Mourad Winter, styliste du verbe
Mourad Winter revient avec un nouveau roman, Les meufs c’est des mecs bien. Peu de temps après le succès de L’amour, c’est surcoté, Mourad Winter devait donc reproduire le même exploit stylistico-comique en pondant une nouvelle intrigue.
Mourad Winter dans Les meufs c’est des mecs bien : entre conversion à l’islam, quêtes sexuelles et joutes verbales
Et cette intrigue est multiple : Wourad est de retour, mais il n’est plus aussi central. En face de lui, sa copine Adé(laïde) décide de se convertir à l’islam. Lui a d’autres priorités du côté pulsionnel tout en déroulant une galerie de personnages. Junior, Naïma, Nora, Rayan, Kader ou encore Verónica et @HollyQueenP, pour ne citer qu’eux, vont ainsi défiler à toute vitesse sous vos yeux ébahis.
On retrouve une kyrielle de références de Dany Caligula à Bilal Hassani en passant par Christine and the Queens, Édouard Balladur et Caroline Fourest. Le spectre est large, clairement. Ça envoie punch sur punch dans un exercice de style très mouradwintérien. Ainsi, l’auteur remanie la culture à sa guise avec une facilité déconcertante.
Selon l’éditeur, Mourad Winter fait aussi passer des messages… Qu’en est-il ?
Dans Les meufs c’est des mecs bien, Mourad Winter revient aussi sur la sociologie de ses personnages. En les vannant à tire-larigot, il offre par petites touches des portraits émouvants, truffés d’empathie. On comprend ainsi leurs excès, leurs travers ; plus largement ce qui fait leur charme et leur bravoure.
Cependant, n’allez pas imaginer que ces messages sont un calcul. L’équilibrage entre punchlines, roast, intrigue et analyse sociologique est parfait. L’histoire, qui se déroule journée après journée, est plus lente à se dénouer que dans le roman de Fanny Ruwet. L’expérience détonne après s’être habitué à des lectures comiques limpides, qui ne demandent pas tant de concentration et de référentiels.
Un roman qui ne ressemble à aucun autre
Les meufs c’est des mecs bien est un roman à part, qui ne ressemble à aucun autre. On a envie de connaître le dénouement et on se réemploie à avancer, nageant dans les références d’une précision chirurgicale. Mourad Winter a bel et bien inventé son propre style, pour le plus grand plaisir de ses adulateurs.
Comme sur les réseaux sociaux, ou plus anciennement dans son stand-up, il déroute. À quel degré nous parle-t-il ? Est-ce un génie ou un pêcheur ? Flirter avec l’offense, provoquer avec malice et sans gratuité… Rien d’étonnant qu’il s’entende si bien avec Alexandre Kominek ! Au terme de ce livre, la sensation sera peut-être étrange, unique. Laissez-vous tenter et porter : c’est ça, l’expérience Mourad Winter !