Reda Saoui en rodage à la Ferme Comedy : essence intime

Reda Saoui est l’un des espoirs de l’humour québécois. Installé en France depuis plusieurs années, il développe son spectacle Ailleurs c’est pas là-bas depuis quelques temps. On a assisté au rodage de Reda Saoui à la Ferme Comedy, l’occasion de réaliser un point d’étape.

De son expatriation en France, au racisme ordinaire, en passant par sa nouvelle vie de châtelain et son embolie pulmonaire. Une parenthèse de vie bien chargée.

Extrait du pitch du spectacle Ailleurs c’est pas là-bas de Reda Saoui

Reda Saoui à la Ferme Comedy, le comedy club des déracinés

Avant de parler du spectacle de Reda Saoui en création, laissez-moi vous parler de la Ferme Comedy. Le lieu, certains l’ont peut-être découvert avec le plateau des Ouais Ouais Ouais. Il y avait Melikoun dans les jeunes pousses qu’Avril et Pierre Metzger voulaient mettre en lumière en première partie. On pouvait aussi croiser Réda Seddiki de temps à autres.

Ces deux-là n’ont pas bougé du sous-sol de cette cave à Château d’Eau. Ils y invitent tous les « déracinés » qui souhaitent bénéficier d’un espace de liberté pour créer. Parmi eux, on retrouve ainsi Reda Saoui, l’humoriste québécois très apprécié de ses pairs. L’opportunité de le voir créer en toute intimité semblait donc aussi insolite que magnifique, et pourtant, la salle pouvait encore accueillir du monde.

Quelque part, tant mieux : rien de tel qu’un public parsemé pour se heurter à l’honnêteté de ses réactions. Les blagues n’en seront que plus efficaces au terme de la création !

Technique irréprochable, développement prometteur

Tous les dimanches, Reda Saoui planche donc devant un public de privilégiés sur le spectacle Ailleurs c’est pas là-bas. Ce show mêle des sujets habituels et légers à des plot twist qui emmènent… ailleurs ! On retrouve la technique bien connue chez les humoristes québécois, souvent à la pointe en la matière.

J’ai rarement vu un spectacle autant conçu à la limite de l’intime. Sans coup férir, on se retrouve à vivre un moment puissant de spectacle vivant et à se prendre une claque. Créer à partir de choses indicibles est en effet le défi le plus ardu pour les artistes. Certains ne s’y aventurent jamais, au risque de se brûler les ailes.

Mais Reda Saoui n’est pas là pour survoler son sujet. Avec son homonyme Seddiki à la régie, il offre au public un moment de rodage aussi généreux que tortueux. Le travail étant en cours, il est tour à tour éclatant et perfectible. À voir et revoir absolument !