Interview Mapie Nalbandian : « La boxe, c’est un truc de comédien ! »
La présence de Mapie Nalbandian au festival Aux Rires Etc à Grenoble est en partie due au hasard, tout comme notre rencontre. Pourquoi elle et pas une autre personne présente lors de cet événement ? Il fallait être dans la salle de spectacle pour comprendre. Aller voir Mapie Nalbandian, ce n’est pas ressentir un air de « déjà vu ». Dans un mélange de théâtre, de confessions et de chant, l’humoriste originaire de Tarbes respire l’authenticité et la sincérité. Elle vous transporte et vous emmène vers les différents univers qui la passionnent.
Mapie Nalbandian, c’est le genre d’humoriste qui te fait remarquer au bout de vingt minutes qu’elle t’a fait rire avec un sketch sur son nom et son prénom. Elle est sur scène comme dans la vie. Même en buvant un café, elle est imprégnée de son personnage… à moins que son personnage ne soit tout simplement elle ? Avec Mapie, on a discuté du festival d’Avignon, de boxe et de drag queen. — Par Antoine Richard
L’interview de Mapie Nalbandian
Comment as-tu été choisie pour participer au plateau découvertes du festival Aux Rires Etc ?
Tout a commencé lorsque j’ai joué au festival d’Avignon. J’y suis allée parce qu’un ami m’a proposé la place car il ne voulait pas le faire. À cette époque, j’avais cinq minutes de spectacle. J’ai écrit le reste en seulement 3 à 4 mois, tout est allé très vite. Quand on a lancé le spectacle en Avignon, c’était un véritable coup de poker. Et c’est là que Florence Barbara, chargée de la programmation, m’a repérée.
Lors de ton passage, tu as réalisé un sketch de 20 minutes sur ton vrai prénom et nom (Marie-Pierre Boutin). De quoi parles-tu dans ton spectacle J’aurais pu m’appeler Camille ?
Pour ce plateau, j’ai joué les premières minutes de mon spectacle où j’explique le choix de mon nom de scène, Mapie Nalbandian. Nalbandian, c’est le nom de ma mère. Mapie, c’est la contraction de Marie et de Pierre. Mais, je ne voulais surtout pas faire d’ombre à Christine Boutin, je suis gentille ! (rires) C’est important pour moi de commencer par ça car le prénom, c’est ce qui te définit vraiment. Et mon spectacle, c’est tout ce que j’aurais pu être en m’appelant Camille, à savoir être prise au sérieux. C’est plus difficile quand tu t’appelles Marie-Pierre ! (rires)
Abordes-tu d’autres sujets ?
J’aime amener le monde de la fête dans mon spectacle. Et à un moment, je m’interroge sur le sens des paroles de chansons. Par exemple, Swalla de Jason Derulo, qui veut dire « avale ». Je suis là en train de danser et je me dis mais : « Non il n’a pas voulu dire ça, ce n’est pas possible, pas Jason… ». Et pourtant, si ! (rires)
D’ailleurs, dans ton spectacle comme sur les réseaux sociaux, tu t’engages dans le mouvement féministe.
Avant, je ne disais pas du tout que j’étais féministe. Je ne fais partie d’aucun groupe, mais je milite en écrivant et en parlant sur scène, d’une certaine façon. Mais j’aimerais mieux faire encore. Je ne suis pas parfaite, je vois des incohérences chez les autres tout comme chez moi. Pour Noël, j’ai offert une trousse de maquillage. On m’a dit : « bah Mapie, c’est pas féministe ça ! » (rires). Mais, le plus important, c’est d’apporter sa pierre à l’édifice.
Sur scène, tu chantes, tu occupes la scène… Alors que tu pourrais te contenter de délivrer tes blagues derrière un micro. Pourquoi ce choix de mise en scène ?
Clairement, je ne pourrais pas être là sans bouger, je serai malheureuse. Je suis tellement contente d’être sur scène. Je bouge énormément ! Comme dans la vie je suis très active. Je fais six heures de sport par semaine, dont de la boxe.
Qu’est-ce qui te plaît dans ce sport ?
Je pratique la boxe depuis un an et demi. Ce que j’adore, c’est d’accepter ses pulsions violentes. C’est très bizarre dit comme ça ! (rires) J’adore taper, encaisser les coups, tester mon endurance. La boxe, c’est vraiment un truc de comédien. Il faut toujours être en alerte. Les boxeurs ont l’air de voler sur un ring. C’est aussi une affaire de mental. Quand tu prends des coups, tu te sens humble. C’est très vexant de prendre des coups. Il faut repartir après. En fait, la boxe, c’est un sport de sage. J’ai découvert que je pouvais être un peu rageuse. J’ai appris à accepter mes émotions.
Tu exerces d’autres activités à côté de la boxe ?
Je pratique le voguing. C’est un style de danse urbaine qui vient de la culture gay et transgenre afro-américaine. Il y a à la fois de la danse et de l’attitude. Théâtralement parlant, c’est très intéressant.
Tu as l’air intéressée par les drag queens ?
Il y a un côté hyper moi. Comme le clown, tu prends conscience de certaines choses en toi. Avec le costume et le masque, tu fais naître un personnage à part entière. Je m’intéresse aux drag queen depuis toute petite avec le film Priscilla folle du désert. Ce sont 4 drag queen en Australie qui traversent le pays et qui subissent les remarques de certains habitants très hostiles. Chez les drag queen, il y a un côté : « j’accepte qui je suis qui me correspond ».
Quelles sont tes envies pour la suite ?
Broadway, ça me tente pas mal ! (rires)
Interview Mapie Nalbandian – Le débrief de Juliette du spot du rire
Mapie Nalbandian est une humoriste qui en veut. Elle joue à la Comédie des 3 Bornes les samedis à 18h30 et multiplie sa présence dans les festivals… Sa proposition artistique va s’affiner : elle a su saisir les opportunités pour construire ce spectacle et l’amener d’Avignon à Paris.
Vu son côté hyperactif, elle devrait se battre pour y parvenir… Loin des humoristes qui expriment des doutes, Mapie préfère monter sur le ring avec beaucoup d’audace. Si cela vous intrigue, allez la découvrir !