Absolutely Hilarious
Description
Absolutely Hilarious est un nouveau plateau d’humour qui intervient un lundi par mois à la Comédie Caumartin. Nous avons assisté à la 5e édition et nous avons eu un sentiment mitigé.
Absolutely Hilarious à la Comédie Caumartin : un plateau à l’ancienne
Je ne connaissais pas le théâtre de la Comédie Caumartin. À deux pas de l’Olympia et d’un autre plateau atypique, le Must Comedy, cette salle vieillotte offre néanmoins de nombreuses places. L’avantage, c’est que le plateau est complet. Absolutely Hilarious ne lésine pas sur la communication. Notez que le placement n’est pas libre : inutile d’arriver en avance. Pensez au pourboire pour l’ouvreur du théâtre. Comme vous avez payé en avance votre place, il n’y a pas de chapeau.
Le plateau démarre un peu en retard, une tradition difficile à éradiquer. Mais le délai est raisonnable. Le problème, c’est qu’il s’ouvre sur un orchestre de musiciens à l’ancienne. Salle vieillotte, musiciens old-school, public assez âgé : l’aficionado du stand-up a déjà fui la salle avec raison.
Un public nombreux et différent des salles de stand-up
Toutefois, le public différent est très bienveillant avec les artistes. Pour eux, c’est une aubaine : ils peuvent cartonner face à un public nouveau et aisé. L’aparté nous semble nécessaire car ce sont eux qui vont sauver le spectacle pour les puristes des plateaux.
D’ailleurs, la rémunération des artistes n’est pas classique : ils ne touchent rien mais sont très bien accueillis en loge, ont de la place pour se préparer et de quoi grignoter. Le soir où j’y suis allée, ils sont repartis avec du champagne.
Absolutely Hilarious ? C’est trop long !
L’introduction n’allait pas s’arrêter aux musiciens… Les deux présentateurs arrivent sur scène. On se croirait à l’Eurovision, tant la présentation est décalée. On nous présente le premier artiste qui vient du monde du cirque. Il va ainsi jouer avec des assiettes pendant une période interminable, et louper ses effets pour créer une atmosphère comique.
Les présentateurs ont comparé le plateau au cabaret de Patrick Sébastien. Immédiatement, la chanson des serviettes, ringarde au possible, retentit dans le théâtre. Je serre les poings et je bâille. On aura ensuite les humoristes, séparés par un entracte. Les musiciens, restés sur scène tout au long du spectacle, ont aussi leur quart d’heure de gloire. Je fais bâiller mon voisin. Ils ne sont pas mauvais, mais je sens que cela fait longtemps que je suis là. À moins de 30 ans, je développe des crampes sur mon assise. Je n’imagine pas la génération d’avant qui vit le même spectacle.
Nous serons tous restés assis deux heures et demie, alors que la durée du spectacle sur BilletRéduc est d’une heure quinze. C’est se moquer du monde, les gars.
Programmation : mi-figue, mi-raisin
J’ai mis du temps à me rendre au plateau. La première programmation me semblait trop théâtrale. Petit à petit, cela s’élargit un peu. Il y avait notamment Marion Mezadorian et Sebastian Marx. Le parrain, Denis Maréchal, avait effectivement des qualités d’orateur et faisait rire la salle. Or, encore une fois, les plateaux sont à part et dans un plateau plus classique, il aurait probablement fait un four (surtout en fin de sketch).
J’ai été effarée par certaines blagues. Le credo « on peut rire de tout » a été poussé à l’extrême. Notamment lorsque les présentateurs ont tenté une blague sur la différence entre un Américain et un pot de yaourt. Trois vannes successives sur le fait que ces gens seraient incultes. Marion a aussi été présentée n’importe comment. Son spectacle s’appelle Pépites, alors l’un des présentateurs a fait une digression sur les Pepito, lâchant un « les mexicains » dans son discours.
Ensuite, ils ont balancé qu’elle était Arménienne. On s’en fout tellement, et d’ailleurs, il y a eu confusion entre les origines familiales et la nationalité. Dont tout le monde se fout dans les plateaux d’humour, encore une fois. Ils ont aussi dit qu’elle jouait aux Blancs Manteaux ; raté, c’était au Théâtre du Marais. Bon, rassurez-vous, ils ont corrigé le tir dans la seconde. Bref, cette présentation m’a rappelé celle des Fous rires de Bordeaux : chaotique.
L’une des humoristes, Clémence de Villeneuve, a été présentée comme trash et névrotique. Limite, il s’agissait de la fine fleur du genre. Bien sûr, le fait de n’avoir jamais entendu parler d’elle n’était pas là pour me rassurer. Elle arrive sur scène avec une voix fluette pour faire ce que les censeurs ou militants appelleraient de la grossophobie. La manière n’était pas là.
Absolutely Hilarious : verdict
Le spectacle contenait quelques moments intéressants. Les bons humoristes manquent, mais quand ils sont là, ils sauvent la soirée. C’est aussi un pari d’inviter des gens qui ne jouent en plateau nulle part ailleurs. J’approuve la prise de risque, et je pense qu’ils ont la capacité à s’améliorer. Encore une fois, le public cible n’est pas le même que d’habitude. Ils ont été ravis et ont ri à chaque prestation. Même les blagues litigieuses, les musiciens encombrants et l’homme de cirque au costume bleu et à la cravate jaune les ont ravis. Il faut croire qu’il existe d’autres manières de faire des scènes ouvertes. Sur ce créneau, ils sont seuls et ont le mérite d’attirer d’autres personnes.
N’ignorez donc pas ce plateau : il est simplement conçu autrement, avec les imperfections qui en découlent. Mais n’espérez pas des innovations : c’est un peu le Minitel des plateaux.
Opening Hours
- Monday
- 20:00-23:00