Insolite – un humoriste devient coauteur des contrôleurs SNCF

Lors d’un de ses nombreux trajets entre Paris et Nantes*, Marc eut une idée folle. Profil Comique a eu le privilège de s’entretenir avec lui. Interview à 300 à l’heure.

Profil Comique : Racontez-nous comment tout a commencé.

Marc : J’étais tranquillement installé dans mon train quand j’ai entendu ce qui allait être l’annonce de ma vie. Le contrôleur a pris le micro et a fièrement dit : « Bienvenue dans ce TGV à destination de Hawaï, vous retrouverez au wagon bar des colliers de fleurs et des cocktails ! ». Il a ensuite révélé la supercherie pour que les passagers les plus crédules ne tentent pas de sortir.

PC : Pourquoi cette phrase fut-elle un déclic ?

M : Puisque les gens ont rigolé ! On peut s’accorder à dire que cette vanne n’est pas spécialement drôle… Et aussi, que si elle avait été dite dans une cave parisienne, elle n’aurait généré aucune réaction. Ça m’a donné énormément d’espoir — une vraie passion est née.

PC : À ce moment-là, vous vous êtes épris du métier de contrôleur ? 

Ah non ! C’est surtout la passion pour l’argent qui m’a animé. J’ai décidé de devenir producteur et coauteur pour les contrôleurs-blagueurs de la SNCF. J’ai donc créé ma petite boîte de production : Boute en Train prod. Ça claque, hein ?

PC : Nous laisserons nos lecteurs juger par eux-mêmes… En quoi consiste ce métier ? 

M : D’abord, je fais du repérage pour trouver mes futurs talents de l’humour ferré. Ensuite, en fin de trajet, je conclus un contrat avec eux pour devenir leur agent artistique. J’ai un avantage considérable pour les convaincre, c’est mon large réseau ! (rires)

PC : Ferroviaire ?

M : Non… Un réseau de contacts pour développer mes p’tites stars… Vous savez, qu’ils passent des Intercités aux grandes lignes ! Pour qu’ils se produisent dans les meilleures conditions possibles, le Graal : les classes business.

PC : La progression se déroule-t-elle toujours sans accroc ?

Malheureusement non. Pour tout vous dire, l’un de mes talents les plus prometteurs a fait une sortie de piste inattendue. Sa mauvaise blague l’a contraint à quitter la SNCF. Il a ensuite essayé d’aller jouer à la RATP… Or la place était déjà prise par trois humoristes — opportunistes d’après moi — les créateurs du Métro Comedy Club. Permettez-moi de vous dire que ce sont juste des joueurs d’accordéon moderne !

PC : Ne seriez-vous pas un peu jaloux de ne pas pouvoir conquérir le marché des métros parisiens ? 

M : Non. Pas du tout.

PC : Sûr ?

M : (pause) Je… Enfin… Ok, j’avoue, j’aurais aimé élargir mon champ d’action. Mais bon, je vis déjà très bien grâce à mes petites affaires…

Lors de notre entrevue, Marc n’a pas voulu nous révéler les termes concrets de ses contrats ou les secrets de son train de vie pas comme les autres.

Heureusement, nous avons mené l’enquête. Nous ne sommes pas les seuls, d’ailleurs ! En effet, Boute en Train prod serait en procès contre la SNCF pour détournement de fonds. Encore une sombre histoire dans ce drôle de monde qu’est l’humour…

*D’après une enquête menée par l’institut de sondage IFOP sur la fréquentation des trains par les humoristes suivant leurs évolutions, les rails des trajets Paris-Nantes sont les plus utilisés par les futurs ou jeunes intermittents. Puis, au sommet de leur carrière, tristement, d’autres sortes de rails trustent la première place…