
Interview Yazid Assoumani : « Rien ne me destinait à faire du stand-up »
Yazid Assoumani, c’est l’un des nouveaux visages du rire, incontournable pour une interview ! Adoubé par Panayotis et ses pairs, il se distingue actuellement dans plusieurs festivals. Repéré au festival Arti’Show de Nanterre, il a fait beaucoup de chemin depuis et il compte continuer sur sa lancée.
Yazid est un humoriste simple, qui profite de chaque opportunité qui lui est donnée. Posé, il n’en est pas moins besogneux quand il faut être au rendez-vous. Découvrez ce talent avant tout le monde, et faites vite : il devrait rapidement progresser dans le stand-up game !
L’interview de Yazid Assoumani
Qui es-tu et comment es-tu arrivé dans le stand-up ?
La réponse va être longue ! Mon nom de scène, c’est Yazid Assoumani. Quand on m’annonce sur scène, Je n’insiste pas beaucoup sur le « Assoumani » pour le moment. Il n’y a que moi qui s’appelle Yazid dans le stand-up pour le moment ! Par contre, quand j’aurai mon spectacle, avec une affiche, ça fera partie de mon nom de scène.
Mes débuts dans le stand-up… J’étais étudiant à la fac de Nanterre, qui organise le concours Arti’Show avec l’association Article X. À l’époque, je ne savais pas que le concours existait. J’avais fait rire une de mes potes dehors, il se trouve qu’elle faisait partie de l’asso ! Elle m’a demandé de participer au concours de stand-up. J’ai dit non, je lui ai dit que j’étais marrant dans la vraie vie. Je suis fan de stand-up, et je sais que ce n’est pas pareil de faire rire sur scène et dans la vie !
Tu as refusé, donc, mais pourquoi as-tu finalement tenté l’expérience ?
Cette fille m’a dit « s’te plaît ! », j’ai dit « ok ! ». Il en faut peu pour me convaincre… Je l’ai fait, en me disant que ceux qui participent au concours font de l’improvisation, du théâtre, etc. J’estimais n’avoir aucune chance face à eux.
C’était juste histoire de me faire un kiff, d’écrire un passage de dix minutes. J’ai mis deux semaines à le faire, en plus. À l’époque, j’étais un génie de l’écriture ! (rires) Maintenant, pour écrire dix minutes, il me faut dix mois !
Car maintenant, tu connais la technique…
Exactement. Ce n’est pas si facile. Ma première scène, je l’ai faite avec Louis Chappey. C’était aussi sa première scène, c’était il y a tout juste 3 ans ! Notre anniversaire de stand-up… On a terminé premier ex-æquo tous les deux. Ensuite, on termine en tête de nos deux demi-finales respectives. En finale, je gagne le concours et il est le coup de cœur du public — le lot de consolation ! (rires)
À l’époque, je comptais m’arrêter après le concours. Pour moi, c’était une expérience universitaire : j’étais étudiant et je voulais continuer mes études. Mais Samy Bel m’a dit : « Bravo, continue ! ». Et je me suis dit que je pouvais continuer, c’est vrai… À l’été 2017, je me suis donc vraiment lancé dans le stand-up. Ma première scène de stand-up hors de Nanterre, c’était avec Samy, Boriss Chelin et Sylvain DK. On est toute une troupe qui a commencé à la Boîte à rires ! Le plateau s’appelait M. I. B., pour Men in Blagues ! J’y ai vécu mon premier bide… Trou de mémoire, j’avais oublié mon texte. Dans cette troupe, il y a aussi Pierre Hertout, PV, Jérémy Ippet… J’en oublie… Bastien Morisson, le meilleur ! Louis Chappey, le n°1 du stand-up…
Ensuite, je me suis lancé plus sérieusement au Paname Art Café. Pour mon premier labo, il y avait 6 personnes dans le public. J’ai suivi les conseils de Mohamed Nouar, que j’avais vu en spectacle. Il m’avait dit d’écrire sans relâche et de jouer au Paname. Depuis, c’est une histoire d’amour entre le stand-up et moi !
