Interview Adrien Montowski – « Je suis l’outsider du stand-up »
Adrien Montowski a toujours été là, mais peu en interview. Comme une relique inestimable qui fait partie des meubles, il semble acquis à ses pairs et à son public fidèle. Or Adrien Montowski est l’un de ces milliers de talents qui ne suscite pas assez d’attention.
Clairement, cette attention, il la mérite. Est-ce un trop plein de modestie, ou une proposition artistique trop élaborée, qui déroute les observateurs ? Nul ne le sait, mais aujourd’hui, on a à cœur de rétablir la vérité. Adrien Montowski est drôle, et vous devez le savoir.
L’interview d’Adrien Montowski
Pour débuter l’interview d’Adrien Montowski, j’ai repris une coupure presse de L’Est républicain pour guetter sa réaction. Je vous la reproduis ci-dessous :
Adrien Laurent-Montowski, le petit gars de Champigneulles et Nancy, ne voulait devenir rien d’autre qu’Adrien Laurent-Montowski. Dans toute sa splendeur… et toutes ses failles aussi. Adrien était mûr pour l’humour et l’autodérision. Paré pour le stand-up ! « Dans ma famille, on a toujours été très marrants, disons. Mais bon, il y a beaucoup de gens marrants. De là à en faire son boulot… » Il y a un pas qu’il a dû faire contre sa propre nature de grand timide. « Ce qui aurait constitué un handicap si je n’avais pas cette capacité à me mettre des coups de pied au c.. »
Commençons donc par-là, et sa première réaction : « J’ai déjà entendu quelque part que les grands timides font les grands acteurs. »
Jean Dujardin dit par exemple : « On ne nous croit jamais quand nous autres, comiques, disons être pudiques et timides. Mais c’est vrai… Les acteurs de comédie sont timides. »
Je crois qu’une personne expansive ou extravertie dans la vie me touchera moins sur scène. Pour un timide, je vais me dire : « wow, il va vraiment s’ouvrir ! ».
Je ne suis pas timide, mais réservé. Partir à Paris pour faire du théâtre m’a amené à contrer cette réserve. Je me suis vite bousculé, parce que ma vie rêvée serait de regarder des films toute la journée, sous la couette ! Enchaîner les épisodes de The Office jusqu’à m’endormir… Mais ce n’est pas possible ! Je me sentirais coupable si je vivais ainsi.
Peux-tu revenir sur ton parcours de footballeur devenu comédien puis humoriste en passant par New-York ?
Dans ma famille, on joue au foot depuis toujours. J’ai commencé à 5 ans, et je suis parti de chez moi à 13 ans pour intégrer un centre de préformation.
On était une vingtaine dans tout l’est. Je n’étais avec ma famille que les week-ends. C’était un peu dur, petit, de partir de la sorte. Ensuite, j’ai intégré le centre de formation de l’AS Nancy Lorraine. J’y ai joué jusqu’à 18 ans. Pour tomber dans l’originalité, je me suis blessé au dos. J’ai été prêté au club de ma ville, Champigneulles. À ce stade, je n’en pouvais plus du football. Je n’avais pas vécu les mêmes expériences que les gens de mon âge, avec les filles notamment…
J’avais envie d’autre chose : à 19 ans, j’arrive à Paris. À l’époque, je savais ce que je ne voulais pas faire : rester chez moi, avoir un travail « classique », même si c’est horrible de le dire ainsi. J’ai intégré les cours Florent puis devenir comédien. Ça a duré 10 ans. À mon arrivée à Paris, ma grand-mère me disait tout le temps : « Va faire le comique ! », je lui répondais : « Non, comique, c’est un vrai métier ! ». Mais moi, je me voyais comédien. C’était sympa un temps, mais je ne savais pas encore où aller. Au début, c’était un truc d’ego : se voir à la caméra… Et à la longue, la lassitude arrive. Suivre les ordres d’un directeur de casting a fini par me gonfler.
