Étienne et Antoine au Trianon : ils l’ont fait !
L’automne dernier, Étienne et Antoine nous ont donné rendez-vous le 30 juin 2023 pour jouer leur spectacle au Trianon. Ils n’avaient jamais foulé de scène de stand-up, mais ils tenaient à créer une expérience grandiose. Pari réussi !
Étienne et Antoine et leur spectacle Rendez-vous le 30 juin au Trianon : l’histoire d’un pari fou
Étienne Lautrette et Antoine Piombino nourrissaient, comme tant d’autres, le désir de monter sur scène. Or la peur les empêchait de franchir le pas. Pourtant, pendant neuf mois, leur préparation intrépide prouvait qu’ils étaient de sacrés aventuriers du rire. L’histoire ne dit pas si Denis Brogniart était au Trianon, mais qu’importe. Ces deux transfuges de la pop culture ont, en deux dates, marqué l’histoire du stand-up.
Tout commençait pourtant de manière assez classique : par des scènes confidentielles, parfois miteuses. Heureusement, de belles rencontres les plaçaient sur des bons rails : Anissa Omri et Elsa Bernard du Cercle du rire, puis Fanny Ruwet… Ou encore Mahaut, Teddy Férent et Nash pour ne citer qu’eux. Pendant cette année, leur documentaire chapeauté par Nicolas Camillini, auteur-réalisateur, a fédéré une communauté prête à réserver ses places au Trianon en un temps record. Et l’expérience se prolongeait IRL au Random Comedy Club les mercredis au Kibélé et les dimanches au Chouchou Hotel. Et enfin, au rodage à la Nouvelle Seine, dont les premiers retours étaient très positifs.
L’émergence d’un nouveau genre : le stand-up cinématographique ?
Mêler vidéo et stand-up est désormais indispensable, mais ils sont peu à le faire avec un vernis cinématographique. En cela, Ambroise et Xavier précédaient ce qu’Étienne et Antoine viennent de créer. L’expérience va au-delà des vidéos YouTube hebdomadaires, aussi fédératrices soient-elles. Un écran géant, de la musique épique et des séquences vidéo de transition… La recette est plus innovante qu’il n’y paraît, et elle a fait mouche au Trianon devant un public survolté !
Le Trianon est la conclusion d’une expérience folle entre deux stand-uppers et leur public. Étienne et Antoine y revisitent l’expérience d’un spectacle d’humour. La revue Raymond fustigeait dans son dernier édito un heckler qui commandait à Paul Mirabel « le sketch du Marrakech du rire ». De même, les artistes ont l’habitude de délaisser les sketches captés pour le web, parce que l’effet de surprise meurt lors de leurs prochaines représentations en salles.
Or Étienne et Antoine prouvent que si vous ne dévoilez qu’une partie du show, vous recréez l’ambiance des concerts. Vous savez, ces moments où les premières notes des tubes enflamment la foule. Je n’avais jamais vu ça, et pourtant, cela semble si simple et juste de transposer l’expérience des concerts en humour.
Et le fond du stand-up d’Étienne et Antoine au Trianon, ça donne quoi ?
Sur scène, Antoine et Étienne passent à tour de rôle dans quatre segments. Ils abordent leur enfance, puis quelques points d’étape de jeunes adultes. Ces moments où l’on se conforme à un métier pour rassurer son entourage (statisticien vs. architecte — coucou Lorenzo Mancini), puis où on l’envoie balader pour en arriver au spectacle. Là encore, rien de nouveau sous le soleil…
Sauf que dans les détails, leur stand-up est pleinement autobiographique. Les call-backs entre les passages de l’un à l’autre, la connexion avec le public… Étienne et Antoine montrent ce que c’est, d’être de vrais auteurs-conteurs. De petits riens de la vie, ils font naître un spectacle à la scénographie impeccable, parfois plus audacieux que ce que la concurrence pond en davantage de temps.
Rendez-vous le 30 juin : un spectacle d’humour à part
Mais ce serait une erreur de comparer les stand-uppers plus classiques au spectacle d’Étienne et Antoine. Pour citer la devise du One More Joke, cette soirée était une expérience mémorable, marquante, un bonheur artistique à part. Et surtout le fruit d’un travail acharné, d’une prise de risque maîtrisée car nos deux compères respectent le stand-up. Ils ont respecté leur public, qu’ils ont su fédérer comme personne. La première partie, Guiguipop, était pour sa part dans la lignée d’un Sacha Béhar, dans la réappropriation des codes du stand-up. C’était sans doute perfectible, mais il savait tenir la salle, la chauffer et la convaincre !
Clairement, cette expérience inspirera la concurrence et solidifiera la professionnalisation du stand-up. Elle confirme aussi que le stand-up n’est pas forcément minimaliste et que ses formes peuvent et doivent être multiples. Un peu à la manière du GP Explorer de Squeezie, le spectacle d’Étienne et Antoine vulgarise aussi l’humour des années 2020 à un public du web. Reste à savoir si les professionnels suivront le train de la hype… Une hype pleinement méritée !