Humour instantané – L’after-concert de Sarclo et Albert Chinet

Juliette Follin 29/03/2024

Les plus anciens de ce blog se souviennent peut-être de la rubrique « Humour instantané ». Des moments forts comme la fois où j’ai croisé Lenny M’Bunga dans le métro, ou celle j’ai croisé Antek dans le métro, ou encore cette histoire au Bagelstein Bonne Nouvelle. On déterre le concept avec un concert (wow, c’est presque le même mot, mais comment fait-elle ?).

Mais pas n’importe quel concert. Dans celui-là, vous ne risquiez pas de croiser Clément Kersual ou Harold Barbé. Oubliez le Hellfest, pensez plutôt à un truc qui s’appelle « la carte postale de vos envies de groupie » ou « l’amicale des anciens d’Ivry » pour le côté chanson française interprétée par ce que d’aucuns classeraient dans la catégorie chanteurs à midinette, entre tradition et modernité…

Et un truc très bizarre s’est passé. Quand le spectacle a commencé, je n’arrivais pas à regarder la scène. Je regardais le coin de table, tête baissée. Comme s’il y avait un problème de légitimité, du genre « je fous quoi là, déjà ? » (important pour la suite). Plus tard, une autre personne allait profiter d’une chanson en comité plus restreint et regarder le sol aussi. Mais pourquoi fait-on ça alors qu’on a payé (ok, pas moi même si comme d‘hab je n’étais pas sur la guest list comme promis ! Albert ?) ? Pourquoi on n’assume pas le bouzin ? Peut-être trouvera-t-on la réponse dans le récit ci-après…


« Je suis désolé de vous le dire, mais vous faites un peu tache ici. » Cette boutade, Justine et moi l’avons entendue à l’issue du concert de Sarclo et Albert Chinet à Ivry-sur-Seine. Sarclo, musicien qui a l’âge de ma maman, nous balance cela comme seule interaction de la soirée avant de faire le tour du reste du public, chacun pouvant demander une chanson à la carte.

Generation warzone (ratatata, cric cric boum boum c’est la warzone)

Évidemment, la remarque évoque uniquement l’écart d’âge entre nous et le reste du public, qui oscillait entre 50 et 70 piges. Mais ça m’a fait chier. Parce qu’avec un peu de mauvais esprit (ou de paranoïa), on peut extrapoler ça au regard qu’on nous porte dans les salles de spectacle. Le hasard fait qu’on en parlait juste avant le concert. Je disais à Justine : après les plateaux d’humour, ils disent tous qu’on est psychopathes, alors qu’on a développé une expertise en allant voir tous ces spectacles. Pourquoi ferait-on flipper, on n’a pas le droit d’être des comedy nerds ? Ni professionnelle du spectacle vivant, ni groupie — ils ont du mal à nous classer.

Je me voyais plutôt avoir une discussion avec Sarclo ce soir-là. Lui dire que je n’ai peut-être pas de jardin pour accueillir sa roulotte charrette pour un concert privé avec le fiston… mais que j’ai bien lu son bouquin. Il trône à côté de Sick in the Head de Judd Apatow, la bible des comedy nerds, justement. Et que c’était monstre bien écrit. Vraiment, j’ai tout lu, des hommages à l’entourage aux chansons de Sarclo. Même si je suis jeune et qu’a priori c’était impossible de le découvrir sans la contribution d’Albert.

Infériorité numérique : de l’improbabilité d’être là

Revenons à ce concert pas comme les autres. Y assister s’apparentait à un miracle : il fallait apprendre à connaître Couleur 3, attendre qu’Albert intègre l’émission de Valérie Paccaud, découvrir sa musique (abonnez-vous et streamez fort), aimer sa musique, aimer sa musique si fort qu’on irait à ses concerts alors qu’on ne va jamais aux concerts, avoir envie de retourner à ses concerts, chercher un événement justifiant un énième déplacement en Suisse, trouver un événement dans le département. Un enchaînement somme toute attendu dans une vie, n’est-ce pas ?