Tu fais partie des humoristes qui ont une excellente réputation auprès de leurs pairs : ils disent «Yazid, il est trop fort ! ». Comment l’expliques-tu ?
Franchement, je ne sais pas. Peut-être parce que je suis trop fort ! (rires)
Moi, je les trouve trop forts. Ils font des choses que je ne peux pas faire… Par exemple, Samy m’impressionne dans sa façon de jouer avec son corps. J’aimerais trop faire ça ! À chaque fois que j’ai essayé, c’était ridicule et ce n’était pas marrant car je n’y arrivais pas. Chacun a son truc à lui. Si ces gens pensent ça, c’est peut-être car je me suis lancé sur Paris avant eux. Avoir un peu plus d’expérience, trouver rapidement ce qui faisait rire le public et l’expérience de Nanterre m’ont aidé à avancer plus vite.
Les blagues que je faisais avant avaient du potentiel, mais elles n’étaient pas originales. Comme tout le monde, je parlais de drague, de sujets souvent abordés. Quand j’ai commencé à être professeur des écoles, j’ai pu en parler et proposer quelque chose de plus original. Ça m’a fait décoller. Si j’étais encore étudiant, je pense que je ne serais pas marrant aujourd’hui.
Tu es professeur des écoles et stand-upper, comment chaque expérience nourrit l’autre ? Le public le plus dur, c’est le public de stand-up ou celui d’une salle de classe ?
Ces publics-là, ça va. En revanche, le public de la salle des profs est le plus dur ! Je ne suis vraiment pas marrant, en salle des profs ! L’ambiance est bonne, on est entre nous, tout le monde parle et rigole… C’est une bonne équipe, mais c’est fou comme je n’arrive pas à les faire rire… Ça me rend fou ! Tous les jours, je repense à ce que j’ai dit et je me demande pourquoi ils n’ont pas ri…
La classe, c’est facile, et le stand-up se passe bien. C’est l’essentiel !
Sur Mouv’, tu as dû faire rire des animateurs dans un open mic au téléphone en direct à la radio. Comment tu as préparé cette chronique sur « la disquette » (après 1h15 de show) ? Y avait-il quelque chose à gagner ?
Oh… Comment tu as trouvé ça ?! Wow ! C’est via Othman que j’ai participé à cet open mic. Il l’avait fait avant moi et il m’a filé le contact pour postuler. Mouv’ te rappelle ensuite et tu dois jouer une minute de stand-up. Les animateurs jugent si tu es marrant ou non.
J’étais chez mon cousin avec mon pote Mike, on jouait à la Playstation. J’ai mis le jeu sur pause, le temps de prendre l’appel, avant de reprendre le jeu tous les trois. Le passage sur la disquette, je le faisais sur scène à l’époque quand je parlais de drague, justement. J’avais ce running-gag où je répétais « la disquette » avec un ton particulier. Ils ont bien aimé, c’était cool.
Ils avaient l’air de dire que c’était la première fois qu’ils riaient comme ça ! Il y avait un truc à gagner ?
On m’avait dit que les open mic humour d’une minute au téléphone et à la radio, c’était compliqué. La séquence, ça s’appelait « fais pas ta pub ». Si tu étais marrant, tu pouvais faire ta pub, sinon, tu restais anonyme… Comme ça tu n’avais pas de mauvaise pub. La pub m’a rapporté 0 nouvel abonné, mais c’était sympa.
Justement, sur le gain de notoriété, tu as participé aux Best de l’Humour où tu as terminé premier des sélections parisiennes et tu as fait partie des finalistes qui partiront en tournée lors du Printemps du rire. Tu as aussi fait la Cigale… Peux-tu revenir sur ces expériences dans de grandes salles ?
J’ai joué trois fois à la Cigale, c’est un sacré palmarès ! (rires) Ce n’est pas un rêve de gosse, mais un rêve de début de stand-upper. J’attends de jouer là-bas pour mon spectacle, mais c’est déjà fou d’y avoir joué.