D’où ton arrivée dans le stand-up, j’imagine…
Des comiques de Nancy m’ont proposé d’assurer leur première partie. Ils m’ont poussé à aller dans ce registre comique. J’ai préparé un passage pour eux. Dans le même temps, j’avais commencé à écrire — j’écrivais avec mon ex-copine. Ma première scène était au Chinchman Comedy Club le 31 mars 2014. Je vais donc bientôt fêter mes 6 ans de stand-up !
Le stand-up, c’est trop bien. Tu écris, et tu es vraiment à poil. Sur scène, si les gens ne rient pas, tu as l’impression qu’ils ne t’aiment pas. Au début, ils ne m’ont pas aimé tout de suite, puis c’est allé de mieux en mieux.
Ensuite, j’ai arrêté ma relation avec mon ex et j’en ai profité pour aller à New York. J’ai toujours voulu y aller seul. J’ai toqué aux comedy clubs, je les ai appelés… J’essayais de me débrouiller avec mon anglais ! La première question de la bookeuse du Comic Strip, c’était : “Are you as good as Gad?” Je lui rétorque : “Gad who?” (rires).
J’y ai joué 3-4 fois, dont une fois en français. J’ai fait la première partie de Léopold, qui était aussi à New York.
C’était trop bien : écrire des blagues à New York et se retrouver à jouer devant un public français… C’était un public exclusivement composé de banquiers, pour l’anecdote.
À mon retour en France, tout s’est enchaîné. J’ai joué mon heure de spectacle. Bizarrement, je me suis senti plus légitime. Même si au fond, ça n’a rien à voir de jouer là-bas et de gagner de la légitimité.
Tu parles de ton spectacle, The Big Montowski. Pourquoi ce choix de titre à l’inspiration cinématographique ? À quoi peut-on s’attendre quand on achète un billet pour te voir ?
Faire ce clin d’œil au film The Big Lebowski était peut-être un truc de niche. En fait, je suis très cinéphile ! Je pouvais aller voir jusqu’à 5 films par jour. Pour m’évader, peut-être — le cinéma, ça sert à ça !
C’était une marque de respect envers le cinéma. En plus, j’adore l’univers des frères Coen. Au final, peu de gens avaient la référence… Ce qui m’amusait, c’était le côté absurde de quelqu’un qui n’a rien à faire là, on ne sait pas pourquoi il fait ça.
Je voulais jouer sur cette étrangeté, mais aussi proposer quelque chose d’assez carré quand même ! Dans mes spectacles, je voulais toujours 80 % de carré. Je m’autorisais donc de ne pas savoir ce qui allait se passer le reste du temps. Je voulais relever le défi de garder ces 20% d’incertitude !
D’où vient cette appétence pour le test, l’incertitude ?
J’aime aller voir des gens en rodage. Si c’est tout le temps carré, ça me touche moins. C’est sûrement un ressenti d’humoriste… Mais j’aime bien voir les failles, voir une tête bizarre ou vivre un moment étrange, où l’artiste se trompe par exemple.
Revoir les spectacles pendant leur rodage pour observer leur évolution et relever les anomalies, ça te tente aussi ?
Il n’y a que les anomalies qui me font délirer ; les blagues, je n’aime pas ! (rires) Quand il y a un imprévu, l’artiste est souvent assez habile pour rire de son malaise. J’adore !
Finalement, dans toutes tes propositions artistiques sur scène et en vidéo, on retrouve aussi cette part d’incertitude. Par exemple, ta récente vidéo du « Championnat du monde de mime derrière le canapé » contient près de 82 gags à la seconde !
C’est vrai, il y en a beaucoup. Il y a peut-être un peu trop de blagues, d’ailleurs. Je m’explique : selon l’un de mes potes, elle est trop dense pour que ça fasse le buzz. Je l’ai pris comme un compliment !
Il y a une part de visuel, mais aussi des gags intégrés dans le texte où Sylvain et moi, on se répond. Ça rebondit en permanence ! J’énonce plus de commentaires, tandis que Sylvain intervient quand il faut, plus calmement. Ça donnait une belle complémentarité. Et on s’est vraiment bien amusés à le faire.
