Interview Antek – « Démissionner pour être sur scène a été la meilleure décision de ma vie »
Antoine Richard, les internets — Passé par une école de commerce, Antek est humoriste depuis maintenant 4 ans. Originaire des Hauts-de-France, il est désormais un habitué des scènes d’humour parisiennes. Cet artiste a cofondé le 33 Comedy, lancé son premier spectacle Heureux et également joué au théâtre. Il est également un adepte du podcast et un passionné de musique. Découvrez ses coups de cœur et son parcours dans cette interview !
L’interview d’Antek
Pourquoi avoir choisi Antek comme nom de scène ?
Quand j’étais en école de commerce, j’ai fait un Erasmus à Varsovie. En polonais, Antoine se dit Antek. Donc tout le monde m’appelait comme ça là-bas ! Même à mon retour en France, certains de mes amis me surnommaient ainsi. Je trouvais que ça sonnait bien.
Quels souvenirs gardes-tu de ce voyage en Pologne ?
Je suis parti à l’âge de 20 ans. Pour moi, c’était une grande aventure. Je suis quand même resté un an dans un pays étranger où il a fallu que je m’adapte complètement. C’était un choix, car je désirais être dans un pays où les cours étaient en anglais, avec une culture assez éloignée de celle de la France et où on pouvait faire la bringue pour pas trop cher ! (rires)
Aussi, la Pologne, c’est assez central en Europe. J’ai donc pu visiter d’autres pays comme l’Autriche ou les pays baltes.
Tu es diplômé d’une école de commerce et aujourd’hui, tu montes sur scène. Comment es-tu passé de l’un à l’autre ?
Durant mes années de commerce, je ne me suis jamais posé trop de questions. Elles sont venues quand j’ai décroché mon premier CDI. C’était un bon job dans lequel j’allais progresser d’année en année. J’étais bien installé, mais c’était trop tôt pour moi à 22-23 ans ! À ce moment-là, je découvrais aussi le stand-up en allant dans des salles parisiennes. En humour, je connaissais seulement le one-man-show. Je me suis mis en danger en quittant mon taf !
Tu n’as jamais regretté ce choix ?
C’est la meilleure décision que j’ai prise de ma vie. À aucun moment, je n’ai regretté. Quand j’ai démissionné, ça a été une décision tellement forte que je pouvais tout faire après. Avant, je me laissais porter par le courant.
Comment as-tu débuté la scène ?
Je suis d’abord rentré dans un atelier d’Alex Nguyen où tu as dix personnes comme toi qui débutes. Très vite, il te fait jouer. Au début, j’avais été un peu prétentieux en me disant que si certains pouvaient le faire, j’en étais aussi capable. Quand tu commences, tu comprends que ce n’est pas si simple. La prétention est donc vite retombée.
Durant un an et demi, tu as joué ton spectacle Heureux. Que prévois-tu pour la suite ?
Mon prochain spectacle sera l’évolution du premier. Je n’ai pas encore défini l’angle. Sur le premier, c’était le bonheur. Ce spectacle a connu tout un travail de refonte. Comme c’est du stand-up, tu l’ajustes ici ou là, c’est une évolution incessante. Au bout d’un an, j’ai donné un bon coup dans la fourmilière pour changer la moitié du spectacle.
Malgré le confinement et la situation sanitaire actuelle, tu continues à pratiquer de l’humour. Tu as lancé le podcast À nous deux la quarantaine et la mini-série Seuls.
Oui, on est obligé de trouver des alternatives à la scène. Au début du confinement, j’ai lancé ce podcast avec ma copine. Puis, au bout d’une quinzaine d’épisodes, ça devenait trop intime alors on a arrêté.
J’ai alors lancé Seuls, une mini-série avec des potes (Matthias Pizzinato, Florian Maubert et Guano). On sort 3 épisodes par semaine les mardis, jeudis et samedis. C’est un vrai exercice, surtout pour moi. J’ai un peu plus de mal à lâcher des choses sur internet qu’à lâcher un 5 minutes de test devant des gens au Barbès Comedy Club.
D’ailleurs, tu as publié plusieurs podcasts depuis quelques années (Jack Burn et l’Héritier de l’Arc, Antek on R, À nous deux la quarantaine). D’où te vient ce goût pour le podcast ?
A l’époque où j’ai lancé Antek on R, les podcasts de discussion n’étaient pas nombreux. C’étaient surtout des émissions de radio comme Les Grosses Têtes. J’ai voulu créer une émission avec des humoristes à l’arrache. Il y avait des chroniques, de la musique, etc. C’était le Rire et Chansons 2.0.
Quels podcasts tu écoutes en ce moment ?
Un bon moment de Kyan Khojandi et Navo. J’ai commencé à l’écouter quand c’est sorti en audio. Au début, c’était sur YouTube, mais le format vidéo ne me correspond pas. Ce n’est pas comme ça que je consomme les podcasts. J’aime aussi le Floodcast de Florent Bernard et Affaires sensibles sur France Inter avec la voix de Fabrice Drouelle. Il a beaucoup trop de charisme et de clopes.
Les podcasts et vidéos : les meilleurs contenus du rire sur le web
Humour, podcast et aussi musique. Tu as commencé avec le groupe Les lève tôt, tu aimes le rock et tu as partagé une vidéo où on te voit chanter à la guitare en imaginant un feat Vianney feat Heuss l’Enfoiré ! Quelle importance accordes-tu à la musique ?
La musique a toujours eu une grande place dans ma vie. J’ai commencé à l’âge de deux ans. J’ai fait du solfège et dix ans de saxophone. À 10-11 ans, je suis arrivé à Veauche. Le maire de l’époque est un ancien trompettiste. Il nous a permis de créer un album, de faire des dates et d’aller jouer tout frais payés dans un festival en Allemagne, dans une ville jumelée (Neu-Isenburg). Je continue à en faire un peu, dans mon spectacle. Quand quelque chose te tient à cœur dans la vie, tu veux le partager.
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Cette interview se déroule le premier jour du déconfinement. Comment vis-tu cette situation alors que les bars et les salles de spectacle restent clos ?
Au début du confinement, j’étais partagé car ça a brisé ma dynamique. Normalement, je devais jouer au musée du Louvre dans une soirée organisée par le One More Joke. Pendant cette période, j’étais souvent présent sur scène. Le samedi où ils ont décrété la fermeture des bars, j’ai joué quatre fois. Cela m’a permis de prendre un peu de temps pour travailler, bosser sur des projets. Maintenant qu’on amorce la phase de déconfinement, j’ai un peu peur. On voit le monde se remettre en marche, sans nous.
Parviens-tu à rester heureux dans cette situation ?
Je relativise énormément les choses. Récemment, j’ai regardé Chernobyl [une série retraçant l’histoire de la catastrophe nucléaire du 26 avril 1986, Ndlr.]. Cette série est ouf ! Quand tu vois ce qu’ils ont affronté et notre situation actuelle, ce n’est pas pareil. Je suis dans un appartement avec ma copine, en sécurité. Tout est ok !
Interview Antek – Le débrief de Juliette
Écouter, voir ou lire une interview d’Antek, c’est s’accorder une parenthèse enchantée. Un moment feel-good où on mesure la chance d’être là. Pour autant, ce catalyseur de bonne humeur est loin d’être un artiste lisse, sans substance.
Antoine Richard a su détailler le parcours d’Antek et son arrivée sur scène avec brio dans cette interview. Sans aucun doute, Antek aura encore une belle carte à jouer au sein de la nouvelle scène humoristique. Nous sommes ravis de vous faire découvrir ce talent, et nous vous souhaitons de le croiser très vite !