Pour revenir sur les Best de l’Humour, j’avais participé à la première édition à mes débuts de stand-up. J’étais débutant, je me suis fait éliminer par Alexandra Pizzagali aux sélections parisiennes — ce qui était normal. En 2019, je ne me sentais pas encore prêt… Quand j’ai vu que Paul Mirabel avait gagné, j’ai compris que je n’aurais pas pu gagner non plus. Cette année, je me sentais prêt et ça me semblait possible de gagner. Je suis allé en finale, j’étais dans les six sélectionnés… Très content d’avoir gagné ça.
On parlait de la Cigale… Pour rester dans le thème des salles, as-tu un théâtre où tu aimerais jouer une heure ?
L’Apollo Théâtre et le Point Virgule. J’ai assuré quelques premières parties de Panayotis au Point Virgule. Son spectacle commence par la voix-off de sa mère qui annonce la première partie. Je kiffe ce moment-là à chaque fois, où je me dis : « On m’annonce ! ». C’est mon moment, dans un théâtre, et à chaque fois c’était rempli… Chaque fois a été un kiff.
Pour l’Apollo Théâtre, j’ai fait les premières parties de Jason Brokerss… C’était incroyable aussi ! Dans ces deux salles, j’avais assisté à des spectacles : Djimo, Jean-Claude Muaka… Je pleurais de rire ! Si je pouvais jouer mon spectacle là-bas, ce serait génial.
Tu m’as confié ressentir du trac lors des derniers moments avant de monter sur scène, et pas tellement avant. Tu confirmes cela ?
Oui ! Par exemple, aux Best de l’Humour, je ne faisais que de dormir dans les loges. Tout le monde a pris des photos de moi qui l’attestent ! Je dormais jusqu’à 15 minutes avant mon passage… À mon réveil, ça rigole de ouf ! Je me dis : « Eh, je me la coule un peu trop douce, là ! C’est un concours, je fais n’importe quoi… ».
Le trac commençait à venir à ce moment-là. Mais je l’ai géré ce soir-là. En revanche, il m’est déjà arrivé de mal gérer ce trac et de rater ma scène dans une grande salle. C’était à Fleury les Aubrais pour le festival RIR O Centre. J’ai raté le début, ma langue a fourché, j’ai fait n’importe quoi. J’ai recommencé, ça s’est bien passé, mais le mal était fait… Ils ne m’ont pas mis dans les trois premiers car j’ai raté le début.
Maintenant, j’arrive à me raisonner et à relativiser en me souvenant des salles que j’ai faites. Faire la Cigale m’a aidé à affronter l’Alhambra, une belle salle qui comporte moins de places.
Un conseil pour être serein avant un plateau et arriver à déconner et décompresser ?
Dormir, c’est cool ! Je me dis qu’à la base, j’étais étudiant à la fac. Rien ne me destinait à faire du stand-up : je voulais être psychologue. Je ne suis pas censé être là, c’est déjà trop cool ! Il n’y a donc pas de stress à avoir.
Si on m’appelle ou on me propose une première partie, c’est que j’ai déjà été marrant. Il faut juste se dire qu’on est chanceux d’être là et d’avoir ces opportunités. Il y a tant de stand-uppers débutants, ça rappelle qu’on n’est pas sûr d’y arriver. Gravir les échelons petit à petit, c’est un truc de dingue. Il faut donc profiter de ces opportunités : yolo ! (rires)
Panayotis a dit de toi que tu n’avais pas encore les vannes mais que tu avais la musicalité…
Il m’avait dit ça quand il m’a rencontré il y a un an ! Je pense que depuis, j’ai quelques vannes… (rires)
J’ai appris avec cette interview dans Solo avec Sulo qu’il était venu pour me voir. Ce jour-là, je ne le savais pas ! Je l’ai vu depuis les loges, assister au plateau avec Jason Brokerss. Je voulais tester, et je me suis dit qu’ils n’étaient pas recruteurs et qu’ils ne venaient pas pour moi — encore une fois pour réduire mon stress.
