À la Petite Loge, Bruno Peki dans la cour des grands
Sur son affiche de rodage à la Petite Loge, Bruno Peki pointe son regard vers le ciel. Le Suisso-Brésilien, aux traits toujours aussi juvéniles, écrit pourtant son deuxième spectacle. Après Innocent, où il tentait déjà de casser une image lisse et candide, l’artiste genevois dévoile un grand potentiel.
Bruno Peki à la Petite Loge : jeune comique émergent ou vieux briscard de la blague ?
Pourtant, on ne l’attendait pas à pareille fête. Bruno Peki, ça a toujours été le mec qu’on aime bien, à qui on pouvait parfois pardonner un stand-up convenu. Avant de présenter son show à la Petite Loge en novembre dernier, il a passé un an à écumer les comedy clubs parisiens en s’y installant.
Le passage de Bruno en comedy club mainstream aurait pu, comme bien d’autres avant lui, le formater. Mais c’est mal connaître ce plus tout à fait gamin, parti à Montréal se former à la dramaturgie. Celui qui, dans la série suisse Délits mineurs, joue habilement un rôle de méchant ambigu et troublant. En bref, Bruno Peki n’est clairement plus le même que lorsqu’il soufflait sa 21e bougie sur le plateau des Bras Cassés.
La Suisse, la France, l’introspection, la quête de sens : un spectacle pluriel, à l’efficacité mordante
Dans ce cas, à qui a-t-on affaire ? De quoi parle-t-il dans son spectacle ? S’il n’y a pas de thème principal, Bruno va d’abord rire du rapport déséquilibré entre France et Suisse… Un passage obligé pour tout nouveau suisse pointant à la Petite Loge ! Quelques angles inédits viennent toutefois surprendre le spectateur francophone aguerri.
Autre grande thématique : l’introspection, la quête de sens, le bonheur et l’amour. Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous ? Détrompez-vous ! Bruno Peki a une force : sa personnalité. Ambassadeur à Stop Suicide, une association suisse qui fait beaucoup de bien, il sensibilise à l’importance de la santé mentale. Comme Wiesel, Peki n’est pas là pour se donner bonne conscience auprès de bonnes œuvres.
Bruno Peki à la Petite Loge : un stand-up généreux, revigorant, qui ne manque pas de mordant !
Dans son stand-up, cette générosité transparaît. En résulte un spectacle revigorant, doté d’angles vraiment étonnants, plein de promesses dès sa genèse. Au-delà des thèmes, la vraie force de son show, c’est sa préparation. Aucune hésitation, aucune virgule placée au mauvais endroit. Voilà qui rappelle, avec une certaine nostalgie, les passages de Charles Nouveau et Alexandre Kominek dans le plus petit théâtre de Paris…
Le rythme est celui d’un métronome — rien d’étonnant dans un pays qui aime tant ses trains qui arrivent à l’heure. Bruno Peki, loin de son image prétendument lisse, est plus mordant que jamais. À l’image de ses chroniques chirurgicales sur France Inter, il démontre une réelle progression en un temps relativement limité. La suite n’en sera que plus alléchante !