Si CopyComic œuvrait en 2025, que ferait-il des réseaux ?

Juliette Follin 14/04/2025

Cela fait longtemps que CopyComic ne produit plus de vidéos, mais en 2025, avec les réseaux sociaux, qu’aurait-il à nous dévoiler ? Pour rappel, en 2017, CopyComic a dévoilé ce que la profession savait déjà : certains artistes maniaient très bien le vol de vannes. Si le public a rapidement pardonné aux plus grands du rire concernés, la secousse atteignait le milieu avec quelques remous.

Pillage algorithmique : en 2025, CopyComic aurait-il assez de temps pour épingler les copieurs ? (A priori, non.)

Maintenant que tout le monde est au courant, on se dit sans doute que tout cela est derrière nous. Sauf que depuis 2017, un changement énorme est à l’œuvre. La révolution des réseaux sociaux et des algorithmes a profondément transformé le métier de la programmation artistique. Le nombre d’abonnés vaut souvent beaucoup plus cher que le talent avéré.

Pourquoi cela importe-t-il ? Car si le public s’intéresse à l’originalité des créations, l’algorithme, lui, reste de marbre. Quand les vidéos virales commençaient à prendre de l’ampleur, certains artistes ont constaté quelques coïncidences entre un humoriste A et un humoriste B copieur, l’humoriste B profitant souvent d’un buzz plus conséquent. Certains ont fait amende honorable en s’excusant discrètement, tandis que d’autres ont pillé sans vergogne.

Or aujourd’hui, la production de contenu doit surtout être régulière pour engager les communautés. Les effets bénéfiques pour le compteur d’abonnés impressionnent. Nombreux sont les artistes à me remonter que leur contenu a fait l’objet d’un plagiat, parfois de comptes de personnes qui ne pratiquent même pas l’humour… Jusqu’ici, tant que cela restait sur les réseaux, c’était surtout préjudiciable pour l’humoriste A.

Les Américains vont-ils à nouveau nous regarder avec méfiance ?

Mais désormais, on me rapporte un phénomène devenu institutionnel ou systémique, qui irait même jusqu’à copier la viralité de contenus américains. L’histoire se répèterait-elle sous nos yeux ? L’idée n’est pas de name and shame les concernés, mais d’alerter les programmateurs et le public. Si vous vous basez uniquement sur le nombre d’abonnés, ce n’est plus seulement une connerie mais un danger inédit, qui pourrait sonner le glas de la création artistique. Bien sûr, dans le tas, il y aura des humoristes compétents qui ne voient qu’un raccourci pour réduire leur temps de production pour les réseaux. Mais comment faire le tri ? Les équipes de programmation ont-elles le temps pour ce faire ? (Spoiler alert : non.)

Néanmoins, il est grand temps d’amorcer un autre virage. Programmateurs, soyez a minima au clair avec les biais algorithmiques. L’humour n’est pas qu’un business : la profession se bat pour l’ériger en art depuis des années. Et puis, au bout du compte, ce sont les spectacles qui font les artistes et les carrières. En somme, à long terme, vous perdrez au change. Ne l’oublions jamais — pas besoin de sortir CopyComic du placard pour le rappeler.

Bonus track : interview de l’avocat de CopyComic (février 2025)

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