La métamorphose de Tom Baldetti

Depuis le lancement de son spectacle Tome 1, Tom Baldetti a majoritairement construit sa carrière de stand-up dans les comedy clubs et sur les réseaux. Pourtant, c’est bien au théâtre qu’il a appris à devenir incontournable. Récit en plusieurs actes de sa métamorphose comique.

Rodage à la Petite Loge : de belles promesses, hélas inachevées

Nous avons eu la chance de voir l’une des toutes premières séances de Tom Baldetti à la Petite Loge. À l’époque, la structure du spectacle avait besoin de temps pour mûrir…

Mais les promesses énoncées sur scène, notamment dans la deuxième partie, pourraient ringardiser de nombreux artistes ! Le cercle familial de Tom Baldetti est assez fascinant, tout comme son parcours.

Cet atypisme est l’écrin parfait pour voir de nouvelles blagues naître et se consolider. Je le sentais : le spectacle se construisait sous nos yeux, mais il fallait renforcer les fondations.

Un spectacle produit par la Petite Loge et mis en scène par Marion Mezadorian

Le spectateur, préférant procrastiner avant de le découvrir, allait devoir parier sur le bon jour où le juger. Trop tôt, il pouvait se faire une idée erronée du personnage. Trop tard, il se ruinerait dans un grand théâtre.

Fort heureusement, votre serviteur avait un coup d’avance. Très bien connaître Perrine et Mélissa, à la tête du théâtre et désormais productrices de Tom… Sans oublier Marion Mezadorian, dont le travail a déjà propulsé vite, haut et fort Jessé… Cette chance, je la chéris clairement.

Le duo Mezadorian-Baldetti semblait, de l’extérieur, hautement improbable. Comment un punchlineur de comedy club, surnommé la sardine (sic !) en référence à ses vidéos virales, allait-il accepter de théâtraliser son œuvre ? Pourtant, ce choix était clairement salvateur. Il se dégageait une image certes cool, mais très lisse, chez Tom. Puisqu’il faut bien que jeunesse se fasse, on le laissait tranquillement évoluer sans se formaliser. Mais avec un soupçon d’inquiétude, reconnaissons-le. On n’était pas au niveau de Nono Standup, mais tout cela pouvait nous inciter à aller voir ailleurs !

Tom Baldetti au Petit Palais des Glaces, incubateur de standing ovations

En premier lieu peu convaincu par la méthode d’écrire sans ajouter de blagues, Tom Baldetti se laissait finalement convaincre… En résultait un récit fleuve, à l’image de la méthode de travail d’une Marion Mezadorian ou Alexandra Pizzagali. Encore fallait-il structurer le tout, mettre véritablement en scène l‘œuvre. En substance : couper dans le gras du texte, y ajouter les notes de rire…

Petits pas par petits pas, même si Marion et Tom jouaient le même jour et souffraient d’incompatibilité d’agendas, ils accordaient leurs violons. Il ne restait plus qu’une chose à faire : aller découvrir cette symphonie à la rentrée, lorsque Marion me donnait le feu vert pour juger Tome 1.

Au Petit Palais des Glaces, Tom Baldetti livre un spectacle qui tient ses promesses… et au-delà !

Les comedy clubs auront-ils suffi à crucifier Tom Baldetti dans la guimauve stand-up qu’on vous y sert chaque soir ? Dans ces salles de sport, ce qui distingue le sportif de l’artiste en stand-up, c’est d’abord le propos. Ensuite, il faut bien définir son style pour ne pas ressembler à tout le monde. Enfin, et c’est le plus important dans tous les cas, il faut faire rire !

Mélanger ces ingrédients, Tom Baldetti y est pourtant bien parvenu ! D’une part, sa maîtrise du stand-up équivaut à un Pierre Thevenoux de la génération Z. Écriture, punchlines affûtées, décontraction sur scène : tout y est ! Côté storytelling, Tom Baldetti pose brillamment le cadre, amène toute une palette d’émotions et livre un spectacle structuré comme un chef. Dans les interactions avec le public comme dans le happening, il offre en prime une image très positive du stand-up, à base de respect du public et de travail acharné.

Oubliée, la crainte de voir un énième stand-upper lisse penser plus à son style qu’à son art. Tom Baldetti est, tout simplement, en passe de devenir un grand artiste. Comme il est loin le temps où il faisait rire uniquement le 11^e arrondissement — son public est aujourd’hui bien étoffé ! En ces temps d’uniformisation du rire, cela fait un bien fou !