Ce n’est d’ailleurs pas ta seule vidéo avec Sylvain Fergot, vous aviez proposé « EPAF » il y a quelques mois. Sans oublier tes frasques vidéos en solo, « La classe de mer » ou « Le mug »…
La classe de mer, ça me ferait marrer de l’utiliser en introduction de mon prochain spectacle. Je n’ai jamais vraiment utilisé ce passage, à part dans certaines scènes. En réalité, quand je le joue, je travaille à l’optimiser pour que ça puisse être solide en spectacle. C’est une manière de voir comment les gens réagissent : l’anecdote est-elle trop longue, par exemple ?
Avec ce que tu me dis, j’imagine que pour un critique de spectacles, ça doit être difficile de le juger ! Si tes qualités artistiques sont avérées, il ne peut pas vraiment utiliser son prisme de lecture habituel pour juger une œuvre aussi originale.
C’est vrai.
Et justement, le spectateur est souvent en quête d’originalité. Tu en parlais dans le podcast de Mo Maurane, d’ailleurs. Cultiver son originalité et imaginer des gags improbables, ça ne s’apprend pas, à moins que ça ne se nourrisse de qui tu es dans la vie ?
Ce sont des références, des choses qui viennent de toi avant tout. Je cherche vraiment à trouver des choses qui me correspondent. Je ne cherche pas à faire rire untel ou untel ou à aller chercher le spectateur.
Soit le public vient avec moi et trouve ça génial, soit le public attend des punchlines. Dans ce cas, le « décalage » (même si je déteste ce terme) peut les laisser sur la touche.
Récemment, j’ai joué à Angers. Des jeunes sont venus me voir car ils ont trouvé génial le passage des doigts d’honneur au ralenti. Ils voulaient s’en inspirer pour imaginer une chorégraphie dans leur école… Si ça se trouve, j’ai peut-être une part de danseur en moi ! (rires) C’est très encourageant de recevoir ce type de retours.
Maintenant, il y a une reconnaissance à construire…
J’aime proposer des choses « exceptionnelles », dans le sens où elles ne sont pas récurrentes. J’essaie de changer cela. Quand tu joues souvent les mêmes choses, tu es moins confronté au bide. Tu auras des performances moyennes à la place.
Le stand-up, c’est magique : tu fais rire les gens, ils viennent te voir pour ça. Mais ça peut vite m’ennuyer : c’est pour cela que j’essaie de jouer 3 à 4 soirs par semaine plutôt que tous les jours.
Avec les vidéos, tu peux en effet passer d’une activité à l’autre.
Certes, mais avec tout le temps que j’ai, je pourrais mener les deux de front et produire plus !
Pourquoi ne t’estimes-tu pas productif, donc ? Tu as peut-être moins envie de solliciter des dates ?
Je déteste ça ! Ça m’effraie d’envoyer un message pour ça. Je le fais, car je suis obligé comme je prépare la Soirée des humoristes de demain. C’est le tremplin de découvertes du Festival d’humour de Paris (FUP) [initialement prévu en mars mais reporté, nouvelle date à confirmer, Ndlr.].
Certains humoristes sont trop cool : ils me proposent de faire leur première partie pour préparer le festival, par exemple. Ils me sauvent la mise ! Pour résumer, personne ne me connaît : je suis l’outsider du stand-up.
Effectivement : ceux qui te connaissent aimeraient que tu sois plus connu, Cyril Hives en tête. Les autres n’ont pas ou peu entendu parler de toi.
Cyril Hives, je l’adore ! C’est très vrai : ça fait six ans que je joue, mais je travaille dans l’ombre. J’avais le Beach Comedy Club à un moment, je choisissais mes scènes.
Ma carrière, ça a toujours été un peu ça. C’est comme si, sur le terrain, il y avait un blessé. Et là, je rentre avec le n°14 dans le dos et je dois marquer.
