Rosa Bursztein dans Dédoublée : alerte spectacle incontournable !

Rosa Bursztein propose son nouveau spectacle, Dédoublée, au Théâtre de l’Œuvre à Paris et en tournée. La comédienne et stand-uppeuse en a fait du chemin depuis ses débuts à la Petite Loge (relisez notre critique de Tenir debout, si ça vous intéresse). Guidée par un vent de liberté et d’indépendance, elle a su créer une œuvre singulière dans le milieu du stand-up.
Rosa Bursztein dans Dédoublée : 80 minutes de bonheur !
Dans Dédoublée, l’audace paie. Dès les premières secondes, Rosa Burstzein met à l’aise le public. Sur l’échelle du drôle, les rires timides sont ainsi rangés au placard pour faire place à une hilarité diffuse. Cette sensation cueille ainsi les spectateurs dès l’entame du show, et c’est suffisamment rare pour le souligner.
Le secret de la réussite de Rosa réside dans ses angles percutants et son authenticité désormais signature. Qu’on la connaisse sur les ondes de France Inter, ou qu’on l’ait lue, ou encore entendue dans « Les mecs que je veux ken », sa marque de fabrique rassure et dope les réactions du public.
Un spectacle au dosage parfait entre stand-up efficace et émotion savamment distillée
Le spectacle alterne avec une justesse déconcertante entre comédie pure, émotion brute et folie douce. La comédienne et la stand-uppeuse ne font plus qu’un, au service d’un texte porté par un vécu palpable. En prime, l’un des fils rouges, la quête de l’être aimé, est si éculé qu’on ne s’attend plus à rien d’innovant. Alors quand cela arrive, c’est tout simplement jouissif.
Cela est d’autant plus fort si l’on rembobine jusqu’à l’épisode des « Mecs que je veux ken » où Gad Elmaleh apparaît. Entre lui et Karim Kachour qui la sermonnent avec force mauvaise foi, Rosa résiste et se débat comme un beau diable. En cause : son évitement des plateaux, qui la rendraient moins efficace. Clairement, ni Gad, ni Karim ne vont voir du stand-up de manière régulière hors des clubs.
Mais alors, comment fait-elle ? En travaillant d’arrache-pied, en se nourrissant d’un vécu qui vous saisit tant sa quête affective était puissante. Il est mille fois plus simple de s’identifier à des personnages authentiques, qui savent raconter et se raconter. Son storytelling mêle ainsi une narration de ses origines à travers des portraits de ses ancêtres habilement reliés au reste du spectacle.
Elle a également pour elle une culture artistique et humoristique riche et variée, alimentée par un désir d’indépendance qui la rend singulière dans ce milieu très concurrentiel. À tel point que si j’avais eu un mot à dire sur la note de Télérama sur le spectacle, je lui aurais mis un quatrième T. En effet, ce spectacle fait clairement partie de mon top 5 de tous les temps. De la technique irréprochable à la connexion avec l’artiste, tous les voyants étaient au vert. Que demander de plus ?
Quelques recommandations
Rosa a l’habitude de partager des recommandations culture dans son podcast. Je lui rends la pareille en vous ordonnant, tellement je les ai appréciés, d’écouter les épisodes avec Maxime Gasteuil et Gad Elmaleh. Celui avec Maxime montre à quel point se faire son trou indépendamment des clans vous sort du ventre mou du LOL.
Également, celui avec Gad est une bouffée d’air frais, loin des monologues que la légende du rire a pu faire par ailleurs face à des hosts qui lui servaient la soupe sans distanciation. Pour clore le sujet de l’efficacité sans faire des plateaux, je vous renvoie à l’opinion de Djamil le Shlag, étayée au début de cet épisode de « Podkassos »… Sans surprise, un autre artiste indépendant et sans concession !