Heimweh, Revue de Lausanne 2024 et Wiesel/Décosterd
Malgré l’état étrange du monde (et le sort réservé à nos humoristes Merwane Benlazar et Rosa Bursztein ces derniers temps — oui, j’avais écrit ces lignes avant tout ce bordel…), certains signaux me font espérer que 2025 sera un bon cru. L’un des premiers spectacles vus en janvier démystifiait l’idéal de l’identité suisse. Au Théâtre de la Bastille, je retrouvais ainsi Donatienne Amann avec trois autres comédiens pour une pièce sur le mal du pays helvète… Son nom : Heimweh / Mal du pays : tout un programme ! Figurez-vous que même Le Monde a écrit un papier dessus ! Un rêve éveillé, tout aussi joussif que la découverte de cette pièce. Depuis plusieurs années, elle se fraye un chemin dans les théâtres en France, en Belgique comme en Suisse.
Heimweh commence par un long monologue d’un Français… On prie pour que les Suisses viennent à la rescousse, ce qui finit par arriver. Ils digressent, parlent tout bas, comme enfermés dans la lenteur et le calme local. Le premier protagoniste est au bord de la crise de nerfs, il en cassera quelque chose devant un parterre toujours aussi silencieux et imperturbable. Un bonbon-OVNI parfait pour découvrir l’ambiance à la Suisse et à quel point tout cela pèse sur les Suisses eux-mêmes…
La Suisse, terre d’Eurovision en 2025 et célébrée de la Revue de Lausanne 2024 au spectacle éphémère de Thomas Wiesel
Il m’a suffi d’aller en Suisse un week-end pour réaliser que cette contrée accueillera l’Eurovision cette année. D’ordinaire, le monde de l’humour romand (à part sans doute Blaise Bersinger) semble hermétique à ce concours. Or quand Nemo succèdait à Céline Dion, Thomas Wiesel regardait et commentait la finale pour la première fois. Dans son spectacle éphémère consacré à l’année 2024, il entamait naturellement sa revue annuelle avec Nemo.
C’est aussi un des volets de la Revue de Lausanne 2024. Ce qui est plus qu’une comédie musicale annuelle avec un segment stand-up abordait cette année le thème de la presse. En effet, si en France, c’est le bordel côté journaux, la Suisse est aussi dans la tourmente. Fusion de groupes de presse, délocalisation possible à Zurich pour parler des actualités romandes… Et bien sûr, la RTS qui va devoir faire des concessions pour accueillir l’Eurovision… Les médias n’étaient pas en reste.
Comme l’année dernière, j’ai adoré la Revue de Lausanne 2024… Je l’ai trouvé plus époustouflant, ce qui m’a permis de bien vivre l’absence de Blaise sur scène ! Je commence d’ailleurs à m’attacher aux figures récurrentes de la revue et apprécier cet autre genre de spectacle vivant. Au bout de deux heures au Pavillon Naftule, aucune lassitude à déplorer ! Un exploit. Entre le rythme, la diversité des tableaux et cette manière de revisiter la chanson de Nemo… Tout était parfait. Sauf peut-être l’absence de cette reprise de Nemo dans la captation, mais au moins, ça justifie le déplacement hivernal !
Benjamin Décosterd, le chroniqueur-humoriste qui sort de son cocon
Ajoutons à ce dense programme de la mi-janvier un troisième spectacle : la première heure de Benjamin Décosterd. L’auteur comique quitte l’ombre (même s’il captait déjà la lumière en chronique…) pour une première heure de stand-up.
C’est toujours exotique de voir des nouvelles têtes se lancer sans filet dans le stand-up. Quand les Suisses s’y mettent, ils sont prêts. Celui qui aurait pu avoir une image un peu lisse qui lui colle à la peau s’en dépêtre très bien. Très assuré sur scène, il n’a eu aucun mal à assurer les segments de stand-up de la Revue de Lausanne en remplacement du taulier local, Nathanaël Rochat.
Quant au spectacle de Thomas Wiesel, il a fait son apparition sur YouTube quelques heures après que je l’ai vu. Heureusement que je ne suis pas venue que pour ça… Même si découvrir le Pavillon Naftule, ce chapiteau géant qui fleure bon la fondue et l’humour romand, était un événement en soi !
Crédits photo
© Amélie Perrod