Je ne suis pas vraiment dans un esprit de compétition, alors que paradoxalement je viens du milieu du foot. Participer au FUP, c’est sortir de ma tanière en quelque sorte. Quand la directrice artistique du Point Virgule, Antoinette Colin, me le propose, je ne me vois pas refuser ! Je prends ça comme une opportunité et un kiff. Là, je suis content : c’est Bobino, je ne jouerai plus de ma vie là-bas ! C’est le moment de passer ce cap et de devenir plus visible.
Comment pourrait-on t’aider à être plus visible, justement ?
Déjà, il faut que je passe ce cap où les gens se disent : « Montowski ? Oui, il est drôle ! » plus que « C’est qui ? ». Ça te permet d’être tranquille. En effet, le stand-up est une petite communauté, où tout peut évoluer vite. Mentalement, je me suis débloqué récemment pour me moquer du regard des autres et proposer ce que j’ai envie de faire sans réserve.
Sais-tu d’où est venu ce déclic ?
On me questionnait de plus en plus pour savoir où j’en étais. J’ai senti une attente, et j’ai envie d’y répondre. Donc allez, on y va — qu’est-ce qui peut se passer de pire ?
Tu sembles assez hermétique à la critique, en tout cas moins sensible que d’autres. Est-ce le cas ?
Une mauvaise critique, c’est toujours difficile à encaisser. Et effectivement, j’y suis de moins en moins sensible. Avant, je me cachais plus, c’était une manière d’esquiver les critiques. Plus tu te découvres et plus tu t’exposes, plus on te juge.
Tu parlais du Beach Comedy Club, une scène que tu as montée avec d’autres humoristes. L’expérience te manque-t-elle ?
Non. Ça a duré un bon moment, puis l’équipe a changé. C’est resté très cool, mais le remplissage ne suivait plus. On se demandait si ça valait le coup de jouer avec 10 réservations… Et on s’est dit que si on n’avait plus envie d’y aller, il fallait sans doute arrêter, sans regret.
Sur quoi intervenais-tu là-bas ? La programmation, la communication ?
On faisait tout ensemble. À la base, il y avait Laurent Sciamma, Murphy Ongagna, Solène Rossignol et moi. C’est devenu un truc cool dans le stand-up, mais underground. On jouait toutes les deux semaines, les artistes étaient contents d’y jouer…
Le concept de base, c’était de proposer 10 nouvelles minutes à chaque édition, toutes les deux semaines. Ça nous a inculqué une discipline, et on a vécu cette pression, la veille, de boucler le tout pour être prêt le jeudi soir. On y allait avec panache, et les gens adoraient ça.
C’était une scène renommée, alors qu’elle se tenait en même temps que le One More Joke, le plateau qui a sans doute connu la plus belle success story du stand-up.
On ne pouvait pas rivaliser avec leur force de frappe ! En revanche, le public aimait retrouver les 4 résidents et nous voir évoluer, nous casser les dents sur certains sujets.
Je me souviens d’un moment assez fort. Le Beach Comedy Club, ça se jouait rue de Charonne. Dans la rue, il y a eu les attentats du 13 novembre et on y jouait quelques soirs plus tard [voir cet article pour comprendre l’état d’esprit de l’époque, Ndlr.]. M6 était venu pour le tournage de 66 minutes, je crois… Il y avait un truc bizarre à ce moment-là. La réunion était assez forte : on était en face du carnage et on faisait du stand-up. C’était rempli, on se serrait tous les coudes.
Qui recommanderais-tu comme humoriste de la nouvelle génération à découvrir, forcément moins golri que toi mais assez cool pour assurer tes futures premières parties ?
(Longue hésitation)
Tu sais quoi, je trouve Cyril Hives super bon ! Ça me fait vraiment plaisir qu’il décroche des places en festival. Je le trouve de plus en plus drôle.
C’est compliqué de citer des gens. J’aime beaucoup Morgane Cadignan, qui passe des caps très rapidement. Elle va devenir incontournable.