J’ai testé quand même mes nouvelles blagues, et c’est sûr qu’il n’y avait pas toutes les blagues. La musicalité, je l’ai eue très vite. J’ai revu ma première scène il y a peu et j’ai vu qu’elle était déjà là. Donc Panayotis avait raison, je suis d’accord avec lui. Certaines de mes blagues dites par mes potes, on a l’impression qu’elles ne sont pas marrantes. Mais quand je les dis, elles rendent drôles !
Comment est-ce venu si vite, grâce à tout le stand-up que tu voyais ?
Non, c’était vraiment naturel, quelque chose que je n’ai pris à personne. On m’avait déjà dit à l’époque que ma manière de raconter des histoires était marrante. J’étais moi-même !
C’est quelque chose de crucial : quand tu essaies d’apprendre le stand-up, le plus dur est d’être naturel.
Bien sûr ! Un jour, quelqu’un m’a dit que ce que je faisais sur scène n’était pas bon, car c’était moi qu’on voyait sur scène. C’était pour Kandidator ! René-Marc Guedj m’a dit qu’il n’avait pas aimé : « J’ai l’impression que le gars qui était assis-là, c’était le même sur scène… ».
Je lui ai répondu : « Ben oui ! ». Et il persiste : « Ah non, non, non… Je n’ai vraiment pas aimé. ». On n’est pas d’accord, j’ai d’ailleurs pris son retour comme un compliment !
Pour revenir à Panayotis, tu as assuré sa première partie à l’Européen et au Théâtre de l’Atelier ?
Oui, c’était ma meilleure scène à ce jour. Il m’avait appelé pour le Point Virgule et à chaque fois, j’avais peur qu’il ne m’appelle plus. Je disais aux gens que même s’il venait de m’appeler, il ne le ferait plus. Pendant un mois, je disais ça ! Sa première partie la plus régulière, c’est Merwane B. Je me disais : « Pourquoi il m’appellerait moi et pas Merwane ? Ce n’est pas logique, il devrait appeler Merwane tout le temps, car il est trop fort. ». Pour moi, il m’appelait quand Merwane n’était pas dispo !
Quand il m’a appelé pour l’Européen, j’ai trouvé ça trop cool et j’y suis allé. Je l’ai remercié après par un message :
Merci, c’était ma meilleure scène depuis mes débuts en 2 ans de stand-up.
J’ai tellement kiffé : l’Européen, ça rit de tous les côtés comme la scène est au centre. C’était 5 minutes intenses. Ensuite, j’ai appelé plein de potes pour leur raconter ! J’ai vu les 2 ans de travail se concrétiser. C’était pile le bon moment pour assurer, en plus…
J’ai préféré l’Européen au Théâtre de l’Atelier, d’ailleurs. Le lieu est super, mais l’Européen constituait une véritable étape. Et c’est trop bien d’assurer les premières parties d’un spectacle systématiquement complet, avec un public réceptif.
Ces événements t’ont-ils apporté des abonnés en plus ?
Bien sûr ! Après ces scènes, je gagne quelques abonnés en plus, ça fait très plaisir. Je reçois aussi des messages d’encouragement, c’est génial. Comme je n’ai pas encore de spectacle, je ne sais pas ce à quoi s’attendent les gens qui commencent à me suivre ! Me voir sur un plateau, ou des fois peut-être pour la drague… (rires) Mais ça ne m’est jamais arrivé !
Qui recommanderais-tu comme humoriste de la nouvelle génération à découvrir, forcément moins golri que toi mais assez cool pour assurer tes futures premières parties ?
J’ai un milliard de personnes que j’aimerais avoir en première partie ! Je ne vais pas mettre Louis Chappey, parce qu’il est trop fort. Je vais en citer un qui ne joue pas assez, à l’inverse de moi ou Louis : Sylvain DK. Ce qu’il fait sur scène me tue de rire. Lui, c’est sûr qu’il fera mes premières parties. Plein d’autres le feront, mais je sais qu’il fera la première.
On vient de lui proposer des labos du rire au Paname à 14 heures. L’inconvénient, c’est qu’il habite loin, à Boussy-Saint-Antoine. C’est galère, et après il faut trouver les gros plateaux… Il doit aussi gérer les études et plein d’autres choses. Comme il est pris entre tous ses projets, on le voit surtout au Loup Comedy et aux labos du Paname.
