L’ode hilarante de Florence Foresti aux Boys Boys Boys
Avec son spectacle Boys Boys Boys, Florence Foresti revient affirmer son statut de légende comique. Tous ses shows sont bons, mais celui-ci est peut-être le plus savoureux, moderne et hilarant.
Preuve de sa superbe, dès que vous atterrissez sur le spot du rire, le nom de Florence Foresti est en tête de gondole. Vous ne le voyez plus tant le slogan du site y est ancré. Notre promesse : vous faire découvrir les nouveaux Gad Elmaleh et Florence Foresti.
Florence Foresti dans Boys Boys Boys : la reine du rire réaffirme son statut dans un spectacle moderne, jouissif et authentique
Si côté Gad, l’ombre du tableau liée au plagiat casse l’ambiance, rien ne perturbe Florence Foresti. Boys Boys Boys confirme ce statut hégémonique, il le réaffirme même. Car Florence Foresti, lorsqu’elle narre son vécu de femme de 50 ans profitant d’une nouvelle jeunesse, est brillante de justesse. Sa force : se séparer des discours convenus sur les relations hommes-femmes pour se livrer de manière authentique.
Pacifiste desdites relations, elle ne tombe pas dans la naïveté pour autant. C’est le point qui fâche pour certains qui s’arrêtent à une amorce de blague, cessant d’écouter ou d’être en phase avec l’artiste. Quel dommage, car ce spectacle est un apaisement, une trêve engagée… peut-être autrement ? Boire le verre à moitié plein, tout en cisaillant le réel de sa plume totalement libre… Florence Foresti le fait à la perfection. Ce faisant, elle nous fait du bien et nous offre aussi de l’espoir dans la morosité ambiante.
Après la série Désordres, un regard féministe nuancé sur la société actuelle
Ce cadeau, elle aurait pu le garder pour elle, tant elle n’a plus à prouver son talent. Mais entre ce nouvel opus et sa série Désordres, elle nous cueille, nous émeut et nous irrigue de sa générosité comique. Sur scène, l’émotion nous saisit quand elle livre sa déclaration d’amour, la rendant trans-âge, surtout quand on sait de qui il s’agit et Ô combien ces deux-là « qui draguent sur site » se complètent au sommet du rire…
Cela n’a l’air de rien, mais tant d’artistes traversant les décennies perdent de leur superbe, tombant dans les ravages de la ringardise. Il faut voir la prouesse, la célébrer et faire voir ce spectacle au plus grand nombre. Car sous couvert de légèreté, le spectacle Boys Boys Boys de Florence Foresti nous fait réfléchir. Peu importe notre génération : je devais me rendre au spectacle, j’ai finalement offert la place à une membre de la génération Z… Elle a adoré, CQFD.
Ce ne sera pas le cas pour tous, mais je les invite à regarder à nouveau le spectacle dix ans plus tard, ou du moins en prenant de la distance. En 2024, ceux qui veulent faire sans les hommes, dessiner une société utopiste où les failles n’existeraient plus et réinventer des concepts millénaires n’ont pas le monopole de la réflexion. Je m’identifie mille fois plus à une Florence Foresti qu’à des vlogueuses qui assènent des théories de développement personnel sur l’amour de soi (en vendant des sextoys au passage) et narrent un quotidien qui ne correspond pas à la réalité.
Florence Foresti veut avant tout faire rire, laissant le militantisme aux essayistes (et aux influenceuses ?). On pourrait lui objecter que tout est politique et brandir les chiffres écrasants des violences pour contrer son ode aux hommes. Dans ce marasme, j’estime que la diversité des sensibilités, c’est le secret pour nous tirer vers le haut. Et cette distance teintée d’authenticité, Sandrine Blanchard, critique au Monde, l’apprécie tout autant que le spot du rire. À vous de trancher en regardant le spectacle !