J’aime aussi beaucoup Rosa Bursztein, Sylvain Fergot… Ce sont des styles très différents, je ne saurai pas recommander quelqu’un en particulier. Il y a aussi Murphy Ongagna : je suis très content qu’il remonte sur scène. Il n’a pas eu l’exposition qu’il méritait.
[Le spot du rire avait fait le taf, mais effectivement le reste de la presse n’a pas suivi, Ndlr.]
Faisons plus simple : quand tu vois quelqu’un sur scène, qu’aimes-tu retrouver chez cet artiste ? Tu parlais des failles, par exemple.
J’ai dit tout à l’heure que j’avais du mal avec la punchline. Avec le temps, je commence à l’apprécier, parfois. Je fais surtout attention aux premiers instants, avant de prendre la parole. Comment la personne arrive, quelle tête elle a…
Je suis attentif au flow, à la manière de balancer ses vannes, peut-être plus que le texte en lui-même. Je cherche à savoir qui va me parler, plus que le contenu en lui-même. Ce côté : « Comment tu vas me prendre ? Prends-moi ! »
[Il l’a dit avec beaucoup de fougue, pour la petite histoire. Ndlr.]
En résumé, tu aimes te laisser séduire par la personne sur scène.
Ouais ! Et qu’elle me surprenne : si je pense que tu vas à droite, et que tu m’emmènes dans une autre direction. Là, tu m’as — et pour la vie ! (rires)
C’est plus un ressenti, de l’émotionnel… Le fait de créer un lien avec l’artiste, en somme.
Créer un lien en quelques minutes, c’est difficile ! Quand quelqu’un y arrive, ça se remarque. C’est beau, comme moment.
Il m’est arrivé de voir des passages qui boostaient encore mon humeur le lendemain.
Tu es incroyable. Parfois, ça t’arrive de vivre de très beaux moments sur 10 minutes. Or sur l’heure, tu es déçu. En cela, je préfère les demi-heures. Tu as le temps de boire un coup, de poser ton personnage… Tu n’es pas obligé de proposer tes punchlines les plus efficaces comme dans un court passage.
En début 2019 d’ailleurs, tu jouais des demi-heures avec Sylvain Fergot.
Oui, au Scénarium on en a proposé pas mal. J’aimerais le refaire, comme j’écris des nouveautés. Je veux créer une nouvelle demi-heure, pour à terme proposer un nouveau spectacle.
Quel est ton lieu préféré pour jouer à Paris ?
Je vais être un peu chauvin, mais je vais dire le Café de la Plage [où se jouait le Beach Comedy Club, Ndlr.]. L’ambiance est particulière, on a l’impression d’être sur un bateau qui ne paie pas de mine… Mais tant de choses se sont passées là-bas : ça participe à l’histoire du lieu. J’y ai vécu les meilleurs moments de rigolade, les pires bides et angoisses. C’est tant de pression, même pour 30 personnes. C’est une bataille avec ton ego que de te rassurer et tempérer en te disant que ce n’est pas grave.
Retrouves-tu l’âme de ce lieu avec le plateau qui vous a succédé, la Plage du rire ?
J’y suis retourné il y a peu. J’ai senti qu’il y avait un truc, aussi. Leur équipe fonctionne bien : Sophie Bergeot, Omar DBB, Manu Bibard, Cyril Hives… Ils sont tous drôles, et c’est cool de voir une équipe au niveau homogène monter un projet ensemble. L’équipe fonctionne bien ensemble, à mon sens.
As-tu un théâtre ou un lieu où tu rêverais de jouer une heure ?
La Cigale. Sinon, le Café de la Plage pour jouer une heure, c’est très bien.
Il y a un côté intimiste qui crée une vraie proximité, c’est très cool. La salle a-t-elle accueilli des spectacles ?
Oui : Laurent Sciamma, Murphy Ongagna et Solène Rossignol l’ont fait. J’ai été le seul à ne pas le faire, j’ai fait une demi-heure avec Jean-Patrick.