J’ai sûrement eu peur que Sarclo pense que j’étais comme un personnage de la chanson « Sextape ». Je ne voulais donc pas être la dernière représentante du PG Beer Albert Singing Team. Je me suis donc cassée #CommeMadamedeTourvel. Dehors, il pleuvait des cordes et il fallait attendre 15 minutes pour le tram de retour avec la seule nouvelle chanson d’Albert en tête. Fallait la garder en mémoire, elle est nulle part pour l’instant.


Je sais pas choisir comme devise pour lancer le fan club d’Albert… « Sans décliner dans les charts » ou « Avec cette chanson j’ai grave pécho » (à chaque concert il en annonce une comme ça ; on peut pas la fact-checker) ? Et pourquoi PG Beer comme sponsor ? Réponse ici avec DJ Tolochenaz. Pourquoi la voiture ? Il a fait 9 heures de bagnole pour assurer ce concert et toi, qui lis ces lignes, t’étais pas là. Your loss. Join us pour ne pas rater le bonheur la prochaine fois…


Rendez-vous dans 50 ans

J’aurais dû rester ; si j’avais voulu me la jouer Steve-O dans Jackass, je lui aurais même lancé à Sarclo : « Tu n’veux pas chanter ta chanson “Mes couilles”, je te sens chaud ! ». Or là il aurait vraiment compris que je n’avais pas bien pris son apostrophe et oublié qu’Albert avait raconté l’histoire de cette chanson avortée ici. Alors que sur le moment, j’ai joué la carte de l’autodérision : « mais si monsieur de Senarclens Chinet, je suis bel et bien vieille, parfois j’ai froid aux genoux ».

Si j’étais encore en lice pour le titre de groupie de la soirée, je crois que j’ai tout perdu à ce moment-là (après, pour des raisons évidentes, je n’ai pas dit monsieur de Senarclens Chinet, ça aurait été trop intime de connaître son état civil, alors que l’info est publique, aussi bien que la devise de la famille, alors que l’info est publique). Toutefois, je me console en me disant que je crois qu’Albert a compris ma démarche. Il a poliment dit merci pour la com’, il s’est assis sur une chaise lambda en regardant son père jouer la sérénade à l’assemblée… Je ne sais pas à quoi il pensait — il avait l’air perdu.

Se voyait-il, dans 50 balais, chanter « Une dernière baise avant la fin du monde » à la demande en souvenir du passé ? En tout cas, si j’atteins ce palier du demi-siècle d’intervalle entre deux shows, contrairement à aujourd’hui, j’en n’aurais plus rien à foutre et je demanderais avec le même aplomb que la lady de ce 22 mars 2024 les deux chansons qui manquaient à l’appel ce soir-là. #LifeGoal #PGBeerAlbertSingingTeam #EyeContact #50YearsLater

Pro fan tip : Albert interprète toujours les choses différemment en live, alors (re)viens !

Sarclo et Albert Chinet : une expérience unique, dans la Vallée de Joux comme ailleurs

Je n’y étais pas (mais j’étais à la Mansarde à Renens, donc ça passe). J’ai envoyé la vidéo ci-dessous à plein de gens pour leur donner un ordre d’idée de ce qu’ils allaient voir. Mon répertoire a été fouillé de fond en comble et j’ai sollicité tous ceux que je pouvais avec des recommandations personnalisées. Pour une seule gagnante de cette expérience unique. En même temps, un vendredi soir à Ivry — j’ai même dû décommander un truc pour voir ça… Je sais ce que vous êtes en train de faire, vous essayez de garder ça pour les meilleurs, les petrolheads de la variétoche, bah on était là, voilà.

Espérons que la prochaine fois, grâce à ce papier, vous serez plus nombreux à faire baisser la moyenne d’âge. Albert a juste un peu plus d’abonnés que le spot sur Instagram, et vu son aura scénique, c’est scandaleux. Remédiez à ça en cliquant ici, y a des chansons et des blagues.

Crédits photo

© Justine Franc

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