Quel est ton lieu préféré pour monter sur scène à Paris ?
Le Paname Art Café : je m’y sens chez moi depuis que j’y joue. Je me suis battu pendant deux ans à faire rire ces 6-10-20 personnes des labos ! Maintenant, on m’appelle pour jouer le soir. C’est un plaisir de jouer devant un Paname rempli après avoir lutté pour faire rire peu de monde.
C’est le lieu de référence, l’endroit où je préfère jouer. Quand mes amis me demandent où me voir sur scène, je leur dis de venir.
Malgré l’ouverture de nouveaux comedy clubs, aujourd’hui j’entends de plus en plus de gens recommander le Paname !
C’est là-bas où je joue le plus. Je joue aussi au Jardin Sauvage, c’est exceptionnel aussi ! Au Paname, j’ai le souvenir que ça s’est toujours bien passé. Au Jardin, ça a pu moins bien se passer sur une scène ou deux. Le Barbès Comedy Club, je n’y ai joué que deux fois pour le moment. J’y étais à l’ouverture, c’était super. La seconde fois, j’ai joué 5 minutes en première partie d’un stand-upper qui en jouait 15. Je n’ai pas encore beaucoup joué pour faire un retour d’expérience. J’aime bien aussi le Café Oscar.
Tu as des inspirations dans les stand-uppers plus connus ? Tu dévores les specials Netflix ou autres dès leur sortie comme d’autres nerds du stand-up ?
Carrément, je suis un vrai fan de stand-up et j’ai envie de voir les spectacles à leur sortie !
C’est un peu cliché, mais j’ai vu le special de Kevin Hart quand il est sorti l’été dernier. J’ai regardé direct ! Pour celui de Fary, j’étais avec mes potes. On était dans les locaux de l’association Article X. C’était un après-midi, et j’ai vu que le spectacle de Fary était sorti. Je leur ai dit : « Les amis, je vous vois dans 1h15 ! ». J’ai mis mon casque, j’étais tout seul à côté d’eux et je rigolais !
Aujourd’hui, je fréquente beaucoup les plateaux et j’aime également regarder les spectacles. Ça m’impressionne car j’ai trouvé le moyen de réussir en plateau, mais je n’ai pas encore la recette pour être marrant dans un spectacle complet. Lors de mes premiers 20 minutes, j’avais parfois du mal à retrouver le rythme, notamment au Blague à part Comedy Club.
Depuis, j’en ai fait deux ou trois autres et ça s’est très bien passé. Je pense que je peux tenir 20 à 30 minutes maximum sur scène. En matière de rythmique, je ne me sens pas encore capable de tenir sur un spectacle complet. Les exercices ne sont pas les mêmes, alors quand je regarde un spectacle, je kiffe et j’analyse en même temps.
Sur Instagram, tu as écrit deux mini-lettres de motivation adressées à Jamel Debbouze, dont la dernière : « Bonjour @jameldebbouze ! Je suis un jeune humoriste venant de Trappes et j’ai joué au Comedy Club, serait-il possible de jouer au Marrakech Du Rire ? Cordialement. » Sur la première photo, tu es dans une salle de classe et tu demandes à jouer au Comedy Club… moins d’un an plus tard, tu y parviens et tu demandes à jouer au Marrakech du Rire. Ça se rapproche ? Jean-Michel Joyeau en pense quoi ?
On ne m’a pas rappelé pour la Debjam [scène ouverte du Comedy Club, Ndlr.], donc je ne sais pas pour le Marrakech du Rire ! (rires)
Quand je publie quelque chose, j’ai toujours envie de partager quelque chose de marrant. Ce qu’on veut, tous, c’est jouer au Jamel Comedy Club ! Depuis cette première photo, je trouve marrant de faire un running-gag !
Ma première Debjam s’est très bien passée, peut-être que je devrais relancer… Je me dis que si on ne me rappelle pas, c’est que je n’ai pas autant retenu son attention que ça et qu’une relance ne sert à rien — je pense.
Quelles sont tes actus à venir ?
