ou dramatiques. Dépression pour Marina, divorce pour Solène : l’ambiance m’avait quelque peu refroidie dans les deux cas. C’était d’ailleurs la même chose pour Jessé. À chaque fois, l’intention artistique et le spectacle sont intéressants, mais pour l’évasion, c’est plus technique. Même si comme Jessé, Marion Mezadorian a livré quelques conseils qui s’aperçoivent. Néanmoins, Solène travaille avec une autre metteuse en scène : Marie Cécile Lucas.
Un spectacle en création, qui livre déjà de belles promesses
Quelques forces pointent déjà le bout de leur nez. Tout d’abord, Solène Rossignol a un clown. Il n’est certes pas aussi prononcé que celui d’Aude Alisque, mais c’est normal car la folie n’est pas le sujet ici. En effet, Solène Rossignol reste sur le quotidien, notamment la quête d’une nouvelle histoire d’amour.
Le pitch parle de « regard acerbe mais néanmoins plein de tendresse ». On y est, et le sujet est délicat. Sans avoir vécu un divorce, je retrouve quelque peu mon vécu dans le sien. Et avec lui, la quête plombante de reconstruction. Si l’atmosphère vous semble lourde, ce n’est pas que c’est mauvais, mais que la vie est lourde.
Un récit personnel, fidèle à la tradition du stand-up thérapeutique
Et pourtant, on survit, car tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Tout cela face à une gent masculine pas toujours coopérative pour satisfaire celles qui les sollicitent… et dont le détachement tranche avec cette sempiternelle quête de l’amour retrouvé. Sur ce sujet, Solène distingue trois types de relations amoureuses, les dissèque avec intelligence et nous dresse un portrait plutôt réaliste. Sur un sujet aussi éculé, c’est déjà beau. Pas étonnant qu’Usbek & Rica y consacre sa une pour son magazine d’été…
Pour la suite, que peut-on attendre de ce spectacle ? Peut-être que comme Marina Rollman, Solène Rossignol s’extirpera du rodage pour produire une œuvre aussi belle et légère qu‘Un spectacle drôle ? Ne lui mettons pas trop de pression sur les épaules, car Marina avait déjà une belle renommée lors de ce rodage… Mais la comparaison me semble intéressante : je retrouve cette même appétence à rire du drame et à chercher de la légèreté dedans.
Le stand-up thérapeutique est comme ça : c’est d’abord une thérapie pour l’artiste. Par la suite, une fois les blagues musclées, la thérapie se diffuse dans le public et devient communicative, comme les rires. Ce spectacle est une ode à l’envie de revivre qui pourra vous parler, vous inspirer et comprendre les femmes au-delà des caricatures (regardez cette vidéo de David Voinson, ça se passe de commentaires).