Tu dévores les specials Netflix ou autres dès leur sortie comme d’autres nerds du stand-up ?
J’en regardais beaucoup avant, mais ça ne me botte plus autant. Ça participe à mon envie de ne pas me lasser du milieu. Je regarde surtout les spectacles les plus connus, les Dave Chappelle par exemple.
J’ai aussi peur que mon inconscient me trahisse. Avoir l’impression de trouver une vanne, que j’aurais en réalité vue dans un spectacle et oubliée entretemps. Parfois aussi, ça me perturbe de regarder ou d’être dans le public. Dans le public, je ressens du stress pour la personne qui monte sur scène. Je préfère être sur scène et avoir ce stress-là plutôt que de l’avoir pour un autre, sans être dans l’action !
Dans quel mesure ton expérience de comédien et ta passion pour le cinéma nourrissent ce que tu fais sur scène ? Et le football, ça sert aussi ?
C’est une bonne question ! Quand tu es comédien ou footballeur, tu travailles en équipe. Le stand-up est très différent, puisque tu es seul — vraiment. J’ai récemment entendu un producteur dire : « le stand-up est un métier trop solitaire pour être seul ».
Quand tu trouves ton équipe, c’est autre chose. J’ai une équipe d’humoristes avec laquelle on se voit souvent. En revanche, pour t’aider dans ta carrière, il faut te constituer une équipe !
Il y a un truc qu’on ne comprend pas tout de suite dans le stand-up : on a l’impression d’être ensemble, mais on ne l’est pas vraiment. Cet esprit collectif me manque un peu dans cette discipline, alors que c’est quelque chose qui me nourrit. Je ne peux pas être seul dans cette aventure : ce serait trop difficile.
Partages-tu mon ressenti, où après les plateaux de stand-up, tu es entouré de plein d’humoristes mais tu te sens finalement très seul. Et tu ressens l’envie de ne pas être là, parce que les discussions tournent en rond…
Je n’ai jamais envie d’être là ! (rires)
Si, quand je côtoie des potes, c’est agréable et ça se passe très bien. Bizarrement, quand j’ai fini de jouer, j’ai très peur qu’on vienne me parler. Quelqu’un qui ne me connaît pas, et qui vient m’encourager, par exemple, ou me communiquer son ressenti. Ça m’effraie : c’est très compliqué, j’ai du mal à recevoir des compliments. Je ne sais pas comment gérer la situation.
Le pire, c’est quand tu sais que tu as mal joué et que quelqu’un vient te dire : « c’était cool, etc. ». Ne dis rien, prends une bière et on n’en parle plus, ça vaut mieux. Évidemment, tu peux venir me parler. Mais c’est un moment tellement gênant : je viens de me livrer, et de dévoiler une part de moi-même. À ce moment-là, j’ai envie de me cacher ! (rires)
Quelles sont tes actus à venir ?
J’ai le tremplin du Festival d’humour de Paris cette année. Je vais également tester de nouvelles blagues lors de demi-heures. Tester 8 minutes sur des plateaux, ça ne permet pas d’aller assez loin, d’où ces 30 minutes. Et je continue les vidéos avec Sylvain. Il y en aura une avec Rosa Bursztein, Morgane Cadignan, Murphy Ongagna, Tristan Lucas.
Interview Adrien Montowski – Le débrief
L’interview d’Adrien Montowski était un bon moment. Un moment qui vaut plus de vues que la chaîne de Kyan Khojandi, qui a lancé un podcast avec ce même nom.
Très content d’être là, parfois gêné ou à court de mots pour se décrire, Adrien Montowski a toujours été captivant. Même sans le vouloir ou sans s’en rendre compte. On espère l’avoir révélé en l’amenant à parler. On espère ne pas trop l’avoir orienté non plus. C’est le métier qui rentre, comme lui comme pour nous. La suite sera belle, car son envie d’en découdre et quitter l’ombre est plus qu’enthousiasmante.
Crédits photo
© Marcela Barrios / Hans Lucas