Pour fêter mes 3 ans de stand-up avec Louis Chappey, on va organiser un 30-30. On devait le faire en février au Paname, mais je ne peux pas car je serai en vacances. Ça se fera donc en mars, si tout se passe bien ! Sinon, je joue en plateau ou en première partie. Ce ne sont pas vraiment des actus, c’est mon quotidien ! La grosse actualité, c’est vraiment ce 30-30 avec Louis Chappey, mon humoriste préféré ! (rires)
J’ai vraiment stalké ton Instagram donc on va finir sur quelque chose de plus ou moins léger en fonction de ta réponse. Un bon resto à recommander ?
J’en ai tellement… Un bon resto, c’est un resto où tu peux amener une fille. Elle se dit : « Ah ouais, bon resto et tout ! ». J’en ai un : L’atelier sur la braise à Nanterre et Paris. Quand je rencontre une meuf, c’est là-bas que je l’amène ! (rires)
Un dernier mot, quelque chose dont on n’a pas parlé ?
Ma pire scène : c’était un événement qui s’appelle les CO’MOR Awards. Je suis franco-comorien, j’ai la double-nationalité. Je joue très peu devant des Comoriens, mais la communauté comorienne de France essaie d’organiser des événements pour promouvoir un restaurant, un événement caritatif.
Parfois, ils appellent des humoristes. Mais ils ont du mal à différencier un animateur d’un humoriste. Un jour, mon oncle m’a demandé d’être MC, ce qui n’est pas la même chose que de faire des blagues dans un passage ! À chaque fois que je joue devant des comoriens, c’est un stress. Je me dis que c’est les Comores, c’est la famille, je ne dois pas faire de flop.
Pourquoi cette scène était-elle si compliquée ?
D’habitude ça se passe bien, mais pour les CO’MOR Awards, ce n’était pas du tout adapté. Ça ressemblait à une cérémonie des Oscars ! Ils voulaient récompenser le meilleur pâtissier, le meilleur sportif, etc. Et il y avait la catégorie « humour ». Dans cette catégorie, ils mettaient des humoristes qui faisaient des vidéos, pas des stand-uppers. J’étais le seul stand-upper, et la vidéo qu’ils avaient de moi leur faisait dire que j’allais gagner, car elle était au-dessus des autres. De fait, on a décidé de me mettre en guest de la soirée, en échange d’un passage sur scène.
Je trouvais ça parfait : je suis là pour faire de la scène ! J’y suis donc allé, mais l’événement avait 3 heures de retard. Il y avait un service pour manger, certaines personnes étaient encore debout, d’autres n’avaient pas de place… Ce n’était pas adapté pour le stand-up ! Je devais jouer 7 à 10 minutes, j’ai tenu 1 minute 30. J’avais passé l’après-midi avec des gens dans les loges, après mon passage, ils faisaient comme s’ils ne me connaissaient pas.
C’était un fiasco incroyable, en live sur Instagram et Facebook, en plus ! Les gens étaient très critiques dans les commentaires : « C’est qui, lui ? Lâche le micro ! Rentre chez toi, sors ! ». Après coup, des gens se sont excusés pour m’avoir insulté, mais je n’en avais même pas conscience. J’ai appris qu’ils organisaient une deuxième édition, car mon cousin est dans l’organisation. Pas parce qu’ils m’ont appelé, je pense qu’ils ne le feront pas ! C’est pas grave…
Interview Yazid Assoumani – Le débrief
Tantôt humble, tantôt blagueur, Yazid Assoumani est un chic type, le genre de gars que tu voudrais côtoyer sur la durée. Concentré sur l’amélioration de ses passages, il ne se retrouve pas dans des histoires ou des ragots de stand-up.
Apprécié de ses pairs, il fait aussi rire le public très naturellement, peu importe où sa carrière le mène. Son témoignage est une leçon pour les humoristes en devenir : concentrez-vous sur votre truc, ne cherchez pas d’histoires et aimez ce que vous faites ! Beaucoup se noient dans une ambition trop dévorante, Yazid préfère profiter. Qu’il continue de donner du bonheur au public, et il ira loin !